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DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DE

L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS

NIORT. TYPOGRAPHIE DE L. FAVRE.

DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DE

L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS

ou

GLOSSAIRE DE LA LANGUE FRANÇOISE

DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'AU SIÈCLE DE LOUIS XIV Par LA CURNE DE SAINTE-PALAYE

MEMBRE DE l'aCADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET DE l' ACADÉMIE FRANÇOISE

Publié par les soins de L. FAVRE, membre de la Société de l'Histoire de France,

avec le concours de M. PAJOT, Archiviste-paléographe,

CONTENANT :

SIGNIFICATION PRIMITIVE ET SECONDAIRE DES VIEUX MOTS

Vieux mots employés dans les chants des Trouvères, Acceptions métaphoriques ou figurées des vieux mots français. Mots dont la signification est inconnue.

ETYMOLOGIE DES VIEUX MOTS

Orthographe des vieux mots. Constructions irrégulières de tours de phrases de l'ancienne langue.

Abréviations ; études sur les équivoques qu'elles présentent dans les anciens auteurs.

Ponctuation ; difficultés qu'elle présente.

Proverbes qui se trouvent dans nos poètes des XII**, XIII» et XIV^ siècles.

Noms propres et noms de lieux corrompus et défigurés par les anciens auteurs. Mots empruntés aux langues étrangères

Usages anciens.

SUIVI DES

CURIOSITEZ FRAiÇOlSES, pour sopplément aux Dictionnaires

Ou Rectieil de plusieurs belles propriété^, avec une infinité de proverbes et quolibets pour l'application de toutes

sortes de livres, par Antonin OUDIN.

TOME QUATRIÈME

NIORT

L. FAVRE, éditeur- du. GLOSSARIUM de Du Gange,

Rue Saint-Jean, 6.

DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DE

L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS

CH

Chiedent, verbe. [Intercalez cinedent, tombent, de cadunt.

Chieent i fuildres e menut e suvent.

Chanson de Roland, publiée par L. Gautier, vers liSfi.) Tn.eJ

Chie en fons. « Ces mois fainéant, proconi- « meou (lisez copronyme), chie en fons, le court, i> grisegonnelle, barbe torte, mauclerc, gippon, et >• grand nombre d'autres , ne sont qu'adjectifs « moqueurs , altacbez aux noms des princes. » (Conles d'Eulrap. p. 505.)

Chiefroidure , suhst. Terme d'injure. Il répond à notre mot trivial pisse-froid. « Celui qui « avoit achepté le poisson bien cber demanda cette " chicheface qu'on appelloit f/(/e/roîV/in'e. •> (Bouch. Serées, p. 181.)

Chien, subst. masc. Ce mot, qui subsiste sous la première orlliograplie , se prononce encore aujourd'iiui fjnien, parmi le peuple, en Normandie. Nous nous contenterons, sans en faire une acsep- tion particulière, de remarquer que ce nom fut donné, à Orléans, à une pièce d'artillerie. (Voyez Mercure de May 1735, p. !)08.)

On employoit aussi ce mol comme terme généri- que, en parlant des pelils de dilîérens animaux, comme ceux de la loutre, du blaireau, du loup, etc. « Aucunes gens dient que la loupve ne porte point « de rhicns, tant comme sa meiv ce,t vive. » ^Cliasse de Gast. Pbéb. ms. p. 09.) « Les blaireaux fout une « fois l'an leurs chiens, comme renards, et les fonl >. dans les fosses. » (Ibid. fol. 80.) On lit (Ib. Si], i< que les loutres font leurs chiens es fosses, « dessoubz les racines des arbres, près des « rivières. »

Restreint à sa signification subsistante de chien animal, ce mot servoit à distinguer les diverses espèces de cbiens, en y ajoutant quelques termes propres à les déterminer.

On appeloit cliien maatin, un chien de basse- cour. Nous disons simplement mâtin. Il esl employé comme terme d'injure, dans le passage suivant;

CH

ceux qui entendoient les apôtres parler diverses langues, disoient :

Ils sont yvres, li chieyi maatin.

Hist. des Trois \hries, en vers, MS. p. 202.

Les diables apostrophent Ilérode de celte épithète, en le recevant dans les enfers. (Hist du Th. fr. T. II, p. 440.) On a dit simplement chiens, en par- lant des Turcs ; chiens ennemis de notre foy. (Mém. du Bellay, T. VI, p. 282.)

Le franc chien semble être le chien de chasse. « L'or et l'argent en quelque espèce qu'il soit, en " vaisseaux, monnoyé, ou en masse, pourveu qu'il « vaille plus de vingt livres, chevaux de service, « francs chiens, oyseliux, apparlienl au roy. « (Coût. de Norm. Coût. Gén. T. I, p. 1030.)

Les chiens d'oiseau sont une espèce de cbiens propres à faire partir le gibier, pour le cliasser à l'oiseau. « Leur droit inestier si est de la perdriz, « et de la caille. » (Chasse de Gast. Phéb. >is. p. 130.) On lit (Ibid) : « C'est moult bonne chose à un « homme qui a un bon austour, ou faucon lanier, « ou sacre pour la perdriz, que de tielz chiens. >> Ils diffèrent des chiens courants, en ce qu'il faut que ceux-ci, « pour bien chasser, se tiennent « ensemble; et au contraire les chiens d'oijseau, » tant plus ils s'escartenl, pour batre pais, ils en « sonlestimez meilleurs. ■■ (Charles IX, de la chasse, page 24.)

Les cliiensde terre (1), qu'on nomme bassets, en- trent dans les tanières des renards et laissons. On distingue deux sortes de laissons, \es,po7'chiiis et les clienins. ■■ Les chiens de terre craignent bien plus « les chenins, que les porchins, car ils sont plus « mauvais, et plus puants. » (Fouill. Vén, f"73.)

Comme il seroit inutile de rapporter ici les autres espèces de cbiens qui sont connues et désignées par des termes encoi'e eu usage, nous jiasserons aux façons de parler, la plupart proverbiales, aux- quelles le mot chien a donné lieu (2). On disoil :

Aller aux chiens, d^ns le sens propre, pour aller à la chasse :

(1) On les nommait aussi cullots : « Nostre amé UichaiJ lies Costes, escuier, bourgeois et citoyen de Lion i1e lui ung sien chic» cullot assez rioteux et malicieux. » (JJ. 195, p. -1126, an. -1474.) (N. E.) {i) Comparez Lerotix de Lincy (I, 105 à 171) et V.Vncien Théâtre franc., t. IX, Glossaire, (n. e.) IV.

ayant prés

CH

o

CH

Rjchart ert bel, et bon, et bien se contcnoit D'oyseaux duire, et de chiens, tous lens s'entremettoit Un jour ala as chiens, si corne aler souloit.

Rom. de liou, MS. p. 78.

2" Le past de chien éloit « la charge que les sei- « gneurs imposoieiil à leurs tenanciers de nourrir « leurs ciiiens de cluisse ». (Laurière, Gloss. du Dr. fr. Voyez ci-après Chie.nage.)

On à dit, en parlant de l'avidité du soldat pour le butin :

Courent soudoiersà maies... Ausi comme chiens à charoingnes.

G. Guiai't, MS. fol. 2(Î3, R-.

i" Avoir condition de chien (1). (Eust. Descli. Poës.

MSS. fol. 2'i'(.)

Montrer del]e)tse comme [ait le chien sur son fumier est mis pour se défendre vigoureusement et de pied ferme, dans Percef. Vol. 111, fol. 47 (2).

G" On a dit proverbialement : abai de chien, pour aboi de chien. (Prov. à la suite des Poës. mss. avant 4300, T. IV, p. 1G.51.)

Cliiens de Flandres. (Prov. îi la suite des Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1653.)

Chiens d'Orléans. (Voyez l'origine de cette expression dans le Moyen de Parvenir, p. 213.) Son obscénité ne permet guère de la rapporter.

Cliiens d'Aitbidon. On disoit de certaines gens, mal reçus partout, qu'ils s'en alloient comme les chiens d'Aubidon. (Contes d'Eutrap. p. 230.)

10° Chien d'Esope. Charron, parlant de quelqu'un qui feint de ne pas désirer une chose parce qu'il ne peut pas l'avoir, dit qu'il est comme le cliieu d'Esope. (Sagesse, p. 158.)

11° Ciiien de l'hortolan avoit la même signification que notre expression : chien de jardinier, en par- lant de celui qui, ne pouvant pas se servir d'une chose, ne veut point que d'autres s'en servent. « Retint moitié du naturel du chien de l'hortolan, « d'autant qu'il ne mange jamais des choux du « jardin de son maistre, et n'en laissoit manger « aux autres. » (Brantôme, D" Gall. T. I, p. 181.) Barelete, dans son sermon de la 3" semaine de Caresme, fol. 110, V" col. 1, a mis en latin ce pro- verbe qu'il appli(iue à l'avare : « Est sicut canis « hortulani qui porros non comedit, nec alios sinit «comedcre. »

12° Chien qui garde le niulon. Le même que le précédent.

13° Paix de chien signifie coups de bâton, ou simplement coups. (Merlin Cocaie, T. I, p. 154.)

14" Amourettes au chien. Un ancien poëte a dit, en parlant des inclinations qui ne sont pas fondées sur l'estime et la vertu :

Ce sont amourettes au chien Et puis la fin si n'en vault rien.

ContreJ. de Songecreu-x, fol. 01, V*.

15° On trouve l'expression entre cliieu et leu dans Percef. Vol I, fol. 67(3). Garasse, dans ses Rech. des Rech. a critiqué l'étymologie que Pasquier donne ù ce proverbe. On l'exprimoit en latin par inter canem el lupum. (Du Cange, Gloss. lat. T. II. col. 164.)

16° On disoit :

Esveiller le clnen qui dort.

M" Gaulicrs d'Argies, Poës. MSS. av. 1300, T. Ill, p. J15I.

Dans le sens nous disons encore éveiller le chat qui dort.

17° S'entr'aimer comme chiens et leux. Nous disons comme chiens et chats (4). (Voyez Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 444.)

18» Battre le chien devant le lion ou près du lion signifie châtier les petits, pour corriger les grands (5). On faisoit vraisemblablement allusion à ce pro- verbe parmi les différentes représentations que l'on vit au fameux banquet de la cour du duc de Bourgogne, à Lille. « Ou moyen de la salle esloit « un lybn vif, devant lequel' on batloit un chien- « net."» (Monstr. Vol. III, fol. 55, an 1453.) << .le « m'apperçus que son mal procédoit d'ailleurs que <■ de moi, et qu'il ne s'altachoit à moy que pour « /;ft»r(^, et gourmander le d//VH devant lelyon. ■• (Mém. de Viller. T. I. p 42.) On a dit dans le même sens : battre le chien ilevant le loup. (Estât de la France sous François second, par la Planche, p. 126.) Celte dernière expression subsiste encore,

19° La facilité des chiens et laquais à faire con- noissance entre eux a passé en proverbe. (Vovez Rom. Buurg. Liv. 1, p. It)!).)

20° On lit, au sujet de l'inceste, que « le proverbe « françois ne réputé pour un bon chien celuy qui « guarde cesle bonnesteté ». (Apol. pour Hérodote, p.>2.)

21° Pendanl ce temps, les chiens mangent le lièvre. Cette expression répond à la nôtre, le rot brûle, c'est-à-dire le temps se perd. (.Mém. de Bassomp. T. III, p. 196.)

rlSOVERDES :

1. Mauvais chiens enconbrez (médade) Envoise (réjouit) les amis nez.

iMarc el Salom, MS. de S. G. fol. Hfi, V col. 1.

2. Li chiens se lieve de son soef dormir. Et va el bore volée (lippée) recuillir.

rrov. du vil. MSS. de S. G. fol. "C, \', col. 1 et 2.

3. On a dit d'un fils de bourgeois qui veut avoir une meute, comme un seigneur, dont il joue le rôle en se ruinant :

Jlieldres (meilleur) est mestiers Que chiens, ne esperviers.

ProT. du Vil. MS. de S. G. fol. 7G, R-.

4. Par chiens, et oiseaulx

Sont venus aux gens mains travaulx.

Gace de la Big;ne, des Déduirts, MS. fol. 143, V'.

rt) Voici la citation plus complète : « Qui à nul bien de présent ne s'applique, Fors à avoir condition de chien. » (n. e.)

(2) « Ils nous sont venus assaillir sur nostre fumier, monstrons défense comme fait le chien. » (N. e.)

(3) « Il estoit moult annuyté ; car il estoit ainsi que entre chien et leu. » Mais on lit déjà au xill» siècle , dans bataille des Sept Arts ; « En \\n carrefour fist un feu Lez \m cerne entre chien et leu. » (N. E.)

(4) On lit aussi dans la Chron. du siège d'Orléans (Bibl. de l'Ec. des Chartes, t. III, 1" série, p. 509) : « Par avant iiz entre hayoient comme chiens et chas. » (n. e.)

(5) Le proverbe daterait du xiii* siècle, d'après Leroux de Lincy (1, 170.) (n. e.)

la

se

CH

- 3

CH

5. De ch>e»s, d'oyseaux, d'armes, et d'amours, Pour une joie cent donlours.

Gacc de la Bigne, des Déduits, MS. fol. lOG, R".

<i. Folye fait envahir le chien sur son fumier s'est dit pour signifier le danger qu'il y a d'attaquer un ennemi chez lui. (Percef. Vol. V, fol. GO.)

7. Deux chiens sont mauvais à un os.

Eusl. Desch. Pol's. MSS. fol. 307, col. 4.

8. On fiert chien, qui roine engigne.

Parton. de Blois, MS. de S' Gerni. fol. 149, V' col. 3.

9. Chien esragié (enragé) longues ne vit.

Rom. de Rou, MS. p. 174.

10. Chien en cuisine ne demande point son com- paignon. (Percef. Vol. III, fol. 129.)

Chiens en quisine Son per n'y désire.

Prov. du Vil. MS. de S. G. fol. 75, R- col. 3.

11. On sert le chien por le seignor ; Et por l'amor le chevalier. Baise la dame l'escuyer.

Hebers cité par Fauch. Lang. et Poës. fr. p. 106.

12. Quand on veut tuer son chien, on luij fait croire qu'il est enragé. (Salnov. Vénerie, p. 326.)

Qui son cliien het, on luy met sus (impute) la raige. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 289.

Celuii qui son chien veult tuer pour couleur de son faict, luij met sus (impute) rage. (Al. Cliartier, Quadril. Invect. p. 430.)

13. De là, cet autre proverbe, avec le même sens : Faulee occasion celuy trouva qui son chien battit. (Percef. Vol. IV, fol. 454.)

14. Envie court comme entre chien et chienne.

Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 364, col. 2.

15. Qui m'aijme, à mon chien s'esbanoxje (se plaît ou se joue.) (Percef. Vol. VI, fol. 88.)

Bien doit amer mon chien, qui moi mesismes aime. Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 273, V col. 1.

Nous disons encore : qui m'aime, aime mon chien.

16. Marchans, bourgois, ne facent comme chiens Qui tout mangue, et ne veut donner riens.

Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 338, col. 2.

17 Qui prent les chiens par les oreilles, aucunes fois le chien le mort. (Le chev.de la Tour (1), Instr. à ses filles, fol. 81.)

18» Si dist on : souvent avient,

Que d'aire (de bonne race) est le ciens ki devient Vénères, sans aprendeour (maistre qui le dresse).

Ph. Mouskes, MS. p. 449 et 450.

Nous disons : bon chien chasse de race.

19" Clrien couart abaijeplus fort (2) qu'il ne mort. (Tri. des IX Preux, p. 170.) Ce proverbe revient au nôtre: tous les chiens qui aboyent ne mordent pas.

20. Avoir à clers, toison à chien, Ne doivent pas venir à bien.

Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. I, fol. 70, V col. 2.

21. Bon chien se deffend de ses dens.

Al. Chartier Poës. p. 719.

22. Homme, cheval, oysel, et chien, S'il ne travaille, il ne vault rien.

Gace de la Bigiie, des Déduits, MS. fol. 10, R*.

23. On a dit de Thomme qu'il doit estre maistre de son cheval et de sa jenime par précipul, et sans comparaison, compagnon de son chien et valet de son oyseau. (Favin, Th. d'honn. T. Il, p. 1807.)

VARIANTES (3) :

CHIEN. Orth. subsistante.

GiENS. H. Eslienne, Conf. du Fr. avec le Grec, p. 132.

KiEN'. Poës. MSS. av. 1300, p. 1029.

QUIEN.

Chienage , subst. masc. Droit seigneurial. C'étoit la charge imposée aux vassaux de nourrir et de loger les chiens de leur seigneur. (Du Gange, aux mois Canagiu7n (i)eiCanaria. —Voyez Past de chien, sous l'article Chien ci-dessus.)

Cliienes. [Intercalez Chienes, monnaie d'Alle- magne ou de Liège: « Le suppliant avec les diz « compagnons fust ou pais d'Alemagne; et la en « une certaine ville achetèrent à une fois vi" mars « de menue monnoie, nommée cliienes, qui à eulx « trois ensemble coustcrent la somme do xv francs. » (JJ. 117, p. 204, an. 1.380.) Au reg. JJ. 121, p. 299, an. 1382, on lit kiennes: « En l'éveschie et ou pais « du Liège achetèrent d'un accort et d'une volonté « certaine monnoie que on appelle kiennes;... " ladite monnoie de kiennes montans à la somme « de deux cent cinquante mars ou environ.»] (n. e.)

Chienesse, subst. fém. Meute de chiens. (Du Gange, Gloss. lat. au mot Canaria.) « Nulles chien- « nesses, en nostre dit pays de Hainault, ne pour- « ront venir en iceluy nostre pays faire quelques « despenses, ne dommage aux laboureurs, ne « manans nourissans blanches bestes. » (Coût, de Hainaut, Goût. Gén. T. I, p. 811.)

Chien-marin, subst. masc. Sorte de poisson. Le chien marin ou chien de mer est bon à manger (5). « Nul ne soil si hardi qu'il mesie les rayes, ne •< chiens de mer (6), avec autre poisson en mesme " panier. » (Ord. T. II, p. 359.) Il en est mention dans la Bat. de Quaresme. ms. de S. G. fol. 92, et dans les Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 18."). On trouve « des chiens marins tous noirs, et sans poil, dans « la mer Blanche et dans les lacs de Moscovie et de « Sibérie ». (Helat. de Tart. p. 86.)

Chiennaille, subst. fém. Canaille. Terme d'in- jure. « Les Juifs s'en furent, et France fut vuidé de « la corruption de celle chiennaille. » (Ghron. S' Denis, T. II, fol. IV)

(1) On lit aussi au Ménagier (I, 9) : « Cellui qui s'entremet des noises d'autruy est semblable à cellui qui prent le chien par les oreilles. » On disait en iatiu : « Teneo lupiim auribits. » (n. e.)

(2) Les sorciers donnaient aux voleurs le moyen de faire taire les chiens bavards : « Auquel papier estoient contenus plusieurs choses, que l'en disoit estre experimens de Virgiles, entre lesquelx y estoit escript que on presist la laingue d'un f/iie)! noir avecques le maistre dent d'icellui f/iie»?, et que le dent fust boutez dedens ladite tangue, et que ce fait, chien ne pouroit abaïer ceulx qui porteroient ledit dent et langue. » (.1.1. lôO, p. 162, an. 1396.) (n. e.)

^3) I.e mot est dans la Chanson de Roland (v. 1751) sous la forme chen. (n. e.)

(4) Voyez t. 11, p. 75, col. 2. On dit plus souvent bcennage. (N. E.)

(5) C'est la grande roussette, scyllium caincuUi. (N. E.)

(6) On lit dans un Fabliau du xuv siècle (t. IV, 85, de l'éd. Barbazan) : « Si l'en envoie sanz targier As chiens de mer et as balaines Conter les noveles certaines. » (n. e.)

CH

CH

Nous disons canaille (1). Le peuple prononce

encore i]U(' nui lie en quelques provinces. <■ En Beiirn,

» el en Navarre c'«/irt///^, etquenaille sont gens de

« néant, des va^'abonds. » (Laur. GIoss. du Dr. fr.)

Va en France, vivra le jour d'une i:aiiaille.

Rom. de Rou, IIS. p. il.

C'est-iVdire tu mèneras la vie que mène la canaille ("2).

VARIANTES :

CHIENNAILLE. Chron. S. Denis, T. II, fol. 4, V".

KiENAiLLE. Ph. Mouskes, MS.

Chenaille. Journ. de Paris sous Charles VI et VII, p. 39.

QuENAiLLE. Cotgrave, Dict.

Canaillk. On i. subsistante.

QUANAILI-IC. Uial. de Tahur. p. 177.

Chienne, subst. fém. Terme d'injure. Comme qui diroit maudite.

Encor est ceste gent si chienne.

Fabl. MSS. du R. n- T2i8, fol. MJ, V- col. 1.

Chienuerie, subst. fém. Vilenie (3). Il semble que ce soit le sens de ce mot pris figurément en ce passage : « De cestuy monde, rien ne prestant, ne « sera qu'une citiomerie, qu'une brique plus ano- « maie que celle du recteur de Paris. » (Rabelais, T. m, p. 2!.)

Chienneter, verbe. Cbienner. (Dict. de Cotgr. et d'Oudin.) ■< La joune lyce qui n'a jamais chien- a neté. » (Salnov. Vénerie, p. 33.) (i)

Chiennons, subst. niasc. plur. C'est une faute, dans Froissart, au lieu de chevrons d'armoirie. (Le JLabour. Orig. des Arm. p. 191.)

Chieor, subst. masc. Chieur. On a dit prover- bialement il chier de Borges (5). (Prov. à la suite des Poës M.<s. avant 1300, T. IV, p. J652.)

Chier, verbe. Ce mot, qui subsiste, nous four- nira quelques anciennes façons de parler (C) :

Cliier sur la Bible s'est dit pour abandonner la religion des Huguenots : « 11 le mena à la Cour, << qui iors estoit à Fontainebleau ; mais ayant parlé à « monsieur le cardinal de Lorraine, ledit David « chia sur la Bible, el le ministre, et tout. » (Brant. Cap. Fr. T. III, p. 237.)

Chier au jianier. Nous disons trivialement, chier dans la malle, àims le sens de cette expres- sion. M. de Villars dit à M. de Rosni : « Vous estes " bien loin de vostre compte, et vostre roy de « Navarre aussy; car, par le corps bleu, il a chié « au panier pour moy, et s'il n'a pas d'autre valet « que de Villars, croyez qu'il sera mal serw /). » (Mém. de Sully, T. II, p. 143.)

Nous citons le proverbe suivant :

Et en dit bien en reprovier (proverbe), Que trop estraindre fait chier.

FobL MSS. du R. n- 7(U5, T. I, fol. 50. col. I.

On disoit trivialement, et dans un sens ironique. bien cilié pour mal fait, mal tourné :

Alez vous en tost hioi chié,... Vous estes mal antillié (outillé.)

Eusl. Desdi. Poos. MSS. fol. 208, col. I .

Chiere, subst. fém. On a dit, du faucon pèlerin, que « la couleur du pié, et la chirc du bec soit « une. » (Modus et Racio, m.=.. fol. 109.) <■ Se tu tens « les latz pour les bestes noires, garde que la chiere '< ne soit mie trop liaulte. » (Modus et Racio, f^ 35.)

variantes : CUIRE. Modus et Racio, MS. fol. 109, Y". Chiere, Ciere. Modus et Racio, fol. 35, R».

Chifetier, Si('/s/. masc. ChilTonnier(8j.Crieurde vieux drapeaux. iDicl. de Nicot, Cotgrave et Oudin.)

Chiffonie. [Intercalez Chiffonie, tambourin porté comme une grosse caisse, mais frappé à la fois sur ses deux faces: « Symphonia vulgo appel- le latur lignum cavum ex ulraque parte, pelle « extensa, (|uam virgulis liinc et inde musici " feriunt. » (Isidore, 11, c. 21.1 On lit au Lnsidaire (Du Gange, VI, îG9, col. 1) :

Psalleres, harpes et vieles, Giges, et chifonies bêles.

On lit aussi dans Cuvelier (Id., id.) :

Et s'avoit chascun d'eu.K après luy un sergent

Qui une cliiffonie va à son col portant,

Et 11 deus menestrers se vont appareillant

Tous deus devant le roy se vont cltipliotiiant.

Et Mahieu de Gournay les va apperchevant,

Et les chifonieux aloy priser tant.

Et en son cœur alloit moult durement gabant;

Et li rois lui a dit après le geu laissant ;

Et que vous samble, dit-il, sont-il bien soufQsant?

Dist Mahieu de Gournay ; ne vous iray celant ;

Eus ou pays de France^ et ou pays Normant,

Ne vont tels instrumens fors aveugles portant ;

Ainsi vont les avugles et li povres truant.

De si fais instrumens li bourgois esbatant ;

En l'appella de un instrument truant.

Car il vont d'huis en huis leur instrument portant,

Et demandent leur pain, rien ne vont refusant...

Au xiv siècle, les chiffonies, comme les orgues de Barbarie, servaient à forcer l'auditeur à la charité ; on n'aurait plus écrit, comme Isidore de Séville: « Fitque ex ea concordia gravis et aculi « suavissinius cantus. ■•] (n. e.)

Chiffre, subst. fém. Chiffre *. Engin à pécher ^.

*Ce mot, aujourd'hui masculin, étoit féminin autrefois. On l'employoit, non-seulement pour désigner les caractères qui expriment les nombres,

Çl) C'est une forme italienne qui a dépossédé la forme française ckienaille (comparez chenille) : « Entre moi et ceste chienaille. » (Renart, v. 1903.) On l'emploie encore dans le Berry. (n. e.)

(2) Il a aussi le sens de chenil au Roman de Robert le Diable (Du Cange, II, 324, col. 2) : « Et commande c'on li voist A porter fuerre, estraia et paille Dessoubz le vaute ou le chienaille, Là, face le lit au fol. » Comparez plus haut chenail. (n. e.)

(3) C'est encore un synonyme de chienaye, brennage : « Si a li cuens à le S' Rémi rente c'on apele chienerie, de chascun feu .1. dosin d'avaine et .1. poille. » (Ch. des Comptes de Lille, 1289, dans Du Cange, II, 324, col. 1.) (n. e.)

(4) On lit aussi dans 0. de Serres (341) ; « Apres que la chienne aura chienneté, on la logera chaudement. » (n. e.)

(5) Lisez « li lichieor de Bourges », les gourmands, (n. e.)

(6) On lit aussi au Moyen de Parvenir (p. 50) : « Pleurez donc et chiez bien des yeux. » (n. e.)

(7) On lit encore au.\ Mémoires de d'Aubigné (éd. Lalanne, j). 36) : « Ci gist un roy [Henri IV], par grant merveille , Qui mourut, comme Dieu permet, D'un coup de serpe et d'une vieille, Comme il chioit dans un met. » (n. B.)

(8) Marchand de chiffes. (N. E.)

CH

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mais aussi pour l'éciilure mysLérleuse. On lil cette chilfre, parlant des cliitlVes employés dans les négo- ciations secrètes. (Lelt. de Louis Xll, T. I, p. "270.)

Le mol chilfre esi pris au ligure pour caractères qui expiimenl les nombres, dans cette ancienne expression : « Quelques sots et glorieux Italiens « se sont venus affubler de tel honneur par dessus « nous, qu'ils semblent, par leurs escrils, nous « reputer comme chiffres. « (Lett. de Pasq. T. J, p. 45.) Nous disons mieux comme zéro. (Du Gange. au mol Cifrœ {[).) L'orthographe sifre est celle qui seroit plus conforme à son origine hébraïque ("i). C'est cependant celle qui est le moins en usage.

°0n a aussi appelé chiffre, cliiphre, ou cifre une sorte d'engin à pécher (3). (Gr. Coût, de Fr. p. 31.)

VARIANTES : CHIFFRE. Orth. subsist. Chifre. Nicot, Oiidin, etc. Chiphue. Gr. Coût, de Fr. p. 31. Cifre. Grand Coût, de Fr. p. 28. Cyffbe Fabl. MSS. du R. 7218, fol. 208, V" col. 2. Sifre. Oudin, Cotgrave. Lettres de Louis XII, p. 2ii. ZiFRE. Lett. de Louis XII, T. Ili, p. 257.

Chiffrement, siibst. musc. Chiffre. Proprement l'action d'écrire en chiffres. « .Mes lettres, mais « principalement celles en chiffres, sont souvent «' pleines de redites, étant bien difficile d'user de " chiffrement, sans plusieurs erreui-s. » (Mém. de Sully, T. VI, p. 20-2.)

Chiffi'eneau, subst. )uasc. Oudin l'explique par morve qui bouche le nez (4).

Chiffrez, part, aupliir. Notés. Suivant le Gloss. des Arr. d'Amour, p. 406, c'est peut-être une faute pour cliiflez, du verbe cldfler. (Voy. Sifler ci-après.)

Chifolignie, subst. fcm. Nom d'une île. Les anciens l'appeloienl Cephallénie. (Froissart, liv. IV, page 284.)

Chifonieux, subst. masc. Musicien. Propre- ment joueur de chifonie, instrument de musique. (Voy. ci-après Sifoine.)

Et les chifonieux (5) aloy priser tant, Et en son cœur alloit moult durement gabarit. Du Gange, Gloss. lat. .iu mot Sym]ihonia.

Chileiire, s»/vs^ fém. Terme de fauconnerie; l'action de cliiller, de coudre les paupières d'un épervier, vers le bec, alin qu'il ne voie que par der- rière. De lii : » laschier sa chileure, adtin qu'il voie >' mieulx. » (Modus et Racio, ms. fol. 139.)

VARIA.NTES : CHILEURE. iMoQus et Racio, MS. fol. 139, R». Chilleuhe. Fouilloux, Fauconnerie, loi. (i2, V". Chillure. Budé, des Oiseaux, fol. 122, Y».

Chilifier, verbe. Digérer. Proprement tourner en eliijle. On a dit, au figuré : « Ce n'est pus ici le •' rudiment des appreulifs, c'est l'alcoran des mais- •< très, œuvi'c non ù gousler par une attenlioii « superficielle; mais à digérer, etchilifwr avec une « applicalion préf. p. 15.)

Chiinent,

profonde. -^ (Essais de Montaigne, subst. masc. Ciment (G). ^Cout. Cén.

T. II, p. i)49.)

Chimentiere, subst. masc. Cimetière, saljre. On lit dans Philip. Mouskes, en parlant de la sépul- ture des guerriers de Charlemagne, tués à la bataille de Koncevaux :

A cel tans estoient conté

Doi cimentera en dignité :

En ces deus ciinenleres (7) furent

Une grant partie enfoui.

Ph. Mouskes. MS. p. 2:13 et 23i.

On disoit le cyntetiere de t'église, en parlant des sépultures dan s l'intérieur de l'église, par opposition au cimetière extérieur. (Bout. Somme f^ur. p. 735.)

Cymets, pour cimetières, mot employé par Britt. Loix d'Anglet. fol. Si, \\ paroit une abréviation, car il écrit ailleurs cijmysters. (Voy. Ibid. fol. 11.)

On a dit aussi cijmcliere, pour sabre. Nous nous contenterons de remarquer ici que, selon Alain Chai'tier, Hist. de Charles VII, p. 272(8), l'épée turque fut vraisemblablement ainsi nommée, parce qu'on la jugeoit plus propi'e qu'une autre à peupler les cimetières (9). Elle est désignée par l'épithète de ter- rible, dans les Mém. de Coniines, p. 663 (10).

VARIANTES (II) : CHIMENTIERE. Hist. des Trois Maries, MS. p. 322. Chimetiere. J. Le Fevre de S. Rem. Hist. de Cliarles VI.

(1) Ce sens est aux vers du Monde (xiii« siècle) : « Tu es li cyffres d'angorisme Qui ne fait fors toler le lieu D autre iSgure. » Du Gange cite les Miracles de la Vierge (II, 348, col. 3) : « Or ai tant fait par moi meisme , Que chiffres sui en angorisme, moult m'ont deable cmpechié Quant jou ne rechui l'euveskié. » On lit encore dans Chastellain (II, 26) : « Aussi bien n'y suis fors que une offre donnant ombre et encombre. » (N. E.)

(2) L'origine est l'arabe cafar, vide, le zéro étant un cercle évidé ; le sens numérique s'est étendu à tous les caractères représentant les nombres ; la preuve en est un comput du xiiF siècle (fol. 15) : « La darraine [figure] est appelée cyfre... cijfre ne fait riens, mais aie fait les autres figures multeplier. » (n. e.)

(3) Voyez aussi Ordon., t. VUI, an. 1402, p. 535, art. 72. (N. E.)

(4) C'est plutôt un coup sur le nez. « Autrefois ils combattoient à l'espée d'armes , en sorte qu'il y en avoit tousjours quelqu'un qui avoit quelque chenfreneau. » (Paré, III, C93.)

(5) Voyez plus haut cUiffonie. (N. E.)

(6; On a la forme chime au reg. JJ. 56, p. 507, an. 1318 : « Meubles et catels, qui seroient audit jour en ladite maison, qui ne tenroient à clou ou à keville, à chime ou à rechime. » (N. E.)

(7) Une charte de 1232 (Du Cange, II, 414, col. 1) donne aussi chimentiere : « Adechertes li homes manans dedens le f7iîmen(iece ou l'enclos de Biagni, iront en men despéeschement, si comme il ont accoustumé. >• Le sens est un peu différent : c'est l'aitre, l'enceinte entourant l'église. (N. E.)

(8) Sanneterres ou cimeterres, qui sont manières d'espées à la Turque. « (N. e.)

(9) L'étymologie est le persan chimchir. (n. e.)

(10) « Six mille cinq cens chevaux légers se fussent meslaz parmy nous, avec leurs cimeterres au poing, qui sont terribles espées ; veu le petit nombre que nous estions, nous estions desconfits sans remède. » (N. E.)

(11) On lit dans la Chanson des Saxons (X) : « Li dux Miles se tint devers un cismetirc. » Thomas de Cantorbery (62) donne : « Ne fust en cimetere sis aveirs retenuz. » L'étymologie est le latin cœmeterium (^xotfitjztjQtoy) de xoi^uào), dormir, (n. e.)

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CYMETirnE. Bout. Somme Rurale, p. 735.

CiMETKRE. Olli. 1. l, p. 596.

CiiiETlEnE. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 326, R> col. 2.

Chimitier.

Çy.mistierk. Vig. de Charles VII, T. I, p. 72.

Cl.ME.NTERE (1). Ph. MouskbS, MS. p. 233.

Ce.metiere. Riib. Est. Moiiet, Oudin, Dict.

Semantiere. Colgrave, Dict.

Cymvters. Britt. Loi.K d'Angl. fol 11, V».

(;y.mets. Britt. Loix d'Angl. fol. 84, V».

Cliiniere, siibst. 7nasc. Cemot, qui nes'emploie plus qu'au féminin, est masculin dans ce passage : " Je suis plus monlrueux qu'un chimère. » Bouchât, Serées, liv. i, p. 17.)

Chimcriser, verbe. Former des chimères. (Dict. d'Oudin.)

Chinceliei", siibst inase. [Intercalez Chincelier, rideau, tour de lit, baldaquin:

Un esprevier ot par dessus, Qui moult riches et biaulx estoit, Qui trestout le lit pourprenoit, Del chincelier que je vous dy. Selon ce que jou ay oy.

Roman do GléoiiiadOs (Du Gange, II, 352, col. 1).

On lit encore dans la Bible llisloriaux (Id. id.): " Quand Judith vit Holofernes gésir en son lit, '< dessous un cincelier, qui estoit' de saphir, d'es- « meraudes, etc., ouvrée d'or et de soye. »] (n. e.)

Cliincepiier, subst. masc. Cochevis. On l'ap- pelle autrement alouette huppée, en latin galerita.

Quant li cliincepuer s'escrie.

Que févriers va desinant (finissant) ;

Ke l'aloete jolie, Vait contremont Tair montant ; Lors est raison que jou chant Quant celé que j'aim m'en prie.

l'oôs. MSS. Val. n- 1490, fol. 96, Vv

On lit cincevis, au lieu de cliincepuer, dans la même pièce qui se trouve répétée parmi les Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. .^TS.

On a dit proverbialement : « Comme tout coclievy <• à la houppe sur la teste, ainsy il faut que tout « vray amour aye un peu de la jalousie. » (Malad. d'amour, p. 143!)

VARIANTES :

CHINCEPUER. Poës. MSS. du Vat. n" 1490, fol. 96, V». Cincevis. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 578. CoNCHEVis. Budé, des Oiseaux, fol. 117, V». KoKEViEUs. î'ioissarl, poës. MSS. p. 279, col. 1. Cochevis. Orth. subsist. CocHEVY. Mal. d'amour, p. 143.

Chincherie, subst. féni. Friperie. On dit encore à Rouen recinncliers, pour fripiers. Dans la Coutume de la Vicomte de Rouen, on trouve : cliin- ches, chiffons ; et Ménage, au mot chiffon, ajoute : « chinchere, qui achette des chiffons. » On lit : « Chincherie, une fois par an, 2 den. », dans une

citation de Du Gange, au mot Clieincerie, sous Cainpsilis (2). (Voy. ci-dessus le mot Cinces.)

Cliine, subst. fém. Nom d'une racine. C'est la niciuc d'uiiu ijlante orientale, en latin china offici- nnntm, que nous appelons aujourd'hui esquine, et qui est nommée chine, dans le Dict. d'Oudin.

Cliinée. [Intercalez Chinée, nuque, dans Aubrv (p. 159, col. 2):

Mais ains que jors traie à la vesprée, Ara abris peur de sa chinée.'] (n. e.)

Chinon, subst. Nom de ville. Elle est « assise « sur pierre ancienne, au hault le bois, au pied » la Vienne. » (Hab. T. V, p. 171.) On disoit prover- bialement : Cliinon petite ville, grand renom (31. (Id. Ibid.) Brantôme nous donne l'originede ce proverbe, lorsqu'il dit : Chinon petite ville, et chasteau de grant renom. (Cap. Fr. T. II, p. 213.) (4)

Chinonneins, sulM. masc. pliir. Habitans de Chinon. (Voy. les autorités ci-dessus rapportées.)

VARIANTES : CHINONNEINS. Rom. de Brut, MS. fol. 9i, V" col. 1. Chinonnes. Ibid. MS. de M. de Bombarde.

Chinquaii. [Intercalez Chinquau, cinq gerbes réunies (JJ. 187, p. 317, an. 1458) : « Une pièce de « terre il avoil encores plusieurs gerbes d'avoine « en cliinquaus. »] (n. e.)

Chinquenaude, siilist. fém. Chiquenaude. « Ne luy faisoit mal en plus que feriez baillant une " chinquenaulde sus ung enclume de forgeron. » (Rab. T. II, p. 243.)

VARIANTES :

CHINQUENAUDE. Rab. T. I, p. 153. Chinquenaulde. Id. T. II, p. 243.

Chinquer, verbe. Trinquer, boire. (Cotgrave et Ménage, Oudin, Dict. et Cur. fr.) « Voyant qu'elles « prenoient grand plaisir à chinquer (5) du vin « d'Arbois. » (Mém. de Sully, T. IV, p. 195.)

Chintre, subst. masc. Levée de terre. En Anjou, suivant le Dict. Etym. de Ménage, c'est le petit che- min qui est autour des pièces de terre; mais il faut dire que c'est proprement une levée de terre, en forme de ceinture, autour des pièces de terre qu'on veut ienfeiiiioi. On dïso'û cliaindre, pour ceindre, enveloppé comme nous l'avons marqué. C'est de que vient le mot chintre : c'est en ce sens qu'on le dit encore eu Touraine, et qu'il le faut entendre dans le passage suivant de la Coutume de Berri : « Il loisl (est permis) ù toutes personnes de la dicte « terre de Mehung, mener, ou faire son bestail, » par toute la dicte terre de Mehung, pasturer, si « ce n'est en garenne d'ancienneté deffendue, et

(1) Froissart donne In cymenliere (XV, 4) et la chymentiere ÇLV , 24.) (N. E.)

(2) Ed. Henschel, II, 58, col. 1. (n. e.)

(3) « Et ne fais double aulcun que Chinon ne soit une ville anticque ; son blason l'atteste auquel est dict deux ou troys foys... » (N. E.)

(4) 0 Je ne sçay qui en est à ceste heure gouverneur, c'est le moindre de mes soucis ; mais c'est un bel estât et belle marque de chasteau de qui on dict : la ville de Chinon, petite..., quand ce ne seroit que pour nostre bon maistre Rabelais qui a esté natif de là. » (N e.)

(5) L'étymologie est l'allemand sclwnken, verser à boire, (n. e.)

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« garclable, se les dites terres ne sont labourées, « emblavées, ou bouchées, sans y faire nulles prin- « ses, toutes fois ceux à qui sont les béritages, « pourront chasser les dictes bestes hors de leurs « dits héritages, et aussi nul ne pourra faire chiiitrc « en ses terres, pour la garde d'icelles. » (La Thaum . Coût, de Berry, p. 379.)

Chiplioeue. [Intercalez Chiphoene : « Elleborus, « qutedani herba. gall. chiphoene, » (Gloss. lat.-fr.

B. N. 521.)] (n.e.)

Chipoter, wr^^É". Vétiller. (Dict.d'Oudin(l).)Pro- premenl découper en petits morceaux, le même que cliicoter qui est la vraie orthographe (selon Falconnet), car d'autres tirent Tétymologie de chi- poter de la monnoie appelée chipotois ou cliats de Poitou. (Voy. ci-dessus chats de Poitou à l'art. Chat.)

Chipoterie, subst. fém. Niaiserie, vétillerie. (Dict. d'Oudin.)

Chipotois, siib&t. masc. Sorte de monnoie. Elle étoit de peu de valeur, comme le prouve ce passage : « Ouinque arnaldi, et chipotois valent « quatre den. turon. », dans une citation de Du Cange, sous le mot Moneta (2). (Voyez ibid. au mot Chapotensis moneta.)

Chippe, subst. Bateau*. Guenille, chiffon °.

*Sur le premier sens de bateau, voyez LeDuchat, sur Babelais, T. IV, p. 100, note 13. C'est propre- ment ce que nous nommons esquif.

^ On a dit, au second sens, cliippes (3), poi iif- fons, guenilles.

Ses filz le nom de comte port Qui n'iert mie vestuz de c/nppes.

G. Guiart, MS. fol. 12, R" (éd. I, p. 2S, 74).

Chiprois, subst. masc. plur. Ceux de Chypre. >■ S'en relorna en Acre, et laissa le roi o (avec) les " Chiprois. « (Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V, « col. 3.)

Chiquart, subst. masc. On a dit proverbiale- ment : brave comme chiquart. (Bouchet, Serées, Liv. III, p. 6.)

Chique, subst. fém. Petite boule de marbre ou d'ivoire, selon Oudin (4). Chique au masculin étoit le même que chiche. (Voyez ce mot ci-dessus.)

Chiqueter, verbe. Couper, découper (5). (Nicot, Cotgrave, Oudin, Monet et Ménage, Dict.)

Chiqueteur, subst. masc. Découpeur. (Dict. d'Oudin.)

Cliirat, subst. masc. Monceau de pierres. Ce mot se dit, dans le Lyonnois, des pierres ramassées en tas dans les champs nouvellement cultivés. (Du Cange, au mot Chirat.) Peut-être faut-il l'expliquer par charretée. (Falconnet.)

VARIANTES : CHIRAT. Du Cange, C.ioss. lat. au mol CItirat (6). Chierrat. Id. ibid. (7)

Chirceambei", sulist. masc. Sorte de rede- vance. « Chirseed, cJiirccomer ou cliirceamber fut » un certein rent de bled batu, que chescun home « devoit al temps des Brytons et des Englez porter » à lour église le jour seint Martin. » (Du Cange, sous le mol Ciricsetum.) (8)

VARIANTES : CHIRCEAMBER. Du Cange, Gloss. lat. au mot Cincsetum. Chirceomer, Chirseed. Id. ibid.

Chirei". [Intcicalez durer, dont ie sens est douteux dans une charte de 12!» 1 (Petit livre rouge de la municipalité d'Abbeville, fol. 20, r") : « Un « chirer de le vile de .vi. livres et .xvn. sols de « chens. » (Du Cange, 11, 328, col. 3.)] (n. e.)

Chii'on, subst. masc. [Intercalez Chiron, mon- ceau de pierres, comme plus haut cliirat: « Jehan » Loys estant en ung chiron de pierres, desquelles « il prenoit et metloit en son saing. « (.IJ. 188, p. 204, an. 1459.)] (n. e.)

Chirurgien, subst. masc. Ce mot, qui subsiste sous cette orthographe, s'écrivoit autrefois plus ordinairement (•/riM'ff/CH(0). Les médecins, du temps de Pasquier, prétendoient que ce mot, à remonter à son origine, ne signifioit que manœuvre. Voy. Pasquier, Rech. p.825,chap. xxxi, il traite expres- sément de la querelle entre les médecins et les chirurgiens avec les barbiers. 11 paroit pourtant qu'ils étoient distingués, du temps du chevalier Bayard. On lit, dans son Histoire, p. 286, que « le « chirurgien qui avoit longtems pansé sa playe, « montra au barbier de Bayard, comment il pansoit « le malade, et lui donna ensuite un onguent pour « faire un emplastre qu'il falloit appliquer tous les « jours sur la playe. »

Les barbiers ayant voulu prendre le titre de chirurgiens barbiers, « la cour, par arrest du » 25 avril 1625, leur defîendit de ce faire, mais « qu'il se nommassent barbiers clùrurgiens, sui- « vaut l'arrest de 1003. » Pasquier, Rech. Liv. IX, p. 833.) Marie de Bourgogne qualifloit cependant Olivier le Dain. favori de Louis XI, cliirurgicn bar- bier. (Hist. de Marie de Bourg, par Gaillard, p. 150.)

(1) On lit dans Tabouret, d'après Dochez : h Ce ne sera jamais fait pour qui voudra chipoter tous les mots. » Le radical est citiffc ou chippe. (Voyez plus bas.) (n. e.)

(2) Voyez éd. Henschel, ariialdensis, t. I, p. 404, col. 3. (N. E.)

(3) On lit encore dans la Passion de N. S. 71. C. (xv« siècle) : « Bandez lui les yeulx de la teste , Et pour le loier de ses truffes Ly portez de grosses buffes, Et sy en jouez à la chipe. » (n. e.)

(4) C'est la bille des petits Parisiens, la canette de l'Ouest, (n. e.)

(5) Ce mot a été fait sur cliiquet. (Voyez chic.) (N. E.)

(6) Ed. Henschel, II, 328, col. 3. (n. e.)

(■?) Dans une charte de 1454 on lit : « juxta vineam dicti confitentis, quodam cliierrut intermedio. o (N. E.)

(8) Ed. Henschel, II, 364, col. 3. (n. e.)

(9) Consultez les Etudiants de l'Ecole de Médecine de Montpellier, au xvi« siècle, par A. Germain, de l'Institut. (Revue historique, 1877, p. 31-71.) (n. e.)

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Le serorfjicii on chirurgien est distingué du ;j/i2/s?- cioi ou miiegcyl], médecin, danf, les. Assis. de,I(5rus. p. 153 (Voyez Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) On éciivoil aussi sirurgie, pour chirurgie. (Voyez ci-après Sincniin;.)

VAIIIAM'ES (2) :

CHIRURGIEN. Oilh. subsistante.

CiRURGiEN. Joinv. p. 5, etc. (3)

CiCHGiEN. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 443, col. 3.

Cyrurgien. Lanc. du Lac, T. III, fol. 122, V».

SiRRURGIEN. Ord. ï. III, p. 603.

Serurgien. Le Fevre de S. Rémi, Ch. vi, p. 70.

Serorgien. Gloss. sur les Coût, de Beauv.

SuRRiGiEN. Britt. Loix d'Anglet. fol. 14, R».

Surgien. Monstr. Vol. I, fol. 178, V", etc. (4)

Serourge. Chron. S. Denis, T. II, fol. 65, (5).

Chiriirgienne, snbst. fém. Pasquier, après avoir cité les ordonnances de nos rois (6), en vertu desquelles les femmes exenjoient la cliirurgie, ajoute que c'est une cliose de prime face estrange, " et toutefois excusable, si par nos anciens romans >' (images de nos couslumes anciennes) nous « trouvons que nos ciievaliers ayan» esté casuel- « lement blessez par la campagne, ils avoient >' recours aux plus proches chasleaux, dans les- « quels ils trouvoienl leur guerison par le ministère " des preudes dames, el damoiselles. » (t^asq. Recli. Liv. IX, p. 820.)

VARL\NTES (7) :

CHIRURGIENNE. Orth. subsistante. Cirurgien-ne. Percef. Vol. II, fol. 10, R», etc. Cyrurgienne. Ibid. fol. 39, R», etc.

Chisel. [Intercalez CJiisel, ciseaux au reg. J.J. 1G5, p. 53, aîi. J410 : » Le suppliant print en Toslel i' .lehan le INoir escuier demourant à Noyon un » instrument, nommé chisel. »] (n. e.)

Cliissure, stilist. fém. Filet. Il semble que ce soit le sens de ce mot, qui n'est peut-être qu'une faute pour Ihissure, dans le passage suivant, l'on dit, en parlant de la trahison :

Tant est faincle, simulée, et légiére,

Qu'envers celiuy ou elle veult contendre (s'attaquer;

En luy riant va sa c/iîssKre tendre

Poiu- irnpréveu le séduire, ei surprendre.

Cliabic et dcparliL' d'Amours, p. 33, col. t.

Chitoiial. [Intercalez Chitoiial, zodoaire, espèce de gingembi'c. On lit uuxMiraclesdela Vierge(t. II): » faut 1 mêlent à la fois De gingembre et de " chHoiial, De gerotle el de garingal. » Ou lit encore dans un regisire de la Ch. des Comptes: » Pour la

« balle de citoual, n s. vi den. » Au Cartulaire de Lagny (fol. 240): « Cytoa!, un denier la livre. » Voir Du Gange, VI, 932, col. 2.] (n. e.)

Cliiunkante, Nomb. indécl. Cinquante.

Troi cens et chiuiikante malade.

Pli. Mouskes, MS. p. 291.

VARIA.NTES : CHIUNK.^NTE. Ph. Mouskes, MS. p. 291.

ClUNC.\NTE. Id. p. 151.

Chivande, siibst. fétu. Partie d'une église. Il seroit difficile de juger quelle partie d'une église porloit ce nom. Dans une déclaration donnée par le trésorier de l'église de Guibray des charges du trésor, on lit : » Paye le dit trésor, pour les répa- i< rations de l'église, tant de la nef, cliivainde, que » chapelles qui composent les ailes d'icelle, etc. » Peut-être est-ce la même chose que ce qu'on nomme en quelques cantons chivande, petit endroit près de la sacristie desliné à mettre les burettes, les plats pour l'offrande, etc., et dont le chefecier a la clef; mais il me paioit plus probable que le mot de chi- vande ou chivainde désigne une portion de l'église beaucoup plus considérable (8).

VARIANTES : CHIVANDE. Cout. de Hainaut, Cout. Gén. T. I, p. 1012. Chivainde. Déclar. MS. du Très, de l'église de Guibray.

Chive. [Intercalez Chive, oignon. On lit dans Aubri, p. 155, col. 2 :

11 vit porter les cJiivcs enpevrés.

Au Roman du Renart (II, 2(52, v. 16G92):

Ne pris pas deus foilles de cives Ton menacier ne ton vanter.

Comparez le Roman de la Rose, v. 5350 et 198. En Picardie et en Bretagne, la ciboule se nomme encoi e civé, du latin cœpa. Comparez Raynouard, II, 370, col. 1, sous ceba.] (n. e.)

Gliiver, subst. Dans le Gloss. de Labbe, p. 473.

c'est chines qu'il faut lire. 11 dil que ce sont vais- siaux à nelloier bief, en lalin capisleriitin. Ce mot latin ne se trouve que dans Columelle. C'est un van. (Voyez Du Gange (9).)

Chivon, subst. masc. Cve, oignon. On se ser- voit de ce mol pour exprimer le peu de cas qu'on faisoit de quelqu'un. « De tous nous ne donnerions « (|uatre c/in'0»s (10). » (Froissart, Liv. III, p. 130.)

Chnapaii, subst. masc. Bandit. De l'allemand

(1) Miege vient de medicus ; ^iiire vient de javqoi', onguent. (N. E.>

(2) On lit encore au Livra des Méiiius (419) ; » Pour ce que il puet avenir que, quant murtrier ou larron sunt bleciez ou blecent autrui, viennent celéement aus cyriayiens de Paris, et se font guérir celéement. » (,n. e.)

(3) M. de Wailly donne cyrurgieiis (!$ 175). (N. E.)

(4) Comparez la forme anglaise surgeon. C'est aussi la forme que donne Froissart, III, 85 ; II, 161 ; VU, 296. (N. E.)

(5) Serourge de sorori\is sic;nifie beau-frère. Comparez Froissart, II, 26, 248 ; III, 377. (N. E.)

(0) Voici le début de cette'ordoimance : « Nous défendons et inhébons par tous les trois edits (porte le langage latin) que, dans la ville el vicomte de Paris, nuls (7ii)'i/r(/ic);6- et chirunjieiines ne puissent e.\ercer Tart de la chirurgie, soit publiquement ou en privé, s'ils n'ont esté préalablement examinez et approuxez par les autres maistres chirurgiens jurez demeuranz à Paris, à ce expressément appeliez. Chose de prime face estrange et toute fois... » (n. e.)

(7) On Ut déjà dans Rntebeuf (37) : « .le sai une fisicienne (anglais physician) Qui à Lions ne à Viane, Ne tant comme li siècles dure. N'a si bonne serurgienne. » (N. E.)

(S) Ne serait-ce pas le clievel. {N. E.)

(!)) Ed. Ilenschel, II, 13'-\ col. 2. (n. e.)

(10) Voyez chice. (N. E."»

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sch7iapphahn{l). On a donné ce nom à des paysans révoltés contre la noblesse, qui furent dél'aits, aux environs de Strasbourg, vers 1525, suivant M. de Thou . Liv. X, p. 232 "(2). Voy. Ménage, qui croit donner l'origine de ce mol. On en trouvera la vraie étymologie dans Wachter, Gloss. Germ.(Falconnet.)

VARIANTES : CHNAPAN. ScHNAPHAN. Wachter, Gloss. Germ. Dict. univ.

Choaisie. [Intercalez Choaisie , choix, aux preuves de THist. de Bretagne, II, col. 504, an. 1385 : « Et la teneur de la ce'dule de ladite choaisie " et élection d'armes est cy-aprez. >>] (n. e.)

Chocailler, verbe. Trinquer. Boire fréquem- ment. (Dict. de Cotgraveet d'Oudin.) vARiAPiTEs :

CHOCAILLER. Oudin, Dict. Chocqu.ailler. Cotgrave, Dict.

Chocaillon, subst. fém. Femme qui s'enivre. Une chocaillon est une femme qui boit habituelle- ment, selon Oudin. (Dict. et Curios. fr.)

Chocas, subst. masc. Corneille. Nous nommons encore choucas une espèce de corneilles. Voyez le Dict. univ. qui en décrit les différentes espèces. Quelques-uns ont semblé confondre les choucas avec le chat-huant ; mais il me semble qu'ils se trompent. Du Gange donne au mot languedocien c}iot la signification de chat-huant. (Gloss. lat. au vc\o\.Cavanna.)^'\co\. dit que c'est unechouette. Voici quelques passages oîi ce mot peut se prendre pour corneille. Il faut observer que le Dictionn. univ. a remarqué, au mot choucas, que cet animal de l'es- pèce des corneilles a aussi porté le nom de chouette. « Pline dit que prenant quantité de vin meslé en « des œufs de chucas, puis en faire boire, par deux « ou trois jours, celuy qui en boira, hayra telle- « ment le vin que jamais il n'en voudra boire. » (Div. Leç. de P. Messie, fol. 273.)

Ce sont chucas et corbeaux qui croassent.

Œuv. de Baif, fol. 218, V.

VARIANTES : CHOCAS. Monet, Ménage, Dict. et™. Choucas. MerL Cocaie, T. Il, p. 19 (3). Chucas. Div. Leç de P. Messie, fol. 273, et (4). Chouca. Nicot, Dict.

Chouquars. R. Belleau, Berg. fol. 122, V». Chot. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Cavatma. Chor. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 488.

Choche, subst. fém. Nous trouvons ce mot dans

l'Hist. des Trois Maries, en vers ms. p. 283, pour la bière dans laquelle étoit porté le corns de la Sainte Vierge. Un lit chace dans un autre ms. Il y a bien de l'apparence qu'il faut en effet lire chace, la même chose que châsse oîi l'on enferme les reliques des saints.

Choche a signifié aussi Cloche. (Voyez Chron. fr. MS. de Nangis, sous l'an 1379.) Ce ne peut êlre une faute, car cette orthographe se lit plusieurs fois dans le même ms. On touve d'ailleurs, dans Blan- chardin, c/ioc/îf f/éîjO/OH (5), qui semi)le signifier cloche de plomb, la même chose vraisemblablement que chape de plomb c\-àess\\s, pour loge, prison.

La tor fu fermée (/ii-inala) en la roche; De pion y avoit mainte choche, Dont 11 quarrel sont seelé.

Blanch. MSS. de S. G. fol. m, V col. 3.

On a dit de même clief pour clef et choses pour closes.

On écrivoit aussi quelquefois c/jof/^;? pour cloche. C'est en ce sens qu'on lit: « Prendre les aloes et " les pertris à la choque (G). » (Modus et Bacio, ms. fol. ICI.) On sonne cette cloche poar effrayer les oiseaux et les faire pnrlir, afin de leur brûler les ailes. Alors on les prend à la main.

VARIANTES : CHOCHE. Blanch. MS. de S. G. fol. 177. Choque. Modus et Racio, MS. fol. 161, V".

Chocmeaulx, subst. masc. (7)

.4donc découvrent leurs faulcons, Et leurs monstrent les deux hairons : Si bastirent si fort d'esles, Ou'ilz traient droit à leurs hairons. Ainsi comme deux esmerillons, Quant volent par les cliocincanlx.

Gacc de la Bigne, Des Déduits, MS. fol. 128. Rv

VARIANTES : CHOCMEAULX. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 128, R». Choquemeaux. Id. ibid.

Chocq, subst. masc. Souche. C'est un mot picard, de l'allemand stock (8). Il est pris au figuré pour souche généalogique, dans le passage suivant: « S'il y a plusieurs enfans represenlans un décédé, « iceux font une teste, et choc(i (9), contre chacun de « leurs oncles, ou autres avec lesquels ils doivent « succéder. » (Coût, de Lilers, Coui. Gcii. T. Il, p. 897. Voyez Ciiouqie et Chouquet.)

Choe, subst. fém. Corneille. Autrement petit choucas. (Voy. le Dict. Univ, au mot Choucas.) On a aussi donné à cet animal le nom de chouette,

(1) De schnuppeii , attraper, et HaJin, coq. (N. E.)

(2) Les Boures (Baiier) ou Rustauds d'Alsace avaient voulu piller la France qu'ils croyaient sans défense depuis la bataille de Pavie ; ils furent écrasés près de Saverne par Antoine, duc de Lorraine, et par son frère Claude de Guise, gouverneur de Champagne ; 20,000 périrent au cri de « vive Luther ! » (n. e.)

(3) « Il est seulement accompagne de corneilles chantant quaqua , et des corbeaux avec leur crocro , et aussy des choucas. » (N. E.)

(4) On lit aussi dans Paré -Animaux, 20-: « Les linottes, cochevis, pies, corneilles, chucas, corbeaux parlent et chantent. » (N. E.)

(5) Choche est pour coche, joint, rainure, comme dans ce passage de Montaigne : « Quelle géhenne ne soufîrent-eUes, guindées et sanglées, à tout de grosses coclies sur les costez. » (I, à)8.) En Berry, choche est dit pour souche, (n. e.)

(6) Lisez cloque, comme dans Baudouin de Sebourc (X, 76) : « Quant li bourgois oireut la clioze deviser, La cloque de la ville ont fait tantost sonner. » (N. E.)

(7) Ce doit être un dérivé de clioiiue, souche. Voyez le suivant, (n. e.)

(8) Cette étymologie est admise par Scheler ; Diez préfère soccus. (N. E.)

(9) Le picard a la forme clioke ou choque. (Du Cange, II, 332, col. 3.) (n. e.)

IV. 2

m

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Œ

chuetle ou cliouchelle ; mais ce n'est point la chouette proprement dite, qui n'est pas un oiseau noir, comme celui à qui on donne le nom de choe, dans les [lassages suivans. Le P. Labbe, dans son Gloss. lai. p. 514, nomme cet oiseau Monedula. C'est la corneille de l'espèce des chucas (1). (Du Gange, au mot Caccitla.)

D'un vilain conte qui avoit

Une choe qu'i norri, qu'ele parla.

Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 8. V' col. 2 (2J.

Grosse de corps, blonde comme une pomme, Yeux de corbaut, noire comme une riioe (3).

Eust. Desch. Pops. MSS. fol. 211, col. 3.

On disoil proverbialement :

Il aiment plus deniers Que ne fet une choe.

Fall. MSS. du R. n- 7615, T. 1\. fol. Ul, V col. 1.

VARIANTES (4) : CHOE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 211, col. 3. Choue. Modus et Racio, MS. fol. 134, V°. Chaue.

Choene, subst. fém. (5) Sorte de mesure, du latin choenix, selon Léon Trippault, qui ailleurs dit que ce mot a aussi signifié chaîne. Aussi l'avons- nous employé comme orlhographe du mot cadene.

Choi, particule. Quoi.

Diex ! que grande signerie, Oui tant est douche et plaisans, Par clioi je sui moult engrans (enclin) De siervir, sanz vilenie.

Chaiis. fr. du xiii" siècle, MS. de Doubler, fol. 330, col. 2.

Choiement, subst. masc. Chute. En latin casns. (Gloss. de Labbe, p. 494.)

Choile. [Intercalez Choile, impératif du verbe celer :

Qu'en feroies ? Ne Vchoile pas.

Renan le Nouvel (IV, v. 1539).

Coile est dans Flore et Blanceflor, v. 3015.] (n. e.)

Choin, subst. masc. Pierre dure et de vive roche; c'est le silex. Elle peut être polie comme le marbre. (Dict. de Monet.)

Choine, subst. masc. Pain blanc et délicat. De là, celle espèce de proverbe ou dicton en usage dans quelques provinces: « 11 amangésonc/iome((j) « le premier. » (Dict. Etym. de Ménage. Voyez Rab. T. IV, p. 248.)

Chois, sxibst. masc. Choix.

De ces deu.x a s'amie le c/iiea:;

Conseilliez l'en, qu'elle en prengrie le miex.

l'OL-s. MSS. Valican, n- 1,=>22, fol. 153, R' col. 2.

Mais c'est trop plus grant esplois (proPfit) D'avoir sa mie à son cois.

Pocs. MSS. Vïlican, n- 1490, fol. 164. R'.

De trestot le monde a son ketis.

Ph. Mouskes, MS. p. 211.

Puisque j'en ai le yieus,

Avoir veU l'otroiement (consentement).

Poes. MSS. Val. n- 1490, fol. 173, V.

Mort prent à son rjiiiex ;

Amour ausi à son chois chascun prent.

Poes. MSS. Val. n* 1522, fol. lr,5, V col. 2.

Ce mot nous fournit diverses expressions à recueillir :

1" Mettre à choais (7) de lay signifie donner le choix de faire le serment, ou de le déférer. (Ane. Coût, de Bret. fol. 81.) Le chapitre est intitulé : « Des cas 1 dont l'en peut mettre à choais de lay. «

20 Avoir trois chois, c'est avoir la liberté de choi- sir de trois choses l'une, ou d'opter entre trois partis à prendre. (Gr. Coût, de Fr. liv. Il, p. 194.)

A choix (8) est mis pour indistinctement dans ces vers :

Feme prant tôt à chois, ou courtois, ou vilain Borgois, ou chevalier ; mais qu'il emplela main.

Chastie-Musail. MS. de S. Germ. fol. lOfi, V' col. 3.

Aller à chois pour choisir.

Chevex ot si blons, et si blois, Con s'il en fust aie: à chois.

Parlonopei de Blois, MS. de S. G. fol. 126, R- col. 1.

5" Faire son chois parti, pour choisir entre deux partis proposés. (Mém. de Sully, T. Xll, page 224.) On avoit dit plus anciennement jeu parti.

Proverbe. Cil qui a chois de prandre, et départir. N'est pas saiges, s'il ne prant le meilleur (9).

Eusl. Uesch. Poés. MSS. fol. 1, col. 3

VARIANTES (10) : CHOIS. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 1, col. 3. Cheoys. Mém. du Bellay, T. VI, p. 306. Choais, Choays. Korel, Dict. Cois. Poës. MSS. Vat. n" 1490, fol. 164, V». Qois. Phil. Mouskes, MS. p. 177. Quois. Beauman. p. 228.

QuiEX. Poës. MSS. Valican, 1522, fol. 165, col. 2. KiEX. Poës. MSS. Vat. 1490, fol. 147, R». Chiex. Poës. MSS. Vat. 1522, fol. 153, col. 2. Chuez. Coût, de Fr. p. 434.

(1) En Savoie, f/iuc désigne le chucas; mais c/mioe en wallon, chauxcc en namurois, choue en français, désignent la chouette. (N. e.)

(2) C'est une fable de Marie de France : « D'un vilein dist, ki nurrisseit Une ka\(we que mult ameit », édit. Roquefort

(p. 48.) (N. E.)

(3) On lit dans Berthe (XXXIII) : a Sa colors n'estoit pas en semblance de choe. » Voyez Raynouard, II, 392, col. 2, sous chava.na. (N. E.)

(4) Choe vient encore de cohuu et désigne une halle : « Et est acordé entre le duc et nous que nous aurons la moitié des choes de Dinant. » (Preuves de l'Hist. de Bretagne, I, col. 1069, an. 1283.) (N. E.)

(5) C'est le pain choine, le pain des chanoines : « Et devent estre serviz honestement du rost et boest [bouilli] et leur sauxe appartenante avesques eulx, du paen de fouace, du paen choene, du vin blanc. » (Bibl. de l'Ec. des Chartes, série, t. IV, p. 373.) (N. E.)

(6) On lit encore au reg. JJ. 128, p. 84, an. 1385 : a Lequel suppliant... print trois pams blans, appeliez choesnes. » (N. e.»

(7) Mettre à chois se retrouve dans Froissart (XVI, 96) ; « Et tnist à chois ung chevalier que le conte d'Erby avoit envoie, de toutes ses armures pour servir le dit conte. » (n. e.)

(8) On lit déjà dans Wace, Rou (v. 5975) ; « Ainsi pourons aler as bois, Abres tranchier et prendre à chois. » (n. e.)

(9) Bruyant cité au Ménagier (II, 27), écrit ; « Or fay le quel que tu vouldras. Et y pense tout à loisir ; Quant o. chois es, tu pues choisir. » (n. e.)

(10) On trouve dans Froissart coes et eues, formes verbales de coesir : « Je vous mech à coes (IX, 336). Vous estes à eues don partir ou dou demeurer (X, 441). » (N. E.)

CH

H -

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Kjeus. Pb. Mouskes, MS. p. 211.

OUEUS. Ph. Mouskes, MS. p. 226.

QlEVS. Poës. MSS. Vat. 1490, fol. 173, V».

KiEus. Poés. MSS. Vat. 1490, 147, R°, et 177, R».

Kius. Poës. MSS. av. 1300, T. Il, p. 806.

Choisie, subst. fém. Choix, option. On dit, en termes de procédure, choisie de lots (1). (Voy. style de procéd. au Parlem. de Norm. fol. 7'2.)

Choisir, verbe. Voir, apercevoir, reconnoître*. Paire choix °.

*Le premier de ces deux sens est le plus commun, dans nos anciens auteurs (2). J'en pourrois citer un nombre prodigieux d'exemples. Il me suffira d'en avertir, et je me contenterai d'en rapporter quel- ques-uns, soit en prose, soit en vers : « Ung Sarrazin « c/jo«'s('i, qui estoil plus grand que nul des autres. » fChron. S. Denis, T. I, fol. 14G.) On lit dans le latin de Turpin : « Vidit quemdam Saracenum, etc. » « Clovis se ferit eu la bataille, il choisit, et » avisa le roy Alarich. Il se combattit à luy. » (Chron. S. Den. T. I, fol. 14.)

Le Roy Othon a resaisi; Piertres Mavoisins Va ceusi.

Ph. Mouskes. MS. p 593.

Ains de si loing de moi ne fu clioisie.

Adans li Bocus, Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1422.

Un poi vueil amors blasmer.

Car je ai souvent choisi

Ceu.x grant joie recouvrer.

Qui se faisoient gas (se jouoient) de 11, etc.

J.icq. de Chison, Pots. MSS. av. 1300, T. H, p. fiSl.

De là, on disoit, en termes de guerre : cltoisir un parti pour le reconnoitre. (Le .Fouvenc. ms. p. 132.)

Choisir un cerf, en termes de chasse, signilloit l'examiner assez pour être en état de dire « quel « cerf c'est, et quelle teste il porte. « (Fouilloux, Vénerie, fol. 37.)

^Les anciens employoient aussi le mot choisir, dans le sens nous le prenons encore, pour faire choix.

Qui est a choix de deux choses avoir, Eslire doit, et choisir la meillour.

Eusl. Desch. Poes. MSS. fol. 202, col. 2. Si les bons voulés causir.

Pops. .MSS. av. 1300.

Quant il pot s'aisse (son aise) quoisir.

Ph. Mouskes. MS. p. 80.

C'est-à-dire quand il fut le maître d'être à son aise.

Une voye ceusirent autre.

Ibid. page 819.

Vous kieusissiés le pieur.

Jeu Parli, Pops. MSS. du Val. n" (490.

C'est-à-dire vous choisiriez le pire. Il seroit superflu d'accumuler d'autres exemples.

VARIANTES :

CHOISIR. Orth. subsistante.

Choisyr. Gace de la Bigne, des Ded. MS. fol. 118, R».

Choysir. Percef. Vol. IV, fol. 25, P," col. 1.

CoisiR. Duchesne, Gén. do Guines, p. 283.

QuûissiR. Ph. Mouskes, MS. p. 80.

CUESIR. Froissart, Poës. MSS. p. 65, col. 1.

Ceusir. Ph. Mouskes, MS. p. 819.

Chausir, Causir, Kausir. Poës. MSS. avant 1300, T. II, page 903.

Kieusir. Poës. MSS. Vat. 1490.

Keunsir. d'ofi Keunsiscons ; lisez peut-être Kunsiseons, pour choisissons, dans Carpentier, Hist. de Cambray, p. 18 ; titre de 1133.

Keusir. Ph. Mouskes, MS. p. 593.

CoisiER. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1105.

Choisisseor. [Intercalez Choisisseor, voyant :

Dunt de la tierce part menor N'erent ti oïl choisisseor.

Chr. des ducs de Norm., I. v. 1551.] (N. E.)

Choison, subst. fém. Borel s'est trompé, ainsi que le Dict. de Corneille. Il faut lire l'achoison, le prétexte, au lieu de la clioison. Il en est de même du vers suivant :

Par quoy à toy en laisse la choison.

Cl. Marol, p. 494.

Il faut corriger l'achoison.

Choison, subst. niasc Quantité. (Dict.d'Oudin.) ,Ie n'ai vu ce mot nulle part ailleurs, en ce sens; c'est peut être le même que foison.

Chol, subst. mase. Chou, légume. On trouve dans les Mém. de Sully, T. I, page 124 : faire chou, pour chou, rendre la pareille, expression qui sub- siste encore, ainsi que cette orthographe de ce inot(3). On lit dans le Roman de Hou, .ms. p. 28, feuille de col, pour feuille de chou.

Tout ne vault un cliol.

Eus(. Desch. Pues. MSS. fol. 106, col. 3.

C'est-à-dire ne vaut rien. On disoit au pluriel chos, chox.

Mieulx vault raangier du potaige, et des chos Estre vestus d'un gros drap de villaige, etc.

Eust. Desch. Poi-s. MSS. fol. 286, col. 2.

Nous avons char, querés des chox.

Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 38, R- col. 2.

A mes beaux chouls gelés, étoit un cri des rues de Paris, du tems de Bouchet (Serées, liv. III, p. 37.)

Je ne sais ce qu'on entendoil autrefois p-àv cotton de chou. Voici le passage nous trouvons cette expression : « Prens un gros tronc, ou cotton de » chou, puis le fend au long, etc. » (Fouilloux, Faucon, fol. 64.)

On disoit proverbialement :

S'il veult des pois, on luy donra du chol.

Eusl. Desthamps, Poës. MSS. fol, 227.

(1) Voyez plus haut choaisie. (N. E.)

(2) Ce sens est déjà dans Roncisvals (p. 25) : « A la letre choisie. » Il se retrouve dans .Toinville 162), dans Froissart : (t. Car se il se fuissent embattu en ycehii port qu'il avoient chiœsi, ou auques priés, ils estoient perdu d'avantaige (II, 67). Cils faucons montoit si haut que à peines le pooit il cuesir en l'air (X, 69). » Dans d'Aubigné (Hist., III , 175) , il signifie prendre : « Ses gardes n'avoient pas eu le loisir de coucher une mesche , volant la chambre pleine et sa personne choisie. » (N. E.)

(3) A la surprise de la RéoUe par d'Ussac, Henri IV , roi de Navarre , répondit par la surprise de Fieurence à portes ouvrantes. La reine mère, qui estoit à .\uch et qui croyoit que le roy de Navarre y avoit couché, l'aynut appris n'en fit que rire et en branlant la teste, dit ; « Je voy bien que c'est la revanche de la RéoUe et que le roy de Navarre a voulu faire chou pour chou, mais le mien est mieu.x pommé. » (Mém. de Sully, 1. 1, p. 124, an. 1578.) (N. E.)

CH

15

CH

Ou comme il dit ailleurs, p. 424, col. 3 :

S'il veut (lu dur, il a du nioul, S'il veut des pois, il a du choul.

On écrivoil aussi coule. (Voyez ce mot.)

VARIANTES : CHOL. Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 106, col. 3 (1). ChoI'L. Eust. Drsch. Poës. MSS. fol. t29, col. 3. Chou. Orih. subsistante. Col. Rom. de Hou, MS. p. 2S.

Cols, plui: FiiLl. .\iSS du R. 7218, fol. 228, col. 2. Chols, plur. Falil MSS. du R. n" 7218. fol. 227, col. 2. Choleiz, plni: Fabl. MSS. du R. 7615, T. II, fol. 212. Chaulx, plur. Horel, Dict. Chox, phir. Kabl. MSS. de S. G. f' 38, R». Chos, plur. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 286, col. 2.

Choie, subst. fém. Passion violente*. Coup de vent^.

*Cc mot s'est appliqué en particulier à la colère (2). (Dict. de Mcot, Monel, Cotgrave, Borel, Corneille et Ménage.) « T;int fut indigné que de son espée le « tua^ en sa choie. « (Rab. T. I, p. 297.)

Gourous, dépit, ou chaude cote.

Les Marg. de la Marg. fol. 230, R°.

Chaude colle se pread souvent dans ce sens. (Quinze Joies du Mariage, p. 63.) Mais il se dit aussi pour viêlée chaude, poursuite vive. (Laur. Gloss. du Dr. fr. Du Cange, au mot Caiida Melleia.) De là, ou disoit : à la chaude colle, pour exprimer tout à coup, à l'improvisle. (Pasq. Rech. livre III, p. 2V)8.) Colle se prenoil, quelquefois, pour passion violente en général, comme en ce passage :

Or vois-je bien que, pour paroUe,

Ne pour rien qu'on vous sceust presoher,

Ne vous osteriez de la colle.

Ou vostre cueur se veult ficher.

L'Aniaiil ren m Cordelier, page 651.

Noire cote signifie mélancolie, dans Gace de la Bigne, des Déduits, ms. fol. 78.

^De là, on a applii^ué, dans un sens figuré, le mol colc à tempête, coup de vent. Il est interprété ainsi par Oudin, et employé selon cette acception par Rabelais, T. IV, p. 83, nous lisons un cote effréné, un rude cole (3).

VARIANTES : CHOLE. Nicot, Dict. - Rab. T. I, p. 297. Cole. Nicot, O-idin. - Rab. T. IV. p. 83. Colle. L'Amant rendu Cordelier, p. 510, etc.

Cholere, adj. Colère. Sujet à la colère, impé-

tueux. (Dict. de Rob. Estienne, Id. Gramm. fran^. p. 42.) « Voilù que c'est que d'estre si cholere. » (Des Ace. Escr. Dijon, p. 56.)

VARIANTES : CHOLERE. Nicot, Oudin, Dict. CiiOLEBic. Oudin, Dict. CnoLERig. Nicot, qui cite Ronsart. Cholerkjqe. Nicol, Dict.

Cholet, subst. masc. C'est le surnom de Hugues, comte de Roucy (ij. On le lui donna à cause de i'im- pei feclion de son corps. (Voyez la Roque, Orig. des Noms, p. 12'i.)

Chois, subst. masc. plur. Il semble qu'on ail voulu désigner sous le titre d'exécuteurs cliols cea\ qui faisoienl exécuter les jugeinens pour cause de demande. Du Cange, au mot Executores chalenli, cite ce passage : •■ De ce, rendra nostre 1res cliier '< frère Loys comte d'Evreux, aux exécuteurs chois, « et aultres fiefs, etc. (5) » Il croit que ehalentum esl le même que chalengum, ou chalenga, chalenge, suivant notre ancien langage.

Chômage. [Intercalez Chômage, cessation dans la fabrication : « Nous avons entendu... que noslre « monnoye de Touruax... est en chômage. •< (Ordonnances, t. V, p. 422.)] (n. e.)

Chômas, adj. Paresseux. Qui ne fait rien, pro- prement qui chôme.

L'en peut bien clamer frère ('.limitas; Onques mais homs n'ot, si foible merrien.

Eusl. Desch. Po.s. MSS. fol. 332, col. i.

Chômer, verbe. S'abstenir de travail (6). Ce mot subsiste. On diroit encore, comme autrefois (7): « Vous connoistrez que je n'ai pas chômé, tant que « j'y ai demeuré, etc. » (Duclos, Preuves de l'Hist. de Louis XI, p. 399.) Mais ou ne diroit pas également: il n'avoit que çhommer, pour il n'avôit pas de temps à perdre (8j. (Percef. Vol. 6, fol. 93.) Ce mot a la même signification dans ce vers :

Fay le venir sans bruit, et sans chommer.

Clém. Marol, p. 585.

Chemer, s'abstenir de travail, se disoit quelque- fois pour s'abstenir en général. On lit, en ce sens, chômer de peschier, pour s'abstenir, discontinuer de pécher. (Ord. T. V, p. 208.)

Proverbe : >< Il vaut mieux perdre que chômer. « (Div. Leç. de P. Messie, fol. 89.) (9)

(1) Comparez Raynouard, II, 358, col. 1, sous caul. (n. e.)

(2) De colieux dans Froissart (VI, 222) : « Car il s'estoient parti dou roy très colieux. » (N. E.)

(3) Choie a eu aussi le sens de soûle (voir cheoller). « Comme les supplians et plusieurs d'autres gens du pais fussent alez esbatre à un geu. appelle c7i()/e. » (JJ. 89, p. 126, an. 1357.) « Estans en icelle choie ou soûle, ainsi que l'eu emportoit l'estouef ou cholet. » (J.I. 176, p. 683, an. 1448.) « Enfin, au cartulaire d'Amiens, en 1323, est un accord entre l'évêque et le maire « de ce que li maires prist l'estuef à la choie le jour de quaresmel en la terre de l'Evesque et de l'EgUse. » (Du Cange, II, 325, col. 1.) (n. e.)

(4) C'est aussi le nom de la boule au jeu de la soûle. « Estant en icelle choie ou soûle, ainsi que l'en emportoit l'estouef ou cholet. » (JJ. 176, p. 683, an. 1448.) (N. E.)

(5) Preuves de l'Hist. d'Evreux, par Lebrasseur, an. 1298, p. 25. (Du Cange, III, 143, col. 3.) (N. E.)

(6) Il a même le sens de dormir au xm" siècle, dans les Miracles de la Vierge : « A grans trais boivent vin d'Auchuerre, Pour miex clioiner desor le fuerre. » (Du Cange, II, 333, col. 2.) (N. E.)

(7) Voici la citation plus complète : « .le vous prie, vous qui estes par delà, avisier à fraper un beau coup sur le duc de Bourgogne... et j'espère faire si bonne diligence par deçà que vous connoissiez... » (N. E.)

(8) Voici ce qui précède ces mots : « El si lui dirent les maistres [maçons] que le demourant estoit legier, mais qu'i flst finance de la couverture, car... « (n. e.)

(9) On lit encore dans les Choses qui faillenten Ménage (xni« siècle) : « Ménage fait prendre mal somme , Ménage hait celui qui chôme Et rien ne fait. » (N. E.)

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VARIANTES : CHOMER. Duclos, Preuv. de Louis XI, p. 399. Chommer. Cléiii. Marot, p. 524.

Clioineter, sitbst. masc. Qui chôme souvent. Qui aime à chômer. (Dicl. de Monet.)

Chommemant, subst. masc. Chômage. (Dict. de Moiiel.)

Chonnine, subst. fém. Thonnine (1). Peut-être esl-ce une faute. Thonnine est la chair de thon salée : ■> J'empescheray que robe ne manque à la « chonnine, ou cotle aux olives « (Essais de Mon- « taigne, T. Il, p. 009.) C'est la traduction de ce vers de .Martial :

Ne toga cordylis, ne penula tlesit olivis.

Cordijla signifie thon.

Chopade, subst. fém. Faux-pas. L'action de broncher.

Mal robotez lieux Passay, à cloz yeux, Sans faire chopade.

Clcm. Marol, p. 424.

VARIANTES : CHOPADE. Clém. Marot, p. 424. Choppement, subst. masc. Cotgr. Dict. Chopement, subsl. nuise. Oudin. Dict.

Chope. [Intercalez Chope: Houppelande: « Et un vallet avec lui armé de haubergeon, de « bacinet à camail, de gorgerelte, de gantellez et « chope par dessus le haubergeon. » (Ord. IV, p. 67, an. 1351.) -i» Gobelet ou son contenu : « Prestre, dy. « Voulez que je dye ? A la guise de rsormandiê, « Je bef à vous de chipe en chope. » (Mir. de S" Geneviève.)] (n. e.)

Choper, verbe. Broncher (2).

Li destrier Orgeil si sovent Choup'it que ce n'estoit pas fins.

Fabl. MSS du R. n- 7615, T. U, fol. 189, V' col. 2.

Proverbe : « Qui chope, et ne tombe pas, adjouste « à son pas. » (Dict. de Cotgrave.)

VARIANTES (3) : CHOPER. Dict. de Cotgrave. Chouper. Fabl. MSS. du R. 7615, T. II, fol. 189.

Chopination, subst. fém. L'action de boire. De là, on a dit niale chopination, pour ivrognerie :

S'en a soif, c'est estorement De maie chopination ; Fuyez donc tel abusement.

Contred. de Songecreux, fol. 27, V".

Chopine, subst. fém. Mesure. (Du Gange, aux mots, Cho/)iiia et Copina ; Ménage, Orig. franc, et Dict. de Borel.)(4)Ce mol s'est dit nou-seulementen parlant de boissons, mais encore d'autres denrées. » La chair et sain doux valoit quatre blancs la » chopine. « (Journ. de Paris sous Charles VI et VII, an 1435, p. 163.) On lit chopine de trippes, dans Rabelais T. VI, p. 223.)

Chopineur, subst. masc. Buveur, ivrogne. (Path. Testam. p. l-il.)

Choppet. [Intercalez Choppet, croc en jambe: « Lequel Jehan priiil ledit Symon parla potrine et « lui fist le choppet du pié, tant que ledit Symon « cheusl à terre. » (JJ. 152, p. 278, an. 1397.) Il en est de même au reg. JJ. 189, p. 27, an. 1454: « Lequel Jacotin, ainsi que icellui Morel dansoit, <> lui bailla le ("/iO/jpe< de la jambe, en soycuidant » jouer à lui, et tant que dudit choppet il chey à « terre. » (n. e.)

Clioppeur, subst. masc. Qui bronche. (Essais de Montaigne, T. I, préf. p. 6.)

Chorage, subst. masc. Coryphée. Le principal

personnage des chœurs. C'est le Xooayiç des Grecs.

Nostre vie est ainsi comme un ample théâtre. les dieux sont assis, au plus haut spectateurs; Nous masquez, la pluspart, y sommes les acteurs, Nostre chorage. c'est la fortune marastre.

Pocs. de Perrii), fol. 16, R*.

Cliorde, subst. fém. Corde. (Rob. Estienne, Oudin et Cotgrave, Dict.)

Chore, suhst. masc. Chœur. (Cotgrave et Oudin, Dicl.) On a dit enfants île chore, pour enfants de chœur. (Favin, Th. d'honn. T. I, p. 90.)

Choreal, subst. masc. Chantre, choriste. Pro- prement, ce qui est du chœur. (Diclionn. de Nicot, Oudin, Cotgrave, Monel.) >• 11 y a des églises ou les « chanoines ont des vicaires (|ui font pour eux, et « sont dits clioriaux (5). » (Moyen de Parvenir, p. 167.) On distinguoit les chanoines, chapelains, et choraux. (Mém. d'Ol. de la Marche, Liv. I, p. 258.)

VARIANTES : CHOBEAL. Oudin, Dict. Chorial (6). Choriau. Moyen de Parvenir, p. 67.

Choriger, verbe. Corriger. (Celthell. de Léon Trippault.)

(1) On lit au ms. fr. anc. 10197. 2. 2. fol. 71, v», an. 1312 : « Nous Florens Berthaut sire de Matines faisons savoir... que nous tenons... en fief... de M. Jehan duc de Lothrike, de Brabant et de Lembourck... la voerie et la seignerie de Matines,... le marchiet du seil, du poisson et des bestes, les choniits. les Lombards et les Juys. » (N. E.)

(2) C/ioper veut dire aussi couper : « La dame... avoit fait choper ses bielles traices, et fut autres! atirés com uns eskuiiers. « (Flore et Jeanne, p. 29.) (N. E.)

(3) Au Roman de la Rose ( v. 6171), on lit : « Lors va soupant et jus se boute, Ausinc cum vel ne veïst goûte. » L'étymologie est alors l'allemand schupfeii, heurter, (n. e.)

(4) On lit au Roman de la Rose (v. 6813) : « N'est nus qui chascun jor ne pinte De ces tonneaus ou quarte ou pinte , Ou mui ou setier ou chopitie. » Aux Emaux de De Laborde (xiV siècle, p. 213), on lit aussi : « Une grand chopine d'argent dorée, et est le biberon d'une teste qui baille, et l'autre d'une femme, et est le fruitelet d'une seraine. » (N. E.)

(5) Curiuux se lit dans une charte bretonne de 1433 (Spicilége, V, 632) : « Voulons qu'il y ait quatre curiaux pour ayder au divin office, qui pareillement seront subgiz et obéiront audit doyen. » Dans le Cérémonial de S' Brieuc, es mot désigne les enfants de chœur ; « Item les petits entïens, c'est assavoir les petits cureaulx , ne doivent pas seoir ne estaller es chaeses haultes ne basses, mes ils doivent estre en estant es petiz reteiz du cueur en manière de station. » (N. E.)

(6) Ung nommé Chapponay <?/iocia/ de l'église S. Jehan de Lyon. » (JJ. 181 , p. 163, an. 1452.) Au reg. 189, p. 176, an. ■14o7 : « Jehan Aies, que on dist estre cariai et teneur en l'église de N. D. de Chartres. » (n. e.)

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Chorme. Chiourme. (Dict. tl'Oudin el de Colgr. Voyez Kabelais, T. IV, p. 74 et 109 (1).)

Choron, siibst. ?Hasc. Inslrument de musique. Probablement le même dont pai'le Tlioinot Arlaan, dans son Urcliésographie, et dont il dit avoir vu la figure dans un ancien livre.

Timpanne aussi mettez en eiivre dois (digili) Et le citoron, n'y ait nul qui réplique, Faictes devoir, plourez gentils Galois.

Eusl. Desch. Poês. MSS. fol. 28, col. 3 et 4.

Simphonies, salterions, Monacordes, timbres, corrotis.

Rom de Brut. MSS. add. fol. 80, R- col. 2.

De harpe sot, et de chorum ; De lire, et de psalterium.

Rom. de Brut. MS. fol. 28, V col. 2 (2).

Terpsicore soubdain habandonna Psalterion, et chnron.

Crelin, p. 62.

Delà, cette espèce de corde appelée co?'rfo}i-c/io?'Oft, proprement cordon ou corde à choron, dont on se servoit pour toucher de cet instrument; elle étoit faite de boyau, comme semble l'indiquer le passage suivant, le cordon choron se trouve employé par opposition à corde de fouet. Après la mort du duc de Bourbon, e^n 1419, « on lui trouva deux cordes a ceintes en sa chair nue, l'une de fouet, nouant « de nœud, et l'autre à&cordon-choroni^à). « (llist. de fiOys III, duc de Bourbon, p. 400. Voyez ci-après

CORDEAN.) (4)

VARIANTES :

CHORON. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 28, col. 3 et 4. Chorum. Rom. de Brut, MS. fol. 28. col. 2. CORRON. Rom. de Brut, MS. add. au fol. 80, col. 2. Coron. Falconnet.

Chose, subst. fém. et masc. Mot indéterminé qui tient la place de plusieurs autres. Il subsiste encore sous sa première orthographe. Nous ne nous arrêterons qu'à l'ancien usage qu'on en faisoit. On peut consulter Du Gange, aux mots Cai<sa (5), Cansa- mentuni, Chaucia, Cosa, lies, et Pasquier, Rech. p. 735. En patois languedocien, cause (6) se prend pour chose. (Voyez Cause.) Ce mot s'est dit plus souvent des personnes. » Li Pères, el li P'ils, el li o sains Esperiz, lesqueies trois très saintes, el très (I précieuses choses sont un seul Dieu en Trinité. »

(Beauman. Prolog, p. 1.) » Quant il entendit le « bossu, il s'appareilla de jouster à luy, puis il luy <■ e.scric, chose contrefaicte, tourne toy, si auras le « jousle, etc. » (Percef. Vol. 1, fol. 85.) (7)

Cose el chose se disoient pour biens de toutes espèces, comme terre ou autre héritage.

" Sa chose de Athées qu'il a vendu. » (Perard, Hist. de Bourg, p. 4G7, titre de 1216.)

Coses signiiioil biens (8). (Duchesne, Gén.deBgfh. p. 104, til. de 1240.)

Nostres choses se disoit pour nos biens. (Perard, Ilist. de Bourg, p. 518, lit. de l'i69.)

« Mettre ses coses en droit el en loy. » (Duchesae, Gén. de Béth. p. 164, Ut. de 1240.)

Trop seroit foie, et legiere.

Se ge haoie (je haïssois) à escient,

Chose qui m'aim veraiement.

Blanchardin, MS. de S. G. fol. 178, V- col. 2.

Les deux chnses vi vis-à-vis; L'une fu grande, et bien taillée. D'un banc samit (0) appareillée

Fabl. MSS. du R, n- 7218, fol. 280, V col. 1 .

Dame, qui est si douce chose, Que cortoisie en li repose. Comment puet ele refuser? Cehii que voit vers li plorer.

Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 350, R* col. 1.

On disoit chose fée, pour fée. (Perc. Vol. II, f"35.) Chose servoit aussi à exprimer ce qui n'a point de nom, ou suppléoit à l'expression propre de ce qu'on ne peut définir, faute de mémoire, ou de connois- sance ou par pudeur. « LorsescoutaLancelot,etouyt « au chasteau sonner une chose moult hautement ; « il regarda vers les murs, et veit tout plain de « dames, etc. » (Lanc. du Lac, T. III, fol. 8.; » Voit « au milieu ung arbre vestu de merveilleuse « escorce, et esloient les feuilles dec/wsesverdes. » (Percef. Vol. IV, fol. 139.) (10)

Alez veoir à vostre chose,

Li chevaliers veoir i va,

Ne trueve qu'il ait rien perdu.

Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 298, R' col. \.

Chose est pris dans un sens obscène, en plusieurs expressions, et alors on le fait quelquefois mascu- lin. (Voyez Vaseliana, p. 71 el 121 ; Clém. Marot, p. 390; Rabelais, T. I, p. 68, el Nuicls de Strapar. T. II, p. 445 (11).) Il étoit féminin lorsqu'on disoit:

(1) « Ce pendant que les chnrmcs des naufs faisoyent aiguade (IV, 2). Toute uostre chorme grandement se contristoit (V, 18). >) Jal tire ce mot du turc tcheurmè. (N. E.)

(2) Cette citation est plutôt extraite des poésies de Thibaut (t. I, p. 2i4): « De vieles sot et de rote. De harpe sot , et de chorum ; De lire et de psalterium. i> (N. E.)

(3) M. Chazaud (p. 316) imprime ; « Et au trés-preudhomme prince, on trouva deux cordes ceinctes à sa chair nue, l'une de fouet, nouée de neuds, et l'autre de curde de cheron. » (N. E.)

(4) Dans Froissart (XIV, 71), choron, comme coron, signifie coin : « Sur ung des chorons à l'entrée de Thoulouse. » Cette forme se retrouve dans une charte de 1254 (Cartulariura Fidemiense, Du Gange, II, 614, col. 3). C'est alors un dérivé de cor. (N. E.)

(5) Causa a le sens de chose, dans le bas-latin de la Loi Salique, de Grégoire de Tours, et des Capitulaires. Pline l'Ancien disait déjà quatn ob causayn, au lieu de quam ob rem. (n. e.)

(0) En provençal, au ne se transforme j)as en o, comme en français, (n. e.)

(■7) Ce sens remonte au xiii* siècle : « Onque si douce chose [que Berte] ne vi ni n'acointai. » (Berte, 57.) Voyez plus bas les citations en vers, qu'on pourrait placer ici. (n. e )

(8) Ce sens remonte au xv siècle : « Et pour acheter chevaux, armures et ce qu'à guerre appartient , souvent advient qu'ils vendent leurs choses. » (Monslrelet, I, 25.) (n. e.)

(9) Samcl signifie velours en allemand. (N. E.)

(10) Beaumanoir (XXV, 17) écrit en ce sens indéterminé : « Plus sont rices, et plus grans mestiers lor est que li quemins et les cozes communes soient amendées. » (n. e.)

(11) Ajoutez Renart (t. II, p. 103, v. 12365 ; p. 105, v. 12410.) (n. e.)

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faire la chose à une femme. (Tri. des IX Preux, p. 144.)

Rapportons les expressions les plus remarqua- bles, dans lesquelles on a employé le mot chose :

l" Chose aromatique désigne les parfums que la reine de Saba donna à Salomon, dans l'Hist. de la Toison d'Or, T. II, fol. 198.

Cliose villaine s'est dit pour roture, par oppo- sition à la noblesse :

Veons dont noblesse jadis

Vint, des vertus; eltose villaine,

Des vices, dont est laidis (blâmé)

Qui villenie en tous cas admaine (amène).

Eust. Desch. Pocs. HSS. fol. 302, col. 2.

Choses de bestes, pour bétail ou bestiaux. « Coviendra especifier quant cenz des acres, choses « de besles, etc. » (Britl. Loix d'Anglet. fol. 151.) Peut-être faut-il lire chejf de bestes.

4* Chose publique, pour république (1). (Gloss. de l'Hist. de Paris ; Essais de Montaigne, T. I, p. 523.)

Droit à la chose et droit en la chose ont des significations différentes en termes de coutume. « Tel a droit à la chose qui ne l'a pas en la chose, « et pour ce dit on jus ad rem, eljus in re ; jus ad ' rem est usufruicts, comme douaire, rente et « talia : jus in re, est avoir la propriété de telle « chose. » (Gr. Coût, de Fr. Liv. I, p. 105.) Voyez la « même définition dans Bout. Som. Rur. p. 3 et 4.

Mettre en nature de chose. « Estoit tenu de « mettre le dit molin de Berry en nature de chose, >i en dedans trois ans. » (Procès de Jacq. Cuer, ms. p. 158.)

Chose faire est mis pour travailler, en ce pas- sage : « Iceux ouvriers, et monoiers sont si abstrains, « et obligez à ce faire, que à nul autre mestier, « office, ne estât ne se peuvent ordonner, et ainsi « sont serfs îi y chose faire. » (Ord. T. II. p. 340.)

8" Faire une grosse chose (2) semble répondre à notre fafon de parler, faire un grand coup, dans ce passage : « Eust peu faire le ducBaudoin nnegrosse " chose, celle muyt ; mais les coureurs adviserent « le Jouvencel, tellement qu'il fust sur sa garde, et « ne peut le duc Baudoin riens faire. » (Le Jouvenc. Ms. p. 347.)

Avoir autre chose que bien signifioit n'avoir pas de bien, être dans la peine, n'avoir rien. « Ce « poise moy, se Passelion a autre chose que bien. « Sire, disl Marones, ce sont amours qui ainsy le « demainent. » (Percef. Vol. I, fol. 85.) On trouve cette expression répétée fort souvent dans ce roman.

10^ On disoit chose que, pour que. « S'il avenoit " chose que les chiens laissassent, etc. » (Chasse de

Gast. Pheb. iis. p. 227.) Le mot chose est explétif dans ce passage ; il est mis pour ce dans le suivant :

Ja por chose que j'aie à vivre, Ne me deussés pas faillir.

Fabl. MSS. duR. n- "218, fol. 151, R- ool. 2.

De même, on lit chose que, pour ce que, dans les Assis, de Jérus. p. 214, pour chose que, c'est-à-dire pour ce que, à cause que (3),dansPercefor. Vol. VI, fol. 41.

11» Chose qui signifie pour quelque chose que. « Mais, chose qui puisse avenir, ne finira ma » loyauté. » (Mel. de S. Gelais, p. 119.) >< Se cou- « vroit si sagement de son escu qu'ilz ne l'avoient « navré c//ose çHJlegrevast. ■> (Percef. Vol. I, fol. 56.)

12° Se chose est, pour s'il arrive. (Ger. de Nevers. 2' part. p. 79.) Se chose estoit, s'il arrivoit. (Ibid. 1 " part. p. 34.) On lit, au même sens, se chose avient. (Fahl. Mss. du R. ir 7218, fol. 135.)

13' Chose 7i' en sera pas, pour il n'en sera rien. (Fabl. MSS. du R. n" 7015, T. II, fol. 150.)

14° La chose tourna sur le chose, pour il en arriva tout au rebours. (Contes d'Eutrap. p. 185.)

On trouvera d'autres façons de parler empruntées h ce mot, dans Oudin, Curios. franc.

VARIANTES (4) : CHOSE. Orth. subsistante. Chiose. Marb. col 1646, passim et 1654. Chouze. Joinv. p. 4; Faifeu, p. 51. Chosse. Fabl. MSS. du R. 7615, T. II, fol. 150, V". Co.SE. Duchesne, Gén. de Guines, p. 286. QuosE. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. Couse. G. Guiart, MS. fol. 151. V». JosE at Chose. L. Norm. art. 7, on lit dans le lat. res (5).

SOSE.

Chose, partie, au féni. Close, fermée. On pour- roit soupçonner que c'est une faute, si on ne lisoit ailleurs chef pour clef, clioche pour cloche : ainsi il faut regarder comme constant que Vh a pris quel- quefois la place de 1'/.

Jusqu'au fenestres de l'ostel, Clwses furent de ce costel.

Eust. Desch. Poès. MSS. p. 534, col. 2.

Choser. [Intercalez Clioser, désapprouver, blâmer :

Moult de sa gent, parler n'en osent, Mais par derrière moult l'en chosent.

Fabliaux, t. I, p. 160.

Au reg. JJ. 142, p. 138, an. 1377: « Pour lequel » fait et omicide li dis procureur est causé et « calengiet ledit Jaquemars. » Dans une vie ms. de Jésus-Christ, on trouve aussi :

Sa famé l'ot, moult fort le cose Car ele estoii moult saine cose.

Du Gange, II, 257, col. 2.

On s'écrie encore: « Il m'a ditdesc/foses.' »] (n. i:.

(1) On lit dans Bercheure (xiv siècle, fol. 1, verso) : « Chose publique, ce n'est autre chose mes que Testât publique ou commun, et est nom gênerai à touz estaz de terre, pais, roiaumes et citez. » Montaigne restreint le sens pour l'appliquer à une république (I, 288) : « Magistrats de la chot.e publicqite emperiere du monde. » (N. E.)

(2) On disait chose, nous emploirions affaire : « Je ne voi que ma chose à nés sun bien s'afi'uite. » (Berte, 37.) « C'est grand chose de voir ses enfants alliés [mariés], en la pleine vie. » (Louis XI, 44" Nouv.) » (N. E.)

(3) Dans Froissart, le sens est quoique : « Li yawe entra à grant randon dedens , ne pour cose que on entendesist à l'espuisier, point ne demoroit que elle [la nef] n'appesandesist toutdis. » (V, 2(33.) (N. E.)

(4) On lit déjà aux Serments de Strasbourg : « Et in cadhuna cosa. » Dans S" Eulalie : « Ni ule cose non la pouret omque pleier. » La Chanson de Roland donne choses (v. 2377) : « De plusurs choses à remembrer li prist. » (n. e.)

(5) « Si alquens vienge à pref pur clamer [ajose. « (n. e.)

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Choscttc, suUst. fém. Diminutif Ue chose. On disoit :

Noisettes, et teles menues vIioscIIks.

Eust. Descli. Poi-s. MSS. fol. »13, col. 3.

Faire la chosette est pris dans un sens obscène, en ce passai;e :

Pourtant que je suis jeunette, Amy, n'en prenez esmoy (crainte) : Je fei-ois mieux la chosetle Qu'une plus vieille que moy.

Cymbal. Muniii, p. 113.

(Voyez Rabelais, T. III, p. 98; Oudiii, Diclionn.et Curies, franc;.) (1)

Cliosier, subst. masc. Arbre qui porte des

choses. (Voyez Oudin, Cur. fr.) M"' de La Sablière

disoil de même de La Fontaine, qu'il étoit un fabli(r (2).

Chotier. [Intercalez Chotier, évier d'une cui- sine: " Le valleton soiilart do laditte cuisine sonna « une paeile... Le inaistre dhoslel leur dist, est-il « maintenant temps d'eslre en cuisine, et print « laditte paeile et la frôla sur un chotier ou eschau « de laditte cuisine, ainsi comme on acoustumé ;) « faire, et après ce le ressua. » (.IJ. 116, p. 51, an. 1379.)] (N. E.)

Chotoii, suhst. masc. Coton.

Cordes, courtines (rideaux), belle toye De cendal, et de blan cholon.

Eust. Uesch. Poi-s. MSS. fol. 530, col. -i.

Chou. [Intercalez Vexçression Chou ptnir chou, but à but, échange pur : » Par juste et loïal escange « cliou pour clwii. » (Cart. de Corbie, 21, fol. 304, an. 1346.) Voyez encore p. 11, note 3.] (n. e.)

Chouan, subst. masc. Chat-buant. On prononce ainsi dans l'Anjou (3). (Dict. étym. de Ménage.)

Chouai't, subst. masc. On lit : Maître Jtan- Chouart, en un sens obscène. (Rabel. T. II, p. 199.)

Choucage. [Intercalez Choucage , droit payé pour prendre des choques ou souches dans un bois- « Est tenu faire et assemblei' ù la receptede " Beaumont sept solz, cinq deniers maille pniltevine « tournois chacun an pour le c/)owcfl5f^. ■■ (.1.1. 162, p. 341, an. 1401.)] (n. e.)

Choucher, verbe. Coucher. (Percef. Vol. III, fol. 6.)

Choué, partie. Tombé. (Dict. de Borel. au mot Chaus)

Chouette, s?/^s/. féin. Espèce de hibou*. Parure de tèie^.

*Ce mol subsiste au premier sens de hibou. Les latins l'uppeloient la chouette, monedula, parce qu'elle vole l'argent. De lu, peut-être, le jeu de la eliouetle (4), pour tour d'escroc, jeu de dupe. C'est à qui plumera son compagnon. (Dict. d'Oudin.)

^Chouette, suivant l'éditeur des Lettres de M°"de Sévigné, désigne une esiièce de coiffure, dans ce passage : » Vous avez donc eu peur de ces pauvres " petites diablesses de chouettes noires... elles " font la beauté... de la coitîure » (Lett. p. 39 et 40, 2 févr. 1689.)

Chouflier, subst. masc. Visage jouflu. On lit, dans le Dialogue de la Cuisine et de la Paneterie, qui parle en ce passage :

Orde loudiere (lourdaude), et qui es tu'?

A tout ton pot, et ta cuillier,

Qui portes un si gros chouflier

Que ce semble estre une buisiiie (trompette).

Eusl. Desch. Po5s. MSS. fol. 3"8, col. 3.

Choula, pronom. Cela.

Clioula me fait mainte fois requigner (rechigner).

Eusl. Desch. Poés. MSS. fol. â-28, col. *.

Chouloil, sulist. masc. Lampe. Mot breton. (DuCange,au mot/>;^Cîù7'Hw(5).)ALyon, cette lampe s'appelle chelu. (Falconnet.)

Chouque, subst. fém. et masc. Souche*. Partie du pied d'un oiseau^

*0n dit encore chouque, au premier sens, en Non^iandie, de l'allemand stocli. (Voyez Ménage, au i.;ut Souche.) C'est la signification propre de ce mut, masculin quelquefois, mais plus souvent fémi- nin. Il est employé dans les deux genres, en ce passage, l'on trouve « une manière d'oster les « pouels, sans orpiner un oisel ; prenez eaue que « vous Irouverés dessus un chousque de chesne « vert, qui ara esté dedans le creux de la coupe de « celle chouque. » (Modus et Racio, ms. fol. 130.) On écrivoit aussi choque. (Du Cange, aux mots Cheocu, Choca, diocactum, Coeagium et Cocha.

^Delà, ce mot, au figuré signifioit le gros du pied d'un oiseau. « Aussi doitl'en oindre le fons du « pié, comme \acli0uque. « (Modus et Racio, fol. 130. Voyez ci-dessus Cnocy et Ciiouquet ci-après.)

VARIANTES : CHOUQUE. Modus et Racio, MS. fol. 130, R». Choque. Modus et Racio, fol. 70, R°.

Chouquet, suhst. masc. Souche*. Drogue médicinale °.

(1) On lit dans la Rose : « Fèves et poix et texes chosetes Cum fruis, racines et herbetes. » (La Rose, 8414.) Au xv« siècle, Coquillart (Enquête de la simple et de la Rusée) écrit: « Corne font marchant â marchant, Touchant leurs petites chnseiles. » Voyez aussi Villon, la Repue du Pelletier. (N. E,)

(2) On dit encore aux enfants : « Va, va, quand tu seras grand, tu verras qu'il y a bien des choses dans un cho.ner. (n. e.)

(3) Ronsard (815) écrit aussi : « Si nous oyons crier de nuit quelque chouan. Nous hiTissons d'esfroy. i> Le mot (levini célèbre pendant la Révolution et désigna les Vendéens, qui se réunissaient de nuit comme tous les conspirateurs et les chats-hiiants. On veut parfois que le nom propre de Jean Chouayt, tué en 1794, soit devenu un nom commun , mais ce n'était qu'un sobriquet ; il s'appelait Cottereau. (N. E.)

(4) Faire la chouutte, c'est jouer seul contre plusieurs personnes, pour être battue comme la chouette quand elle vole en plein midi. Rabelais donne p. e. l'origine de l'expression populaire être chouette, parfait : « Ma femme sera coincte et jolye comme une belle petite chouette. » (Pantagruel, III, 14.) (N. E.)

(5) On lit au Catholicon Armoricum Lumière ou chandelle à veiller de nuit, ou chouloil, ou engasse , britannice creuseul. » Chouloil est donc un mot français à rapprocher de chateil. (N. E.)

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* On dit encore chouquet. en Normandie. (Voyez

ci-dessus Ceioco.) 11 est pris dans le sens propre, en

ce pussiige :

Comme il convient faire bon feu en somme ; Comme de hois, et gros chouquet: (1) en busche. Fabri, Art. de Rhct. Liv. II, f.il. 19, V'.

°I1 sembleroit, par le passage suivant, qu'on ait appelé chouquet une espèce de drogue médicinale : « Prenez eaue de chievrefeul, et eaue de lieibe « Robert meslés ensemble, et soit lavé le mal, puis >. soit mis dessus de la poudre de chouquet bien « déliée. » (Modus et Racio, ms. fol. 130 )

Chouser, verbe. Ce mot s'est pris dans un sens obscène, qu'il tire, ainsi que son origine, du mot chouse ou chose, employé quelquefois en ce sens. (Voy. Moyen de Parv. p. 197.)

Cliouserie, subst. fém. (De Chouser ci-dessus.) Sa siiniilicalion est obscène, dans le Moyeu de Parvenir, p. TiO.

Choyer, verbe. Esquiver *. Ménager ^.

* La signification propre de ce mot est prendre garde, du laliri cavere. De là, on a dit chotjer une chose, pour l'esquiver. (Monet, Dict.) Choyé:, moy. (Testam. de Path. p. 119.) On l'emploie encore en ce sens, en Normandie, le peuple prononce couyer.

° Dans le second sens, choyer le teins signifie le ménager, n'en pas perdre. « H l'avoit prié de haster « sa marche, et de choyer le temps qu'il consumoit " ù son préjudice, à de longs entretiens. » (Le Labour, trad. de l'Ilist. de Ch. VI par un moine de S' Denis, p. 124.) On dit, à Lyon, se chouer, pour se ménager. (Falconnet. Voyez ci-après Chuer.) (2)

VARIAIS TES : CHOYER. Orth. subsistante. Choier. Nicot, Dict. Chouer. Montaigne, Essais, T. I, p. 199 (3).

Chre, abrév. Chartre. (Voyez Carta magna, fol. 44.)

Clirenone, subst. fém. Ce mot est employé dans une ordonnance de nos rois. L'éditeur croit qu'il signifie une sorte d'herbe, ou quelque chose

d'une nature à peu près semblable. Sa note porte sur une disposition par laquelle il est défendu de mcllre avec les poissons, dans les paniers de marée, chrcnone... feurre, etc., pour empêcher que les herbes ne les gâtassent. (Voy. Oïd. T. V, p. 253.)

Chresmé, subst. masc. Nous disons au même sens chresmeau (4). C'est ce qu'on met surla tête de l'enfant baptisé, après qu'on lui a donné le saint chrême. (Celthell. de L. Trippault.)

Chrestieiî, subst. masc. aclj. et adv. Homme *. Humain ^. Intelligiblement"^. La singularité de ce mot est remarquable. Il est à la fois substantif, adjectif et adverbe. Je ne parlerois point de sa signification propre qui subsistera toujours.

* Comme substantif, chrestien a signifié, en géné- ral, un liomme(.5). « Ung des plus crueulx t'/rres^^ens « du monde. » (Journ. de Paris sous Ch. VI et Vif, p 1G6, an. 1436.) Le peuple le dit encore.

^ Comme adjectif, ce mot a signifié bumain. « Très solempnel exemple de non désirier les choses « crestiennes » (Eust. De.sch. Mss.fol. 401.) 11 s'agit de la vanité, de la gloire d'Alexandre-lc-Grand.

*= Comme adverbe, on a dit parler chrcstieit, pour parler intelligiblement (6). (Path. Farce, page 64. Hab T. II, p.'^99.)

Balzac l'a employé aussi comme adverbe, mais dans le sens propre, pour chrétiennement, en chré- tien. « Si nous étions au tems des sacrifices, je " devrois sacrifier à Esculape; mais il faut parler « chrétien, et je loue Dieu. » (7)

iVjoutons cette expression particulière, rendre bon chrétien, pour convertir au bon parti, sans qu'il soit question de religion. On lit dans une lettre de .Jacques d'Aubusson, a Pierre de Beaujeu tenant le parti de Charles VIII : « Monsieur de Metz amené, » de Gascogne, jusques au nombre de six à sept " cens honimes, et sommes délibérez. Gressin et « moy, de voir si nous les pourrons faire bons » chrestiens, comme les autres. » (Godefr. Observ. sur Charles VIII, p, 501.) (8)

VARIANTES (9) : CHRESTIEN. Journ. de Paris sous Ch. VI et VII, p. 166. Crestien. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 401, col. 2.

(1) Voyez aussi le reg. .TJ. 120, p. 126, an. 1381 : « Pour cause d'une certaine bûche ou chouquet. » Les tréfileurs et les marins emploient encore ce mot. (n. e.)

(2) On trouve même suer (anglais to suc, supplier) : « Quant ele est seule et enserrée, Cort tenue d'un vilainastre , Vos alez joer et esbatre ; Mais el ne se puet remuer, Tant sache son mari suer. » (Roman de la Poire.) (N. E.)

(3) « .le disois, en mes jours, de quelqu'un en gaussant, qu'il avoit choué la justice divine » (Essais, I, 310), c'est-à-dire esquivé. (N. E.)

(4) On lit à la 69» Nouv. de Marguerite ; « La chambrière ayant son surcot sur la teste à la mode du pays , qui est fait comme un clireineau, mais il couvre tout le corps et les espaules par derrière. » (n. e.)

(5) On disait encore d'une femme : « Loys Daulphin, duc de Guyenne , En bastissant oeste besogne , Print une belle chrestienne Fille du duc de Bourgogne. » (Mart. d'.Vuvergne, dans Richelet.) (N. E.)

(6) Molière a conservé cette expression dans les Précieuses Ridicules (se. vu) ; « Il faut parler chrétien, si vous voulez que je vous entende. » (N. e.)

(7) Le titre de roi Ircs-chrétieit, donné aux souverains de la France , ne remonte pas à François \" ni à Louis XI ; Charles V l'a porté, comme l'indique le prologue de la Cité de Dieu, par Raoul de Prestes : « Et ces choses , mon très redoublé seigneur, dénotent et demonstrent par vray raison , que par ce vous estes et devez estre le seul principal protecteur, champion et deffenseur de l'église, connue ont esté vos devanciers. Et ce tient le saint siège de Rome , qui a accoutumé à escripre à vos devanciers et à vous singulièrement à l'entitulation des lettres : .-1» très chrestien des priiwes. » Ce titre est donné à S' Louis, en 1256, à Philippe-Auguste (1101). (Voir Du Gange, II, 3il, col. 2 et 3.) (N. E.)

(8) .\joutons un proverbe du xvF siècle, relevé par Lerou.x de Lincy dans Gaigniéres (I, 290) : « Juifs en pasques , Mores en nopces, Chrestiens en plaidoyers Despendent leur deniers. » (N. E.)

(9) Aux Serments de Strasbourg, on lit : « Pro Christian poblo. » Dans Eulalie, on it avec abréviation « /pii^n », qu'on peut résoudre en christiien. (x. E.)

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Chetien. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 49.

Cbestian. Ord. des R. de Fr. T. III, p. r42.

Chiustian. Rab. T. II, p. 59, et T. I, p. 37.

Christien. Loix Norm. art. 41.

CnisTiEXE et Cristienne. S. bern. Serm. fr. MSS. p. 254.

Chrestienei", verbe. Faire chrétien, baptiser*. Tenir sur les fonts baptismaux ^.

* Voyez sur le premier sens de baptiser, les Dict. de Monet, Cotgravc et Du Gange, au mot Cliristia- nare. « Les prescha tant qu'ilz se firent chrestien- « ner. >• (Percef. Vol. V, fol. 38 (1).) On disoit aussi se cristianner, pour se faire chrétien. (Conlin. de G. de Tvr, Martène, T. V, col. 639.)

^ Cre'stienner un enfant, a signifié, au second sens, tenir un enfant sur les fonts baptismaux. (Hist. de la Popel. T. I, liv. II, fol. 56.)

VARIANTES : CHRESTIENER.

Chrestienner. Lanc. du Lac, T. II, fol. 45, col. 2. Crestienner. Hist. de la Popel. T. I, liv. II, fol. 56, V». CRtSTiENNER. Chroii. S. Den. T. III, fol. 10. Cristianner. Contin. de G. deTyr Martene, T. V, col. 639. Christianer. Journ. de Paris, sous Charles VI et VU, pages m et 136. Chripstianer. Fabl. MSS. du R. n" 7218, 127, col. 1. Christianizer. Cotgrave, Dict.

Chrestienté, subat. fém.Les gens d'église*. Les hommes ^. Le corps humain •=.

*0n a dit eresHenté, cort ere&tianté et cour de chrestienté, pour la juridiction des gens d'église, l'ofOcialité. la justice ecclésiastique, opposée i\ la justice laïque. iDu Gange, auxmotsC//ris/«aju/as(2), Chrislianare, et Gloss. sur les Goût, de Beauvoisis.) De lu, plait de chrestienté, dans Du Gange, au mot Placitiim (3), col. 524. 11 est mention de « maistre « Aubery, doyen de \a.chrcstie7ilé de Dijon »,dans un titre de 1269, cité par le Labour., de la Pairie, p. 254. 11 y avoit « un doyen de la chrestienté de <■ Lille », titre de 1616, cité par Goujet (Bibl. fr. T. XIY, p. 2G6.)

^Chrestienté (4) désigne, en général, les hommes, par opposition aux animaux, dans cette expression qui subsiste parmi le peuple : Dieu bénisse la chres- tienté. (Dict. Univ.)

•^On dit encore, parmi le peuple, en parlant d'un homme sans souliers, qu'il marcfie sur la chres- tienté, c'est-à-dire sur sa chair nue. (Longuer. T. I, page 64.)

VARIANTES : CHRESTIENTÉ. Du Cange, Gloss. lat. au mot Placitum. Chre.stianté. Perard, 11. de Bourg, p. 1614, tit. de 1266. Crestiicnté. Contin. de G. de Tyr, Martene,T. V, col. 614. CiiHETiANTÉ. Ord. T. III, p. 471. CiiRiPSTiENTEZ. Fabl. MSS. du R. 7218, 186, col. 2.

Chrisopras, subst. fém. Pierre précieuse. Les différentes orlhographes de ce mot, qui se trouvent confondues dans nos Diclionn. modernes, sont dis- tinguées dans nos anciens auteurs. A l'article XI, du livre de Marbodus de Gemmis, on lit sur la chriso- lite (5), que nous appelons aiguë marine (Falc):

Cbrisolile fait a amer.

Si a semblant d'eve de mer

Enz (dedans) a un grain d'or, el milou,

Si estencele cume fou.

Marbodus de Gemm. p. 1(U8.

On Irouvela définition de lachrysopraze, art. XV : CHsopnis vent d'Inde majur (6) De jus de purret en a culur Gutte est d'or éteinte purpurie.

Ibid. page 1B5.

Cette distinction se remarque aussi dans cette description d'un palais enchanté, « dont le pre- « mier fondement est jaspe, le second saphir, le « cinquième sardonix , le sixiesme sardonie, le « sepliesme chrysolite : le huitiesme berille, a le neufiesme topaze, le dixiesme ehrysopraze. » (Garthen. voyage du Gh" Err. fol. \:m.)

On appelle chrijsoprasus{l) toute pierre verte qui a l'éclat de l'or. (Boos. de Gem.liv. II, cap. 59.)

VARIANTES : CHRISOPRAS. Marbod. de Gemm. p. 1652. Chrisopraze. Marb. col. 1652 et 1685. Chryscpraze. Carthen. voy. du Chev. Err. fol. 156, V». Crisopace. Marbodus, col. 1678, en latin Crisopacioii. Crisopbase. Marb. col. 1652 et 1685. Criselectre. Marbod de Gemm. art 59, col. 1676. Crisolectre. Marb. art 59, col. 1676, en lat. Cnseleclvus. Crisolite. Marbodus, col. 1648 et 1686. Chkysolite. Carth. voy. du Chev. Err. fol. 156, V». Chrisolite. Marbod. de Gemm. p. 1648. Grisolite. Marb. col. 1685, en latin GrxsoUtus.

Cliristaudin, subst. masc. On s'est servi de ce mot pour désigner les Huguenots. Beze disoit : « Christaudin, n'étant encore en usage le mot de « Huguenot. » (Hist. des Egl. Réf. liv. II.) Pasquier, dans ses Rech. p. 738, s'exprime ainsi ; <> Telles « manières de gens avoient esté appeliez , dès « nostre jeunesse, Luthériens, à cause de Martin

(1) On lit déjà dans Partonopex (Du Cange, II, 340, col. 2) : « Li quens s'est mainte fois penez Qu'il fust par lui crcsiienez. » Dans Renard, on lit aussi (id. 342, col. 2) ; « Drouin, fait-il, par S. Orner, Tu le feras chrestienner. Si tost con Ijaptisiez seront. Jamais de ce mal ne cherront. « Enfin, Froissart dit aussi (II, 341) : « Et pris le roy qui s'estoit de son temps crestiennés. » (N. e.)

(2) Il cite les mss. de Corhie : « El le tere dehors le pont de Thanes dusques as Maillieres , ensi come les bonnes le demonstrent, sauve le clireslienlé de l'église devant dite, et che ki appartient à le chrestienté. » (n. e.)

(3) Ed. Henschel, V, 279, col. 1. (n. e.)

(4) C/iresrîe)i(é signifie aussi baptême Icelle Marguerite enfanta d'un filz, vif, qui ot chrestienneté. » (JJ. 153, p. 397, an. 1398.) « Les exposans mirent l'enfant sur un estai au devant de la maison Dieu d'Amiens,... et assez près dudit enfant misdrent du sel, en signe de ce qu'il n'estoit pas baptisié... lequel enfant receut crestienneté et batesme. » (JJ. 162, p. 236, an. 1408.) Il signifie aussi autorité spirituelle (Chr. de Rains, 244) ; « Sire, vous restés hors de la main l'arcevesque quant à laie justice ; vous n'avés riens fait, se vous n'iestes hors de sa crestienté. » (n. e.)

(5) C/(»yso/i(/ie est le terme générique désignant les pierres précieuses d'un jaune verdâtre : « Et bons coraus, et crisoliles, Et diamans, et ametistes. » (xiii« siècle, Romancero, p. 59.) On lit encore dans Yver (xvi' siècle , 604) : « La poignée estoit d'un chrijsolitlie, et le pommeau d'un fin rubis. » (n. e.)

(6) On lit aux Emaux de De Laborde (xiv« siècle, p. 213) : « Crisupacc est une pierre d'Antioche. Il est une aultre espèce de crisopace en Vnde, qui est verde comme ung porret. » (n. e.)

(7) L'étymologie est/çixrèf, or, et nçàaos, poireau. C'est une agate teinte par l'oxyde de nickel, (n. e.)

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« Luther, depuis Calvinistes, et d'un mot général « sacramentaires. Le peuple, n'estant plus si effa- « rouelle encontre eux, commenta de leur donner « certains noms, par forme de sobriquets : je les » ay veus vers ce temps, les appeller, par quelques » uns, christodins. parce que, ne parlant que de « Christ, ils se puhlioient chanter particulièrement « hymnes, et pseaumes à Dieu. " On disoit : » Crier « au Luthérien, et au christaudin. « (Voyez La Planche, Estât de la Fr. p. l'iS, et Dial. de Tahur. page 99.)

VARIANTES : CHRISTAUDIN. La Planche, Estât de la Fr. p. 125. Christodin. Pasq. Rech. p. 738. Christhaudin. La Planche, Estât de la Fr. p. 125.

Clu-istifere, &uhst. masc. Porte-Christ. JNom donné à Gerson, pour exprimer son zèle. On l'appe- loit docteur christifere, irrépréhensible. (Les Tri. de la Noble Dame, fol. 334.)

Christofle, subst. masc. Nom propre. On a dit : par le fardeau de S. Christofle, c'est-à-dire par .fésus- Christ. (Rab. T. lU, p. 19.-).)

Saint Christophe de Pâques fleuries, se disoit comme une espèce d'injure (1): « Pour ce je me moc- « que de toy, va te faire penser par mon barbier, « et il ne t'en coûtera rien à te faire déclarer vray « S. Crislophe de Pâques fleuries. » (Moyen de Parvenir, p. 106.)

VARI.\NTES :

CHRISTOFLE. Rab. T. III, p. 195. Cristophe. Moyen de Parv. p. 106.

Chroniqueur, subst. masc. Chronologiste (2). (Nicol, Oudin, Cotgrave, et les Epith. de M. de la Porte.)

VARIANTES : CHRONIQUEUR. Nicot, Oudin, Dict. Chronicleur. Chroniste. Oudin, Dict.

CIh's. Cette abréviation nous paroit difficile à expliquer. Nous citerons le passage entier on la trouve. On lit, dans « la Balade du Caresme M"" et « deux, qui fut très grevable h mainte gent <> :

J'ay XL ans, passé la quarantaine, Maint dur karesme avec les un temps, Qui ne me firent onques le qnart de paine Que cilz ci fait, pour ces mauvais harens, Caques, et sors, jaunes, noirs, et puens, Mal en sausses, viez merlans, hors de saison,

Poys, fèves, clirs (3) sont, et tuit U poisson . De rivière, d'estans, et de la mer. Riens ne valent ; nulz ne les doit amer: De tout mon temps ne vi si dur caresme.

Eust. Deschamps, Pofs, MSS. fol. 324, col. \ et 2.

Chucades, subst. fém. plur. Sucreries.

J'ay veu deux ou trois isles. Trouvées en mon temps. De chucades fertiles.

Molinet, p. n.^.

C'est-à-dire fertiles en sucre, que le Picard pro- nonce chuque, d'oii chucade, comme limonade de limon. (Falconnet.)

Chuchoter, verbe. Chucheter. Parler bas à l'oreille. (Dict. de Cotgrave. Voy. Mém. de Sully, T. I, p. 405 (4).)

Chuchottement, subst. masc. L'action de chucheter. Discours à voix basse. (Essais de Mont. T. I, p. 550.) (5)

Chucre, subst. masc. Sucre. On disoit prover- bialement :

Plus doux que chucre.

Hîst. des Trois Maries, en vers, MS. p. 316.

Plus doux assez que ne soit chucres ((\).

Ibid. p. :.îi.

On lit cucre, dans les Ord. T. II, p. 320 (7). « La baie « de cucre brisié, trois sols ; la baie de cucre de « Chypre, la baie de cucre entier, siz soûls. » On écrivbit aussi entre; c'est une faute. « La balle de a entre entière vi s. » (Gloss. de l'IIist. de Paris.)

VARIANTES : CHUCRE. Hist. des Trois Maries, p. 130. Cucre. Hist. de S" Léoc. xMS. de S. G. fol. 30, col. 2. CuTRE. Gloss. de Paris.

Chuel, subst. masc. Voyez le Gloss, de Labbe, p, 494, qui ivAùmichuel, par le mot latin cerinda (8) qu'il explique ainsi : « Le bois sur lequel est « démené le chuel. »

Chuenel, subst. masc. Crâne. L'os coronal, selon Borel, 1'" add. Il ne cite aucune autorité. Peut-être a-t-il mal lu chuenel, pour chuevel, la partie de la tête couverte par les cheveux.

Chuev, verbe. Flatter (9). DuCauge, Gloss. lat. au mot Mitificare, cite un vers du Rom. delà Rose :

Il se set bien amoloier. Par cliner, et par souploier.

Ghuette, subst. fém. Chouette, hibou. Il est

(1) « On appelle ainsi un âne, parce que Christophe (Chrisloptiorus) signifie Porte-Christ, et que .Tésus était monté sur une âuesse lorsqu'il fit son entrée à .Jérusalem, le jour des Rameaux ou de Pasques fleuries. » (Ducatiana.) (N, E,)

(•2) « Et pour advenir de ceste affaire tous ceulx qui prennent plaisir à lire et escouter les faitz de la guerre , moy, cliriDiiquenr, ay oy dire et raconter. » (.>cv« siècle, bibl. de l'Ec. des Chartes, série, t. I, p. 430.) (n. e.)

(3) Il faut lire chers. (N. E.)

(4) Voici le passage de Sully : « Messieurs... qui chuchottent l,à vers la cheminée aux oreilles les uns des autres. » On lit aussi dans la Sat. Menippée (p. 95) : « Furent veus les princes et princesses cliuchetcr en l'oreille l'un de l'autre. » (n. e.)

(5) On lit dans Montaigne, d'après Dochez : « Il y a des choses qu'on ne dit encore qu'en chuchotement. » (n. e.)

(6) On lit aussi aux Péages de Péronne (Cart. de Corbie, Du Gange, II, 343, col. 3) : « Item ungz homs qui porte chucre, doit .vj. den. » Dans Bauduin de Sebourc (XI, 516) on Ut de même : « Gingembres et canele, st chucre, et asur bis. » (n. e.)

(7) Cucre est la forme du xir siècle: «Et destrampe suie de miel, et mesle cucre avoeques fiel. » (Cliev. au Lyon, V. 1403.) (N. E.)

(8) On lit au Glossaire lat. fr. 7613 ; « Cerintha, ital. cerinta. gall. paquette. » (n. e.)

(9) Comparez plus haut choyer ; on lit dans la Rose (v. 7425) : « Maie Bouche et tous ses parens, A. qui ja Diex ne soit garans. Par barat estuet barater. Servir, chucr, blandir, flaler, » De même au v. 7430 : « Il fait trop bon le chien chuer, ■Tant qu'on ait la voie passée. » Dans Renard (v. 21897) il signifie hujr : « Li est venuz Renart devant En sa voie parfont chuant : Ahi, fait il !... » (n. e.)

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aisé de reconnoilre notre mot chouette dans la plupart des orthoiira plies ci-dessous. Nous ne cite- rons d'exemples que pour celles qui sont moins reconiioissables. On peut d'ailleurs consulter aïonet, Mcot, Cotgrave, Ménage, Oudin, Gloss. de Marol, etc. (Voyez Ceiouktte ci-dessus.) Monet, après le mot chouette, avertit que, dans le Lyonnois, on dit civette; et Nicol, après le mot chuca, nous avertit aussi que les Picards disent cauëtte(\).

On lit dans S' .lulien « que la chevesche estoit le " signal, et enseigne ordinaire des Athéniens. » (Mesl. hist. p. 542.)

VARIANTES (2) : CHUETTE. Molinet, p. 143. Chevêche. Oud. Dict. Chevesche. Civette. Monet, Dict. CA.UETTE. Nicot, Dict. Coete. Hist. de S'« Léocade, MS. de S. G. foi. 29.

Chueur. suhst. masc. Complaisant. On a dit : « L'escuyer chueur, ou flateur se descorde de roffice « de clievalier. Car l'homme chueur, ou flatteur a « corrompu intention, par laquelle corruption est « destruite, et corrompue la noblesse qui affiert au « couraige de chevalier. » (Ordrede Cheval., fol. 11.)

Chuinc, nomb. indecl. Nous remarquerons, sur ce mot, cette expression singulière : cinq cinq ans pour vingt cinq ans. (Lanc. du Lac, T. I, i" 137.)

variantes : CHUL\C. Carpentier, Ilist. de Cambray, p. 31 . Chunc.

Chuinck. Carpentier, Hist. de Cambray, T. II, p. 29. CiUNC. Duchesne, Gén. de Beth. p. 47, tit. de 1248. Chiunc. Titre rapporté par Heauman. p. 418. Chinq. Ane Reg. cités par La Colomb. Th. d'honn. p. 61. CiNC. Pérard, Hist. de Bourg, p. 449, tit. de 1241. CiNK. Ryraer, T. I. p. 114, col. 2, tit. de 1270. Cinq. Orth. subsist.

Chuite, subst. fém. Pot, baril. « La chuite « d'huile d'olive, 18 deniers; le tonncl d'huile d'olive, xii sous. « (Gloss. de l'Hist. de Bret.)

Chukaut, partie. Peut-être couchant, ou tou- chant, voisin. (Carp.,Hist. de Cambray, T. Il, p. 28.)

Chupier. [Intercalez Cltupier, ouvrier en chupperie, corroyeur, aux Ordonnances, t. VI, p. 120, art. 13, an. 1372,] (n. e.)

Chuquer. [Intercalez Chuquer, jouer au billard en Languedoc : « Comme iceulx jouassent à un jeu « nommé au pays chuquer. » (.1.1. 162, p. 233, an. 1408.)] (n. e.)

Churles, subst. [ém. (3) Ciboule blanche. (Dict. d'Oudin.)

Churlupcr, verbe. Trinquer, boire avec excès. C'est le sens de ce mot, selon Oudin, Dict. et Curies, franc.

variantes :

CHURLUPER, Chculupper.

Churquette, subst. fém. Ratière, souricière. Mot picard. (Nicot, Dict.)

Churriaus. [Intercalez C/uoTirtKS, draps en loques, dans (Juigneville (Du Cange, V, 00, col. 2) :

D'un ort et viel burel vestue

Rattasselé de cluslriaus

De vies panifies et churnaus.} (n. e.)

Chy, adv. Ci, ici. Ctn commence le premier cha- pitre. (Beauman. p. 7.) On disoit : de cye en avant, pour d'ici en avant, dorénavant. (Carta Magna, fol. 139.) Chi iluec, pour ici. C'est un pléonasme dans ces vers :

Je voi bien que Diex vos amis Ci illuec, pour parler ensemble.

Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 320, col. 1 .

On écrivoil aussi ci, pour si tellement. (Voyez l'art. Si.)

variantes :

CHY. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1374.

Chi. La Thaumass. Coût. d'Orl. p. 14465.

Ci. ViUehardouin, p. 55.

Cy. Orth. subsistante.

Cye. Carta Magna, fol. 139, V».

Kl. Borel, Dict. Ph. Mouskes, MS. p. 5.

Qui.

Cliyboille, subst. fém. Boîte aux saintes huiles. Cotgrave rend la signilication de ce mot par ciboire; mais elle est déterminée pour la boite aux saintes huiles, dans le passage suivant :

Ly donne cil communion...

Et puiz ly donne la sainte oille,

Qu'illec tenoit en sa clnjhoilli:.

Hist. des Trois Maries, en vers, MS. ji. 423 (4).

VARIANTES : CHYBOILLE. Hist. des Trois Maries, en vers,MS. p. 423.

CiBOILLE.

Ci, adv. de lieu et de temps. Ici. Le mot ci, dans S. Bernard, répond dans le lat. aux molshicelhuc. " Entre ci e ke Pakes «, pour d'ici à Pâques. (Rymer, T. I, p. 109, tit. de 1268.)

Cibaire, adj. Alimentaire. « Deffendons à nos >< dits officiers de demander, ne se faire payer « aucuns despens, non pas mesme cibaires, aux « communautez. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 1241.)

Ciboire, subst. masc. .\rmoire (5). (Dict. de Borel, qui dérive ce mot du grec mSùygioy, arcula.)

(1) La forme wa'lone est chawète ; la forme normande est caiiveltc, au sens de petite corneille, (n. e.)

(2) Christine de Pisan (.Charles V, III, ch. 4) donne une variante : « De tant, dist-il, comme les yeuls des suetes ou des chauve-souris sont inhabiles à recepvoir la clarté du souleil. » (N. E.)

(3) Cltnrleau est encore le nom vulgaire du panais sauvage. (N. E.)

(4) Cette citation est reproduite aux Emaux de De Laborde (p. 214) ; chyboiUe suppose cibucula, comme quenouille vient de canucida. (n. e.)

fS) On lit au reg. .IJ. 176, p. 278, an 14i3: « Le suppliant print dedans le ciboire ung calixe avec lequel estoit enveloppée une petite boite dedens laquelle estoit le corps de Nostrc Seigneur. » Dans une charte de 1526 (Du Cange, 11, 346, col. 2) on a une forme différente ; « Lequel Cocquet a prié et requis audit Adam Briffant que son plaisir feust lui permettre de pouvoir mettre... une lampe devant le ciboingne de Péglise dudit Senuc. » On lit encore aux Miracles de la Vierge (Du Cange, id. &i5, col. 3) ; « Li fiex au bon roy Charlemaine... Nous donna sainte Leochade, fu grant tans en no chiboire Leis saint Maart, leis saint Grégoire. » (n. e )

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Cibole, subst. fém. Ciboule*. Partie d'une massue^.

*Ce mot se disoil, au premier sens, avec une légère diflerence dans la layon de l'écrire (I) :

En civos, ou en poriaus,

En poi novel, ou en t-ito/es, En ni de chanvre, etc.

Fabl. MSS. du R. 7218, fol. 176, V- col. 1.

*0n s'est aussi servi de ce mot pour signifier la partie la plus grosse d'une massue, la crosse, par allusion vraisemblablement à la forme d"une ciboule.

Jehans qui tint la maçue,

Oui moult ot grosse la cihole,

Felonessement (rudement) le rebole (repousse).

Fabl. MSS. du R. ii- 7-218, fol. 12, R- col. 1.

Ciborées, subst. fém. plur. Espèce de ragoiits. Peut-être a-t-on entendu par ce mot des ragoûts ù la ciboule. Voici le passage :

Après viennent ces ciborées,

Et de porions (poireaux) oez porées (ragoûts de poireaux) ;

Oitres, et hennons au civé.

Viennent enprès (après) tuit abrivé (tout à la hâte).

Bat. de Quaresm. MS. de S. Germ. fol. '.)2, R" col. 3.

Cibory, subst. masc. Charnier. Dans le patois d'Auvergne, lieu oii l'on conserve les ossemensdes morts. (Voyez Du Gange, au motCibori'tm.) (2)

Cicad, subst. Espèce de tleur ou d'herbe. Pris allégoriquement, ce mot désigne un amour durable, dans Recr. des Dev. amoureux, p. 39.

Cicamus, subst. masc. Sorte d'étotîe. (Borel, qui cite Perceval.)

Cicaut, subst. masc. Nom propre. On juroit par saint Cicaut.

Foi qui doi Deu, et saint Cicaut Il pert trestot, au derrien.

Fabl. MSS. du R. n' 7015, T. H, fol. 153, V', col. 1.

Cicbarou. [Intercalez Cicliarou, poisson ^B. N. 1. 6838. c) : « Saurus, a nostris saurai vel sieurel « dicitur, ab aliquibus nostrorum gascon, a santoni- « huscicliarou, aGal!is?Hrtgife?"m(t baslard. '>](n. e.)

Cichei'ée, subst. fém. Chicorée. (Dictionn. de Monet. Voyez les Epith. de M. de La Porte.)

VARl.OTES : aCHERÉE Dict. d'Oudin. CicoKÈE. Id. ibid.

Ciclatuns. [Intercalez Ciclatuns (Roland, vei's 846) , étoffe de soie. Les plus beaux ciclatons venaient de l'Espagne musulmane (V. Fr. Michel, Recherches sur lesétoffes de soie, d'or et d'argent, 1,220). L'arabe a la forme siklatoun, mais le

bas-latin employait cijclas. On lit encore au Roman de Garin :

Si a vestu un hermin peliçon,

Et par deseure un vermeil ciglalo»,

Mantel a riche, qui n'est raie trop Ion.

Du Gange, II, 73), col. 3.] (N. E.)

Cicogne, subst. fém. Cigogne. On disoit autre- fois : Contes de la Cigogne, dans le sens nous disons : Contes de ma mère l'Oye. (Gotgr. Oudin, Dict.) Remoitrances de la cicongne (3). Cette façon de parler proverbiale se trouve employée dans la Défense pour Est. Pasq. p. 402.

VARIANTES : CIGOGNE. Oudin, Dict. CicoiGNE. Nicot, Dict. Sycoigne. Eust. Desch. Poës. MSS. CiGOiGNE. Nicot, Dict.

Cyngongne. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 290, col. -2. CiGON'GNE. Défense pour Est. Pasq. p. 402.

Cicoigneaux, subst masc. plur. Les petits de la cigogne.

VARIANTES :

CICOIGNEAUX. Sag. de Charron, p. 547. CiGOGNEAULX. Rabelais, T. IV, p. 252.

Cicii taire, subst. masc. Sorte de ciguë (4). (Dict. d'Oudin.)

Cid (le), subst. masc. Ce tilre d'une tragédie de P. Corneille donna lieu à cette façon de parler pro- verbiale ; Cela est beau comme le Cid. Elle étoit en usage du temps de Pelisson, suivant son llist. de l'Acad. fr. in--i", p. 04; mais elle tomba quelque temps après, suivant l'Hist. de la même Acad. par l'abbé d'Olivet, T. II, p. 18i.

Ci-demain, adv. Le lendemain.

Ci-demain vont la messe oïr. Puis s'en voloient départir.

Fabl. MSS. du R. n- 7089, fol. 17, V- col. 1.

Cief. [Intercalez Cief, suif : ■■ Chandelles de « cief. » (JJ. 87, p. 226, an. 1359.)] (n. e.)

Ciel, subst. masc. Ciel, dais, poêle* (5). Palais^.

Le pluriel ciels et cieulx est employé pour les cieux dans S' Athan. Symb. fr. 20 traduct.

* Outre les acceptions subsistantes du mot ciel, ce mot s'est pris souvent pour dais, poêle ou autre chose semblable. On le trouve, dans les anciens auteurs, synonyme à dais, poêle, h dosseret:^. On voit himmelz dans le même sens, au Gloss. lat. de Du Cange. Le mot allemand hiinmel signifie ciel. >' Le roV entra en la ville; sur lequel quatre gentils i. hommes, et chevaliers demeurans en icelle por- » terent un ciel, ou dais et estoient toutes les

(1) Au Martyr de S' Etienne (xv= siècle) on lit encore : « Meschant, tu as puante aleine, Avale moy caste ciboule. » onne ciboulles (XVIII, 43) ; enfin 0. de Serres écrit (510) : « Les cibouilles ou civots|participent de l'oignon et du pour

Paré donne ciboulles (XVIII, 43) ; enfin 0. de Serres écrit (510) : « Les cibouilles ou civots|participent de l'oignon et du pourreau, tenans de l'un la figure, et de l'autre la saveur. » (N. E.)

(2) Ci6ori»)/i a d'abord désigné l'une des quatre enveloppes de l'autel dans les basiliques (t. III, p. 351, note 3); il a désigné ensuite le jubé (ms. de 1301, cité par Du Cange, II, 346, col. 2) ; enfin, ajoute-t-il : « In pluribus Arverniae locis ciboni lingua patria locus est concameratus, in quo reponuntur ossa defunctorum. » (N. E.)

(3) On lit dans Rabelais (Pantagruel, II, 19) ; « Cependant Panurge leur contoit les fables de Turpin, les exemples de S' Nicolas et contes de la ciguoi>iijiie. » On Ut aussi dans la Comédie des Proverbes (act. II, se. II) : « Seigneur docteur, ce que je vous dis ne sont point des contes de la cicoigne. » (N. E.)

(4) Cicata virosa de Linné. (N. E.)

(5) Ciel désignait encore le lambris remplaçant la voiite d'une chapelle : « Dix huit ais de blanc bois, dont on fist le chiel de la dite chapelle. » (Bulletin du comité de langue, t. II, n" I , p. 54, xiv» siècle.) (n. e.)

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« rues par ils passoient tendues à ciel. » (.f. Chail. Hist. de Charles Vil, p. 209.) « Avoit sur " le chef du dit duc, uu drap de soye, de couleur " Inde, et qualire clochettes d'or sounautes, et » porloyenl le dit ciel quatre bourgeois de Dou- « vres. " (Kroissart, liv. IV.)

On lit: ciel, aulroneiit poésie, dans Pasq. Rech. p. 753. Ciels, ou dossercts, dans les Ilonn. de la Cour, Mss. p. 74. ('iel d'autel, pour dais, dans le Gloss. de l'Hist. de Bret. (1)

On nommoil ciel entier le dais qui couvroil la table tout entière :

De sùye et d'or le courtinet opèrent, Et ly coyssins sont richement ouvré Dessus les liz, le liault doys apresté, Un ciel entier, sur la table ordonnèrent.

Eusl. [lesch. Poi's. MSS. fol, 7G, col. 2.

Aux obsèques de FranyoisI", il y avoit un grand ciel porté par les princes (2). (Mém.du Bellay, T. VI, p. 154.)

On tendoit les rues à ciel, dans certaines fêtes ou réjoui-ssances publiques, pour garantir du soleil ou de la pluie.

Toutes les rues estoienl parées, Et tendues à ciel richement.

Visil. de Charles VU, T. II, p. 77.

« Ils firent tendre les rues à ciel. » (Hist. de la Pucelle d'Orléans, p. 519.) On disoil aussi couvrir à ciel. (J. Ghart. Hist. de Charles VII, p. 209.) Cette tenture se faisoit avec des toiles, etc., qui formoient une espèce de dais le long des rues.

"Ciel est employé pour palais dans le passage suivant : « Les Bretons, et autres avoienl entrepris « d'entrer à Rouen par dedans le ciel, ou palais de « la dicte ville. » (Cluon. de Louis XI, p. 76.)

L'expression : // n'ij a personne sous le ciel, est d'usage ; mais nous remarquerons son ancienneté, puisqu'elle n'est cjuc la traduction de l'expression latine homini sitb ccelo, qu'on trouve dans Du Cange, au mot Dicoj'rit (3).

On disoil aussi :

Sos dès n'eut plus gente beste.

Fabl. MSS. du R. n- 79S9, fol. 57, V- col. 2.

VARIANTES : CIEL. Orth. subsistante.

SiEL. Fabl. MSS. du R 7D89, fol. 57, V', col. 2. Chiel. ViUehard. p. 189, Beaumanoir, p. 2. Ciels, phir. pour cieux. S \thnn. Symb. fr. 1' frad. Chieus, plur. Modus et Racio, MS. fol. 190, V».

CiEULx, plur. S. Athan. Symb. fr. trad. Cius, plur. Fabl. MSS. du R. 7218, fol. 244, col. 1. CiÉs, plur. Fabl. MSS. du R. n" 7982, fol. 57, col. 2. CiEX, plur. Fabl. MSS. du R. 7615, T. II, fol. 173, V".

Ciclin, adj. Céleste. (Dict. de Cotgrave. Voy. Epith. de M. de La Porte.)

Cierce, subst. masc. Nord-nord-ouest (4). Vent d'occident. (Du Cange, au mot Circius.) On lit : " Vent de Languedoc, que l'on nomme cierce >>, dans Rabelais, 'ï. IV, p. 181. Mais plus communé- ment vent de cers, dans les auteurs des pays méri- dionaux. (Falconnet.)

Borel explique cers par vent du nord, et Gon- douli, cité par Du Cange, l'oppose aux vents du midi. (Dict. Etym. de Ménage, et Astruc, Hist. nat. du Languedoc, p. 338.)

VARIANTES ', CIERCE. Rabelais, T. IV, p. ISl. Cebs. Dict. de Borel.

Ciercele, siihst. fém. On a dit en parlant des Sarrasins fuyant à la vue de Roland, à la bataille de Roncevaux :

Tôt ansement (ainsi que) coume la ciercele (5),

S'enfuit par devant l'esprivier,

U (ou) par rivière, et par gravier.

Si s'enfuient, par devant lui ;

Des Sarrasins n'i a celui

Qu'il n'osent atendre son cop.

Ph. Mouskes, MS. p. 200 cl 201.

VARIANTES : CIERCELE, Ph. Mouskes, MS. p. 200 et 201. Sarcelle.

Ciercer, verbe. Parcourir, tourner autour. Ce mot vieiiL du latin circumire. « Li fins du Marchis « ciei'ça la cité, pour voir se ele estoil bien garnie « de vitaille, et si comme il cerchoit, il trouva les « bannières de Salehadi. » (Du Cange, Gloss. lat. au mot Circare (6).)

Si ot cierkiés, et mons, et vaus.

Ph. Mouskes, MS. p. 204.

VARIANTES (7) : CIERCER. Du Cange, Gloss. lat. au mot Circare. CiERKiER. Ph. Mousk. MS. p. 196.

Ciercheverie, subst. fém. Ce mot est vraisem- blablement une faute, pour tierchenerie ci-dessus, qu'on trouve dans une citation françoise du Gloss. lat. de Du Gange, au mot Tertiaria, 3 (8). C'est l'amo- diation d'un bien ou des fruits au tiers.

(1) On lit encore au reg. .1,1. 84, p. 153, an. 1355 : « Un ciel d'une chambre de sarge vert, prisé .xvni. escus. » (n. e.)

(2) On lit aiibsi dans C;irloi.\ (III, 17): « Et firent ester de dessus son berceau les ciels, poisles et daix qui y estoient, avec les rideaux et tour du liet. n (n. e.)

(3) « Trado tibi... villam... sitani in pago Venedia... sine rendo, sine opère dicofrit, difosot, et sine uUa re homini sub ccelo. » (Dom Lobineau, Hist. de Bret.ngne. Il, col. 24.) (n. e.)

(4) C'est le mish-nl, qui, d'après Diodore de Sicile (V, 27), soulève les rochers et démonte les Gaulois en les dépouillant de leurs manteaux. Strabon parle du Mélamborée (IV, I, 7), du Borée noir de la Narbonnaise, que Pline (II, 46, 4) nomme Circius : « In Narbonensi provincia clarissimus ventorum est Circius, nec uUo violenlia inferior ;... non modo in reliquis li partibus ignotus est, sed ne Viennara quidem, ejusdem provinciœ attingens. » Comparez Aulu-Gelle, II, XXII, 20 et 22 ; Sénéque, Quest. Natur. V, 17 ; Lucain, Pharsale, I, v. 408; « Solus sua littora turbat Circius. » (N. E.)

(5) On trouve dans les Etudes d'agriculture normande de M. Delisle (p. 58) la forme cercetle; c'est la sarcelle, en latin querqucdula. (N. E.)

(6) Ed. Henschel, II, 359, col. 1. (N. E.)

(7) Froissart donne la forme cierqaier : « Et cierindérenl tout le jour les camps et tous les mors (V, 74). » (N. E.)

(8) On lit au Cartulaire de S' WandriUe (t. I, p. 161, an. 1296); « .le, Guillaume,., sui tenu à rendre et à paier d'an en an... à hommes religieux... de S. Vendrille dix sols et sept deniers t. d'annuelle rente pour la raison de la ciercheverie des frus crosans en une acre et .xxix. pieches de terre, que lesdits religieux ont franchi de ladite ciercheverie à moi... à tenir et à avoir ladite rente pour ladite tierchenerie. » (n. e.)

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Cierge, subst. fém. Biche. On reconnoît aisé- ineiU le mot latin cerva dans le mol cerve, et l'allération est légère dans cierve. De là, on a fait cierge, par la transformation de l'r» consonne en g. Nous en avons d'autres exemples. On a fait gaine de vagina, guêpede iifsyvrt, etc. {l)Borel cite ces vers d'Ovide, ms.'Lb poëte dit, en parlant du sacrilice d'Iphigénie :

En leu de la belle, fu mise,

Une cierge et sacrefiée ;

Si fu la déesse apayée (satisfaite.)

VABUXTES : CIERGE. Borel, Dict. Cierve. Corneille, Dict. Cerve. Percef. Vol. V, fol. 56, col. 1.

Cierge, subst. masc. Flambeau, torche*. Chan- delier^. Bâtons d'un dais'^.

* Nous disons encore cierge, pour les chandelles de cire dont on se sert dans les églises. On le disoit, autrefois, non-seulement dans ce sens , mais pour toute espèce de chandelles et flambeaux. « Les « gardes, qui faisoient sentinelle aux portes du « palais de Charlemagne, avoient une espée nue à « la main droite , et en la senestre un cierge « ardant. » (Chron. S. Denis, T. I, fol. 144.)

On lit charge ardant, dans les Tri. des IX Preux, p. 452. Les cierges de cire, dont il est parlé dans les Ord. T. 111, p. GG6, donnent lieu de conclure que tout cierge n'étoit pas de cire, et que cierge étoit un mot générique. Le mot chandelle se trouve cepen- dant quelquefois opposé îi cierge ; par exemple dans Lauc. du Lac, T. 11, fol. 13. » II n'y avoit ne « cierge, ne chandelle. »

^Cierge pour chandelier a été moins usité. H est pris en ce sens, dans les vers suivans :

De sor la nape ot (il y eut) deitx broussins, il avoit cierges d'argent.

Fabl. MSS. de S. G. fol. 65, V col. i.

Ce mot s'est dit pour un bouchon de paille qu'un moine lient à la main, comme un cierge, en faisant ses nécessités, et qui devoit lui tenir lieu de la pierre de ponce employée par les Grecs au même usage, suivant Aristophane :

Si s'est assis à un pertuis (trou), Et tenoit un cierge en sa main, S'a conneu le secretain.

Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. 89, V col. 2.

•= On a nommé cierges les bâtons à porter un dais ou poêle. " Quatre varlelz tiennent un paille à u quatre cierges, et dessoubz ce paille, chevauche « une damoyselle moult richement aornée. » (Lanc. du Lac, T. 1, fol. 44.)

VARIANTES (2) : CIERGE. Orth. subsistante. SiERGE. Hist. des Trois Maries, en vers, MS.

Chierge. Mém. d'Ol. de la Marche, liv. II, p. 497. Cerge. Parlon. de Blois, MS. de S. G. fol. 127, col. 3 (3). Charge. Tri. des IX Preux, p. 452 et 453, col. 1.

Ciergier,S!(?*s/. masc. Cirier. Ouvrieren cierges, selon Monel, Dict. On donne encore à Tours ce nom aux épiciers, parce qu'ils vendent des cierges (4).

Giers. [Intercalez Ciers, cas sujet fait sur certtis :

Puis r'ot plevie cis Robiers

La fille à Lascre ; j'en suis ciers.

Ph. Mouske? (Du Cange, II, 29i, col. 3)]. (N. E.)

Cietile, subst. Peut-être faut-il lire cieuté, qui pourroil avoir été dit pour cité, ville capitale. Du Gange, au mol Hetropolitanns, c\le]e Gloss. lat. fr. de S. G. l'on trouve que « Metropolitanus c'est « sires, ou archevesque de Cieule (5). »

Cieus. [Intercalez Cicus, ciuz, aveugles [cœci):

Les cieus véeir, et o'ir cher Les sorz, e si parler les muz.

ChroD. des ducs de Norm., v. 24080. Les surz oïr, les muz parler Et ciu: veanz.

Thomas le Martyr, v. 1289. Car ainz fut dus e ore veit. La Résurreclion fTb. Franc, au m. -à., p. 15, v. 145).] (N. E.)

Ci fait, affirm. Oui. Le peuple dil encore si fait en ce sens : « Je dis que ci fait, par les raisons que « je ai autrefois dites. » (Assis, de Jérus. p. 199.)

Cigale, subst. fém. Ce mot subsiste. On disoit autrefois ferrer les cigales, pour travailler en vain, en pure perte. (Dict. d'Oud. Cur. fr.)

Ciglaton, subst. masc. (6) Etoffe précieuse*. Or- nement de chevalier °.

* Nous trouvons ce mot souvent employé dans nos anciens auteurs, pour désigner une étoffe pré- cieuse. Il y en avoit de plusieurs couleurs :

Pailes ciglalODS, et cendax Dras riches, et amperiax.

Parlon. de Blois, MS. de S. G. fol. 129, V cul. 1. Ilarçons couvert d'un vermoil sijgîaton.

Rom. de Roncevaux, cité par Du Cange, au mot Cyclas.

S'ele est vestue de houdel (espèce de robe), D'esquallate, ou de siglaton, etc.

Ovide de Arte, MS. de S. G. fol. 96. V" col. 3.

Le siglaton éloil une éloife moelleuse et très chaude, comme l'indique le passage suivant :

J'ai de bon loutre à pehçons, J'ai hermines, els>r,glato>is.

Fabl. MSS. de S. G. fol. 42, V" col. 2.

On distinguoit le chigaton de Lucques. Du Gange, au mot Cijclas, rapporte l'article d'un compte de i352 d'El. de La Fonlaine, on lit : « Pour une <i pièce de chigaton de Luques achetée, etc. »

^On appeloil siglelon, une espèce d'ornement de

chevalier. L'ordonnance concernant la manière de

1 créer un chevalier du Bain porte que « quant il

par

(1) Il ne faut pas confondre le v initial avec le v placé entre deux voyelles (en hiatus). La forme cierge ir cervia, prononcé ceruja, avec u bref, puis cerja, d'où cierge; de même abrcviare a fait abréger, (n. e.)

doit s'explique .

(2) Th. de Cantorbéry (52) donne cirge : « Esteigniez, fait lur il, ces cirges alumez. » (n. e.)

(3) On lit aussi dans Roncisvals (p. 118) : « n'eust cerge ou lanterne enfichée. » (n. e.)

(4) On lit au Gloss. lat.-fr. 7(384 ; « Ciergier, cirier, qui fait, vent ou euvre de cire, cerarius. » (n. e.)

(5) La citation n'est pas complète ; Henschel (IV, 301, col. 1) imprime : « Metropolitanus, c'est sires ou arcevesques de cieule viUe. » Cieule est alors adjectif démonstratif, (n. e.)

(6) Voyez plus hant Cickituiis. (n. e.)

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u sera en son lit, pendant le temps de son reveil- « lier, il sera amendé (recouvert ou réctiaulfé) « c'est assavoir avec une; couverton d'or, appelle « sigleton. >■ (Du Gange, au mo[Miles)[\). On lilflbid. col. 7;58i : c. Ensemble le lit en qui il coucha pré- « mièreuienl après le baing, aussi bien avec le « singleton, que des autres nécessitez. »

VAIUANTKS : CIGLATOX. Part, de Bl. MS. de S. G. fol. 129, col. 1. SiGLATON. Floire et Blanch. MS. de S. G. 196, col. I. Sigleton. Du Gange, Gloss. lat. au mot Miles. SvGLETON. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cyclas. SiNGLETON. Du Gange, Gloss. lat. au mot Mites. SiNGLATON. Vah[. MSS. de S. G. fol 42, col. 2. Chigaton. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cyclas.

Cigne, subst. masc. Ce mot subsiste sous cette orthographe. Les cygnes ont la peau noire ; de là, cette expression proverbiale ("i) :

Char ot noire com pel de cigne.

Fabl. MSS. du H. n''7218, fol. 318, V" col. 2.

On donnoit quelquefois un cygne pour prix d'un tournoi :

C'est celé qui le pris en a;

Vraiement a trestout vaincu.

Hien i parut à son escu,

Et au cisue (3) que li donnèrent

Le hiraut, qui s'abandonnèrent (s'accordèrent)

A ce qu'il l'en douent l'onor.

Fahl. MSS. du R. n- 7218, fol. 76, V col. 2.

VARIA.NTES : CIGNE. Orth. subsistante.

Chyne. Gace de la Digne, des Déd. MS. fol. 134, V»(4). Cyne. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 112, R». CiNE. Modns et Racio, fol. 58, V" (5). CiSNE. Fabl. MSS. du R. 7218, fol. 76, col. 2.

Cignean, (idj. De la nature du cygne. On a dit : Cygneane blancheitr. (Epith. de la Porte.)

VARIANTES : CIGNEAN. Cotgrave, Dict. Cygnean. Epith. de la Porte.

Cignis, subst. masc. Le mont Cenis.

Puis aiguë belle, au mont Ciijnis ; Faut entre roches chevauchier. Quatre, ou si.x jours, très dur pais, etc.

Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 2i0.

Cil, pronom. Celui, ce, cet, ceux, etc. Nous ne compilerons point de passages, pour donner des exemples sur la variété prodigieuse des orthogra- phes de ce pronom, tant au singulier qu'au plu-

riel Qu'il suffise de les avoir citées, avecles endroits de nos auteurs anciens l'on pourra les trouver.

Nous rapporterons cependant quelques construc- tions particulières:

1" Cil ne cil, ni celui-ci, ni celui-lù. (Rom. de Brut, MS. fol. 7.)

'•1° Cil cel, celui-là. (Gautier d'Argies, Poës. mss. av. 1300. T. Il, p. ÔÔG.)

Cil ell, celui-là. (Ernous Caupains, Poës. mss. av. 1300, T. III, p. 1257.)

i" dits ki, celui qui. (Andrieus li contred. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. •illt). Voyez ci-dessus les articles Ce, Cest et Cesti.)

vahiantes :

CIL. VUlehard. p. 1. - Joinv. p. 72 (6).

Ceil.

SiL. Floire et Blanch. MS. de S. G.

SiLZ, CiLZ. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 236, col. 4.

Ciz. rhib. de Navarre, Poës. av. 1300, MSS. T. I, p. 126.

Cis. Notice des Vœux du Paon, fol. 140.

Ci. Beauman. p. 9.

Chi. Villehard. p. 36.

Chil. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 89.

Chis. Andrieus, Poës. JISS. av. l'30O, T. III, p. 978.

Chiex. Hist. des Trois Maries, MS. p. 227.

Chu.s. Le Livre du Reclus de Morliens, fol. 199.

CiEUS. Poës. MSS. Vat. 1490, fol. 122.

ClEULS. Froissart, Poës. MSS. p. 156 ^7).

CiELE, fém. Beaum. p. 7.

Cele. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 76, col. 2.

Celle, fém. Villehard. p. 9. Arr. Amor. p. 100.

Selle, Seelluy.

Gel. Crétin, p. 110. - Paës. MSS. av. 1300, T. IV.

Celei. Villehard. p. 92 (8).

Cheli. îieaiiman. p. 8.

Cely Ord. des R. de Fr. T. III, p. 16.

Celi. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 524, T. VII, p. 311.

Celle, fém. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 8, col. 3.

CiLi. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 524.

Ceuls, plur. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 282, col. 3.

CiEULS, CiEUs, Sellx, Chiauls, ClAUX, Ch.^uz, plur.

Salz, Ciauls, Cie.k, Celz, plur.

Coeuls, plur. Rom. de Rou, MS. p. 283.

Cheus, plur. Borel, Dict. 1"' add.

Chieuls, plur. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 293.

Chiux, plur. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 3.

Chiaulx, plur. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 57, col. 2.

Chiaus, plur. Beaumanoir, Coutumes de Beauvois. p. 11.

CHAU.S, Chaux, plur. Beauman. Coût, de Beauv. p. 1 et 12.

Cax, plur. Fabl. MSS. de S. G. fol. 15, col. 3.

Cj^us, plur. Ph. Mouskes, MS. p. 695.

Ceaux, p. M" Quesne, Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 981.

Cex,;j. Hue de la Ferté, Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1157.

Se.x, plur Beaumanoir, Cout. de Beauv. p. 155.

Ces, plur. Villehard. p. 189.

Cels, plur. Villehard. p. 20.

(1) Edition Henschel, II, 731, col. 3, et IV, 398, col 3. (n. e.)

(2) On lit encore au t. VII de l'Ane. Th. français, p. 256 : « Vous y serez cogneu comme un oyson parmy les cygnes, je voulois dire comme un cyijue parmy les oysons. » (N. E )

(3) Cette forme est dans Raoul de Cambrai (62) ; « Paons rotiz et bons cisnes pevres Et venoison à molt riche plenté. » (N. E.)

(4) Dans George Chastelain (Chr. I" part ch. 20) on lit : « Au roi fut présenté uu cherf-volant, au duc d'Orliens un blanc chisne, au duc de ISourgoigne un lyon. » (N. E.)

(.5) On lit aussi dans la Rose (v. 8746) ; « C'est oisel cler semé en terre. Si legierement congnoissable. Qu'il est au cine noir semblable. » Dans l'IIist. des Croisades (t. II, p. 293) on lit aussi : « Et contrefaisoient le cir»ie qui chante quand il doit morir. » (N. E.)

(6) Dans .loinviUe, le sujet singulier est cil (éd. de Wailly, § 494) ; on trouve aussi celi, S (i05; cilz § 322 ; le régime singulier est cel, § 74, ou celi, § 69, celui, ^ 822 ; le sujet pluriel est cil, § 59; le régime pluriel ceus, au ms. ceulz, § 434; le féminin singulier est celle, § 14, eele, % 95. (N. E.)

(7) Dans Froissart au nomin. masc. smg. la forme correcte est cil ou cils {chil ou chils), au cas régime cel ou celui. Au plur. le mot fait : au cas sujet masc. cil, au cas régime masc. ciaus, chiaus. L'emploi de celui au nomm. sing. (XI. 254) est contraire à la règle et caractérise la décadence grammaticale. Cel est une forme écourtée de icel {ecce ille) qui se rencontre aussi dans Froissart. (n. e.)

(8) Pour ViUehardouin, voyez l'édition de Wailly: les variantes sont indiquées à la page 440, ce'. 1. (N. e.)

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Cilcun, pron. Quelqu'un.

S'orrent (si eurent) fait espiier cilcun Qne li Rois iert (estoit) à Meleun ; Armé sont, vinrent à Paris, etc.

Ph. Mouskes, MS. p. 484.

Cillement, subst. masc. Clignement. Mouve- ment des paupières. (Dictionn. de Cotgrave, Oudin. Nieot, etc.)

Ciller, verbe. Remuer les paupières*. Coudre les paupières^.

*Ce mot subsiste, au premier sens, sous la pre- mière orthographe; mais on ne dit plus, comme autrefois, se ciller, pour baisser les yeux par con- fusion :

S'il a dame riche, il la pille, Et fault qu'el le veste et habille ; S'il s'en mocque, et elle se cille.

Al. Charl. Toi^s. [). C6S.

^ Sous l'ortliographe de chiUer,\\ subsiste comme terme de fauconnerie. On dit encore chiller (1) un épervier, pour lui coudre les paupières vers le bec, afin qu'il ne puisse voir que par derrière. (Dict. univ. Voyez Fouilloux, Faucon, fol. Gl.)

V.\RI.\NTES : CILLER. Oudin, Nieot, Dict. SiLLER. Modus et Racio, MS. fol. 112, R".

SCILLER.

CiLLiER. Gace de la Digne, des Déd. MS. fol. 89, Y". SiLLiER. Modus et Racio, MS. fol. 110, R".

SiLIR, SCILIR, SCILLIR.

r.iLLEK. Modus et Racio, MS. fol. 107, V". (".MILLIER. Hist. des Trois Maries, MS. p. 305. Cuiller. Oudin, Dict. - Modus et Racio, fol. 73, V".

Ciniau, subst. féni. Cime. « Ce est à savoir à « prendre à l'usage de la maison devant dite; tant « cum un chevaux, o uns asnes, lor en porra « apporter daus cimaus, et daus branches, qui » remandront au servant qui de ma fourest devant « dite tranchera, et mettra son chauffage au signer « de Fonlenay. Et si les branches, et la cimau Cl devant dit ne suffisent au devant dit frères au « chauffage de os et dau pauvres de la maison .. devant dite, je lor ay donné congé et pouer de Il prendre lor bois sec. » (Citât, de Du Cange, au mot Cheniinagium (2).)

Cimbaler, verbe. P.elentir. Proprement, f-^ire du bruit comme celui d'un tambour. (Gloss. de Marot.) De là, on a dit au figuré :

Fuyez l'iiifame inhumaine personne.

De qui le nom si mal ciinbalc, et sonne, etc.

Cléin. Marol, p. 3;)8.

Cimboul, subst. masc. Grelot, sonnette (3). (Voy. Du Cange, au mot Cimbolum, et le Dict. de Borel, au mot Cembel.)

Cimet, subst. mase. Sommet.

VARIANTES : CIMET. Oudin, Dict. SiMET. Chron. S. Denis, T. I, fol. 238. Symet. Chron. S. Denis, T. I, fol. 263. SiMETTE. Les Marg. de la Marg. fol. 237, R".

Cimier, subst. masc. Panache. Ce mot, sous la première orthographe, conserve encore plusieurs acceptions. \\ désigne, en termes de blason, la partie la plusélevée'des ornemensde l'écu, celle qui surmonte le casque. No.is ne l'employons ici que pour observer qu'il a aussi signifié les ornemens que l'on mettoitsur la tète des chevaux. <■ On mit « en files toutes ces chelites peintes, et différentes « l'une de l'autre, par les divers oyseaux qu'elles « représentoient, dont la variété estôit encore plus « agréable que celle desharnois, et des cimiers des « chevaux qui lestiroient. » (La Colomb. Tii.d'Hon. T. I, p. 305.)

VARIANTES : CIMIER. Orth. subsistante. Cymier. Fouilloux, Vénerie, fol. 54- (4).

SiMIER.

Ciniositez, subst. fém. Ce mol, qui semble formé de cime, peut signifier ici axiome, ou peut- être extraits, si ce n'est une faute pour curiosités. « M. le rapporteur, ornant son discours de quel- « ques cimositez tirées des anciens, et principa- " lement des Grecs, etc. » (Mém. de Montrés. T. II, p. 28.)

Cinabre, subst. masc. Terme de blason. Ces mots cinabre, belic, gueules et riche couleur hirent les noms que les hérauts donnèrent à la couleur rouge (5) dans les armoiries. (Favin, Th. d'Honn. T. i; p. 12.)

VARIANTES :

CINADRE. Oudin, Dict. Cinnabre. Nieot, Dict.

Cinabrin, adj. Rouge, vermeil. (Voy. Cotgrave, Dict. et les Epilh. de M. de La Porte.) « Quand je Il vois deux fraisettes meures à demy rouges, et à « demy vermeilles... se jouans dessus la cresme... « un peu distantes l'une de l'autre, je me repre- « sente les bouts de ces telins cinabrins. ■> (Le Peler, d'amour, p. 102. Voyez Poës. de .Jacq. Tahur. p. 274.)

Cinade. [Intercalez Cinade, crevette, au ms. lat. 6838 c. de la B. N., c. 138: « Squilla parva, « quam noslri cinade appellant. »] (n. e.)

Ciiicelier, subst. masc. Dais (6). C'est en ce sens que le Dict. de Borel, copié par Corneille, explique

(1) « Le faucon ne doit point estre chiUé trop estroict, ne le fil de qaoy il est chilHé ne doit estre trop délié, ny ne doit estre noué sur la teste, ains doit estre tors. » tModus, fol. 78.) (n. e.)

(2) Sous chcminus (II, 323, col. 3). La citation est extraite d'une charte de Geoffroy de Lusignan, accordant à l'aumônerie de S' Thomas de Fontenay son chauffage dans la forêt de Mervent (1233). (n. e.)

(3) C'est une forme provençale. (N. E.)

(4) On lit dans l'édition Favre (fol. 42, verso) : « Et après faut lever le cymier [du cerf abattu] depuis le commencement des costez et de longueur jusques au bout de la queue... Les nombles, cuisses et cymier appartiennent au roy. » (N. E.)

(ô) Cet le sulfure rouge de mercure ; Pline et G.ilien nommaient ainsi le minium ou o.'cyde de plomb rouge : « Comme au ciiiahie ou sublimé. » (Traité d'Alchimie, xiv« siècle, [). 2'.l7.) (N. E.) (6) Voyez ckincclier. (x. E.)

IV.

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ce mol dans ce passage de la Bible hisloriaux : « Quand Jmlitli vil Ilolofernes gésir en son lil, des- « sous un cincelier (jiii éloit de saphir, d'esmerau- 1 des, elc ouvrées dor et de soye. " Du Gange, au mot Cincinerhnn. adopte celle explication. Cepen- dant conune le mol cuicerelle ci-après a signifié une espèce de mouche, appelée en latin culex, cela pourroit faire coiVjecimx'i que cincelier désigne une cousinière, gaze ou réseau servant à défendre des cousins. Cuicelier, qui se trouve aussi dans Borel. est une faute pour ciiicelier.

VARIANTES * CINCELIER. Dict. de Borel. CL'iciii.iER. Id ibid.

tlliiicenelle, subst. fém. Sorte de mouche (1). Il faut écrire cijniphes, du singulier cijnips, en latin cinifes, selon le Gloss. du P. Labbe, p. 495. Oudin dit que c'est une espèce de sauterelle. (Dict. fr. esp.)

Cincerelle, subU. fém Petite mouche. Mou- cheron, cousin, en latin ùnxala, dans le Gloss. lat. fr. de S. G. cilé par Du Gange, au molzinzala, d"où vient x-in~<alarium, pavillon, voile pour se garantir des mouches ('2). 1\ y a beaucoup d'apparence que cincerelle est la même chose que le mot cincenelle du P. Labbe et d'Oudin.

Cinces, subst. fém. plur. Chiffons, guenilles. Le roy Agolant, voyant à la table de Charlemagne beau- coup ûe seigneurs bien mis et brillants, s'informe.

Et puis de comtes, et des ducs, K'U vit seoir si bien vestus ; Puis des castelains, et des princes, . Kl n'ierent (n'étoient) pas vestus de cinces.

Ph. Mouskes, MS. p. Ui.

. . . Coumanda, et si fist dire,

A ses vallais qu'il 11 feisent

Treslout le honte qu'il puisent ;

Et quant li quens s'en dut aler,

Cil li vinrent à rencontrer,

Si fu gietés (couvert) de palestiaux,

Et de cinces et de boiaux.

IJ. p. -fli. VARIANTES (3) : CINCES. Ph. Mouskes, MSS. p. 144. Chinches. Ane. Coût, de la Vie. de Rouen.

Cinceuse, adj. au fém. Nous trouvons ce mot employé dans les vers suivans :

Se li convient sa robe vendre.

Et changier, quoique nus vous die,

Pour une poure hiraudie (méchant habit),

p. WI

Qui moult estoit poure, et honteuse, Et à tel home moult rinccusi'.

Fabl. MSi. du R. n- 721R, fol. 3, Y- col. S.

Cinclie. [Intercalez Cinclie, massue (JJ. 173, •'<-4'i, an. 1436) : » Un baston gros devant, nommé au pais cinclie, en façon d'une massue. »] (n. e.) Cindrer, verbe. Ceintrer. (Dict. de Cotgrave.)

De clapiers mal cindrez attendons les ruines.

Contes de Choliere, fol. 0, R".

Ciiigariste (4), subst. masc. Charlatan, bateleur. (Voyez Naudé, Coups d'Etal, T. II, p. 361.)

Cinge, subst. masc. Singe (5). Rabelais s'est servi de l'expression : dire la patenoslre du cinge, pour marmotter entre ses dents. iT. I, p. 162.) On lit (Ibid. T. IV, p. 283) : a Remuant les babines comme un " c/Hère qui cherche pou Iz en léte(6). »

Cinge verd, que Le Duchat explique par singe de couleur verte, pourroit aussi s'entendre d'un arbuste dont les feuilles sont piquantes comme celles du houx, et qu'on appelle singes verds, dans la forêt de Fontainebleau, oii ces arbustes sont fort communs ; mais il est plus probable qu'il s'agit, eu effet, de singes verts, ainsi nommés, non à cause de leur coiileur, comme le suppose Le Duchat, mais parce qu'ils viennent du cap Vert, comme des navigateurs me l'ont assuré. (Voyez Rabelais, T. T, p. 162.)

Le vin de cinge (7) semble pris aliegoriquement, en ce passage, pour une espèce de vin dont voici les effets :

Encoire y a ung autre vin, Que, combien qu'il soit cler, et tin, (Jui par gloutunnye le boit. C'est à dire plus qu'il ne doit, Il luy eschauffe le cervel; Combien qu'il desplaise à l'oysel. U jangle, et chante, et parle, et rit. Il quiert des femmes de desduyt ; Il dance, il baie, il tuinbe, il sault Il cuide que nul ne le vault ; Vin de cinge se fait nommer.

Gace de la Bigoc, des Déduits, MS. fol. 23, V".

VARIANTES : CINGE. Cotgrave, Percef. Vol. IV, fol. 9. Cynge. Percef. Vol. VI, fol. 189.

Cingerie, subst. fém. Singerie. Le passage suivant {lourroit ;ivoir introduit et mis à la moile l'usage de ce mot (8). « Le Lay a ramentu au roy une

(1) C'est aussi un cordage pour haler les bateaux sur les rivières : on dit aussi cintjnenclle. (n. e.)

(2) Au Gloss. lat.-fr. 7674, on Ut ; « Cincenelle. Cincenaude , une petite mouche ainsi appellée, ziiizala. Cincenaudief, :in:alariuin. m (N. E.)

(3) On lit encore aux Miracles de la Vierge (Du Cange, II, 352, col. I) : « Cil U rejeté une vies cincc. » (n. e.)

(4) L'origine est Zingai-i ou Tsenr/aris. (N. E.)

(5) L'orthographe singe est plus conforme au latin siinitis (sinuis, camus). (N. E.)

(6) Rabelais (f'oHfayjKc/, IV, 2) écrit encore : « Frère Jean achapta deux rares et pretieux tableaux, et les paya en monnaie de cinge. » Le Livre des Métiers (287) explique cette expression : « Li singes au marchant doit quatre deniers , se pour vendre le porte ; et se li singes est au joueur, jouer en doit devant le peagier, et pour son jeu doit estre quites. » (n. e.)

(7) On distinguait les vins par leurs effets (Oudin, Curios., p. 574) ; le vin de singe faisait sauter et rire ; -le vin d'iinK endormait ; le vin de cerf faisait pleurer ; le vin de lijon rendait furieux ; le vin de pie faisait cajoler ; le vin de porc vous faisait rendre gorge ; le vin de renard poussait à la malice ; le vin de Nazarelli passait par le nez. De ce passage d'une pièce insérée par M. Vallet de Viriville (t. I, p. 313 de la llibl. de l'Ecole des Chartes) , oii sont énumèrées les marques municipales de la magistrature de Langres ;«... Plus quatre gondoUes d'argent qui ont esté données à l'hostel de ville par feu M. de Charmoulue, lesquelles gondoUes représentent les quatre vins, sçavoir : « Vin de singe, vin de lyon, vin de mouton, vin de cochon, d (n. e.)

(8) Le mot est en elTet du xv« siècle ; au .\lii= siècle, on employait simjoiement : s Et che n'est que singoiement. De faire ainsi muser le gent ; Singes li Pharisiens fu. >) (GtùgneviUe, dans Du Cange, VI, 259, col. 1.) (n. e.)

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« chose qui le nieisl en merencolie, tellement qne <i la royne manda ses deux fils Olofer, el Galafar, « pour sa mélancolie osier ; adonc les convoya le « roy l'ung après l'autre, puis leur bailla un petit " singeot, pour leur esbanoyer; si ne pourriez « croire les joyeuses cingeries qui furent entre les « enfans el le cynge. » (Percef. Vol. VI, fol. 109.) Cingesse, subst. fém. Guenon. (Dict. de Cotgr.)

Cinier, subst. masc. Signe. II pareil que c'est le sens de ce mot dans ces vers :

Piez poudreus, et pensée vole (volage), Et cil qui par cinier (i) parole Sont trois choses, tout sans doutance, Dont je n'ai pas bone espérance.

Fabl. MSS. du R. n" 721S, fol. 280, col. 1 .

Cinil. [Intercalez Cinil, sorte de légume dans une charte de 1416 (Du Gange, II, 355, col. 1): <' Cinilz, panilz, naveaux, et autres choses des- « niables. "] (n. e.)

Cinique, adj. Sinistre (2).

est le corps du sens (s^ge) de Salomon, Ne d'Iîypocras le bon physicien? Ils sont tous mors; si fu leur mort cinique Tuit y mourront, et li fol et li saige (3).

Eust. Desch. Poes. MSS. fol. 13Ci, col. 3.

(Unnelier, subst masc En latin cuius, suivant ie Gloss. du P. Labbe, p. 495 (4).

Cinnes, subst. fém. plur. C'est une faute pour einnes, aines, dans les Div. Leç. de Du Verd. p. 263. On lit, ibid. : « Les aines, ou basses parties du ven- « Ira. » (Page 312. Voyez Einne ci-après.)

Cinq et ([uatre. Ces mots, en termes de vénerie, désignoient une parlie du cerf: « Faut " osier du bout de devers les coslez, trois neuds « qu'on appelle les cinq et quatre qui apparlien- « nent au grand Veneur. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 54.)

Cinq pas (les). C'étoit une sorte de danse. Les dames de la reine de Navarre, allant en Gas- cogne, s'expriment ainsi dans leurs adieux à M"" la princesse de Xavarre :

Que dens ton cœur, tu ne m'oublies pas; Mais qu'au retour nous dancions les cinq pas.

Les Marg. de la Marg. fol. 396, V'.

Régnier, comparant la vertu des anciens avec celle de nos jours, dit :

... la nostre aujourdhuy qu'on révère icy bas, Va la nuict dans le bal, et danse les cinq pas, Se parfume, se frise, etc.

lïegnier. Satyre V, p. 46.

Cette danse avoit passé de mode du temps de laulcur du Roman Bourgeois. On lit ;Ibid. liv. I,

p. 147) : 0 On lui fit venir un maître i\ danser, pour « la façonner. Sa mère voulut qu'il lui apprît prin- « cipaiement les cinq pas, et les trois visages ; " danses qui avoient été dansées à sa noce, et qu'elle « disoit être les plus belles de toutes. »

Cinquain,SM?)Sf. masc. Pièce de vers*. Nombre de cinq^.

*En poésie, cinqiiain étoit une pièce de cinq vers, soit épigramme, couplet ou stances (5). (Dicl. d'Oudin.)

^ En arithmétique, cinquam désignoit le nombre de cinq. Le cinquain ou cinqnein de chandelle désigne un paquet composé de cinq chandelles. Nous disons aujourd'hui de cinq à la livre. On lit, en parlant des droits attribués aux portiers de la chambre du Parlement, dans le temps qu'il n'était pas résidant à Paris : « Aura la porte 9 cinquains, « 9 quayers (paquet de quatre) et 12 chandelles « courtes, et aura, partoul, demie moule de bus- « ches. >' (Pasq. Rech. p. 723.) On accordoit aussi au chancelier » livraison de chandelles, un cin- « quain, deux quaiers, et une poignée de menues « chandelles. » (Miraum. des Cours souver. p. 545, an 1317.) Voy. Id. Traité de la Chanc. fui. -14, le mot septain,(\m vraisemhlablementétoit un paquet de sept chandelles, et le mot quaier un paquet de quatre, se trouvent employés avant et après cinquain.

VAR1.\NTES :

CINQUAIN. Monet, Oudin, Dict.

CiNQUEiN. Du Gange, Gloss. lat. au mot Paginala.

Cinquain ou Cinquains. Perard, p. 412.

Cinquain, adj. Cinquième. On lit le cinque dcqrée, pour le cinquième degré, dans les Tenur. de Littl. fol. 5.

Des granz beautez dont nus bons n'a pooir Qu'il en deist la rimiuuine partie.

Thiéb. do Navarre, Pofs. MSS. av. 1300. T. I, p. 206.

VARIANTES : CINQUAIN. Poës. MS. av. 1300, T. I, p. 260. Cinque. Littleton, Tenur. fol. 5.

CinquaniHS, subst. Nous trouvons ce mot employé dans le passage suivant : >■ Incontinant « est yssue une damoyselle, d'une chambre, qui « porloit sur son col ung manteau d'escaiiate à « penne de cinquamus. (Lancelot du Lac, T. I, fol. 140.)

Cinquantaine, subst. fém. On lit : selon la constitution des cinquantaines (6), dans les Ord. des R. de Fr. T. III, p. 362. L'éditeur (note D) conjecture qu'on avoit établi un nouveau guet de cinquante personnes.

(1) Lisez cinjer, pour sinrjer. (N. E.)

(2) La lecture et la traduction sont fort douteuses, (n. e.)

(3) Cette strophe rappelle la ballade de Villon sur tes « Dames du Temps Jadis », ou son Charnier des Innocents. On lit aussi dans Jean Meschinot (1509) : « Se tu vas à Saint Innocent, il y a d'ossemens grand tas , ne connoistras e«tre cent Les os de.s gens de grans estas D'avec ceulx qu'au monde notas En leur vivant pauvres et nus ; Tous s'en vont d'ond ilz sont venus. » (N. E.)

(i) La ceneUe est le fruit de l'aubépine el du houx : « Framboises, freses et cenelles. » (La Rose, v. 8416.) On ht encore au (jloss. latin-français 7684 : « Cinunt, cenelle. » (N. E.) (5) On dit plus souvent quintil. (N. E.) \\) Voyez plus bas cinquantenier, et Du Cange, sous cinquanlina. (N. E.)

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Cinquante, nom numérique ou ordinal.

VABIANTES : CINQUANTE. Orih. subsistante. Cinquante.

Cint|iiante ou Cinquantième. On a dit

cynclunUjme pour cinquantième. (D. Morice, llist. de Bret. Pr. col. lOO'i et 1003, dans deux litres, l'un de l'iCG et l'autre de 12G8.)

Cinquinte deusième, comme nous disons cin- quante-deux, dans les dates des années. (Perard, Hist. de Bourg, p. MA, lit. de 1252.)

Cinquante secund, dans le même sens que le précédent. (Rymer, T. I, p. 109, col. 1 et 2, lit. de 1208.)

Cinquante quatrième. Terme de monnoie. « Avons, n'a gueres, ordonné, et avons mandé par « noz lettres ouvertes, que vous fassiez ouvrer, et « monnoyer, en blanc (argent), et en noir (cuivre) •> sui- le pié de monnoye cinquante quatrième. » (Ord. des R. de Fr. T. II, p. iW.)

Cinquantenier, subst. masc. Titre d'officier militaire*. Nombre de cinquante^.

*Ce mot, dans le premier sens, avoit vieilli dès le temps de l'auteur des Contes d'Eutrapel et avoit été remplacé par celui de cap d'escouade (1). JContes d'Eu Ira p. p. 479.)

°0n a dit un cinquantenier, pour le nombre de cinquante, ou comme nous disons une cinquan- taine :

Et pour ce, allez, Si tant valiez, Voir au psautier

Ciit'juiDilenicr, etc.

Le Blason des Faulces Amours, p. 226.

VARIANTES (2) :

CINQUANTENIER. Contes d'Eutrap. p. 479. CiNQUANTiNiER. Mém. du Eellay, T. VI, p. 426.

Cinquantin, adj. Du nombre de cinquante. « Merrien assigné le cent, cinq sols; rocs, le cent, « quarante deniers ; eschalas, le cent de bottes cin- « quanti ns, dix deniers », c'est-à-dire de bottes composées chacune de cinquante échalas. (Ord. T. I, p. 000.)

Cins, mhst. masc. Sein.

Enchainle sui d'.\gan, Si k'en lieve mes cins, etc. . Andefr. li Basiars, Pocs. MS. avant 1300. T. Il, p. 855.

Cinsneor. [Intercalez Cinstieor, brigand :

Si a gaires des enableors Des larrons ne des clusneors.

Chr. des ducs de Norm., v. 4700.) (a. E.)

Cintetée. Il semble que ce soit un mot cor-

rompu, peut-être pour civetée, qui pourroil signi- tier un ragoût de cives, oignons :

Audigier dit ; Rainberge, rois, t'espousée lier soir menja navez. et cinteéc: Si huma plain vaissel d'une brouée.

Rom. d'Audip. MS. de S. G. fol. 69, R- col. 3.

Cintraige. [Intercalez Cintraige , sorte de redevance, au reg. JJ. 01, p. 290, an. 1321: « Disons que les avoueries, li fumaige, les cin- " traiges, li tourtel, les garbes, li herbage mort et « vif.... »] (n. e.)

Cintré, adj. Trompé, attrapé. (Dict. d'Oudin franc, esp.)

Cinture, subst. fém. Ce mol, dans le passage suivant, semble désigner une opération que les maréchaux faisoient aux chevaux. >■ Qui acheste « beste, et il la fait mareschausser, ou cinture de <■ cinture, ou traire dens, ou decoitler (châtrer) la « et il après la treuve restive, il ne la peut rendre « par l'assise. » (Assis, de Jérus. p. 89.) (3)

Cion , subst. masc. Bourrasque, tourbillon*. Rejeton, jet d'arbre ^.

*0n lit, au premier sens : « Alors, il se fait un « tourbillon, ou sion. " (Amyot, Iraduct. de Plut, chap. m des Opin. des Philos.) Ce mot est employé dans le même sens au 4' T. de Rabelais, p. 83.

^Mous disons encore sion ou scion pour les menus jets que poussent les arbres. Le Dicl. univ. l'écrit, non-seulement de ces deux façons, mais aussi c«ora (-1). On le trouve écrit syon. (Arr. Amor. cités par Du Cange, au mol Sium. Voyez les Orig. de Ménage, qui écrit sion.)

VARIANTES : CION. Monet, Oudin, Dict. Cyon. Nicot, Dict.

Sion. Rabelais, T. IV, p. 83, et la note. Scion. Dict. Univ. Chion. Modus et Racio, .MS. fol. 320.

Cionner, verbe. Pousser des scions. Ce mot est employé figurément dans ces vers :

Ce qu'Ysayas dit, tieng-ge (je tiens) à vérité ; Or oez que il dist de la Nativité. Que dist de Gesse dont la virge cionnier, Et de lui doit la Hors escroitre, et borjonner Jusque li Esperite doit de Dieu reposer.

Disp. du Juif et du Cliresl. MS. de S. Germ. fol. 110. V' col. 1 .

Cipaue, subst. (cm.

Li pors qui estoit fiers, li fet une cipaue Il tost le haterel du pié à terre haue.

Fabl, MSS. du R. o' 72I«, fol.3ii, R- coi. 1.

Cippiau, subst. masc. Terme de monnoie. (Voyez Ord. des R. de Fr. T. II, p. 317.) L'éditeur (note E) donne une fausse interprétation de ce mot. Ce n'est point le coing sur lequel sont les armes du

(1) Voyez Ordonnances (t. V, p. 686, an. 1368 ) (n. e.I

(2) Froissart donne la forme cliienquantenier (IX, 195) : « Li doyen des mestiers et li chicmiuanlcnier des paroches. » (N. E.)

(3) Cinture signifie qiteue au reg. .1,1. 19"), p. 78, an. 14C8 : « Gilet Gaude avoit une cinture en la main ou la queue d'une raye, et cingla d'icelle cinlvre ou queue le varlet. » (N. E.)

(4) 0 Et battu par les carrefours de cion de vert olivier. » (Du Gange, VI, 269, col. \.) C'est aussi une baguette creuse de métal ; « Praipositus qui legit opistolam et portât si/oh loco manipuli. Vinuin per sion in calicem mittitur. » (Martène, I, 568, 5(59.) Voyez encore Mabillon, Analect., III, 354. (n. e.)

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prince, c'est le billot appelé pile dans lequel on enfonce la queue de l'un des deux poinçons, ou coings, el dont le vrai nom est eippenu, formé du latin cippus. (Boizard, Traité dos Monnoies, p. ICI.) Gipricimi. Ce mot est composé de quatre mots, ci pris, ci mis, >• comme qui diroit en ce lieu pris, " et en ce lieu pendu. » (R. Estien. Gram. fr. p.87 )

Ciquelle, siibst. fém. Espèce d'insecte. Peut- être la ciirale. « Ils entrèrent en une grotte rus- •< tique si bien, et naifvement élaborée que nature « se confessoit vaincue par l'artifice humain ; car « les limasses, lesards, taupes, grenouilles, saule- « relies, ciquelles, etc. » (Prlnt. d'Yver, fol. !37.)

Circarie, subst. fém. District. « Les monastères « de l'ordre des Prémontrés étoient autrefois divisés <• en27 circaries ou disctricts,pour chacun desquels « il y avoil un visiteur. >• (Extr. des An. dès Prémon- trés dans le Journ. des Sçavans, juin i"3."). p. 1058.)

Circoncire, verbe. Circoncire (1). Orthographe subsistante.

CONJUGAISON :

Circoncis, pour circoncises. (S. Bern. Serra, fr. Mss. p. 181. Dans le lalin circiancidetis.)

CirconceftstetCircoiiciest, pour fit ou éprouvât la circoncision. (S. Bern. Serm. fr. .mss. p. 174 et 2(35.)

Circoncis, subst. masc. Prépuce. On lit dans le .lournal de Paris, p. 108, sous Charles VI et VII, an 1444 : « Qu'en celluy temps fut apporté le circoncis >< de nostre Seigneur à Paris. »

Circonder, verbe. Environner, envelopper. Du latin circumdare. « Combien que aucunes fois que '< vérité soit circondée, ou environnée de toutes « pars de fousselez, etc. » (Hist. de la Toison d'Or, Vol. H, fol. 213.)

Circonjacent, adj. Adjacent. (Dict. de Colgrave et d'Oudin.)

Circonspectenient, adv. Avec circonspec- tion. (Mém. de Sully, T. YI, p. 172.)

Circonstance, suhst. fém. Ce qui est à l'en- tour. C'est le sens propre de ce mot, qui ne subsiste plus que dans le sens figuré, pour les particularités qui accompagnent un fait. On l'eraployoit autrefois dans sa signification propre. « Dame, dit- il, il me « semble que .je voy tout le monde. 11 est vray, « dit-elle, que tu le vois, ne il n'y a pas grant " pays dont tu n'ayes esté seigneur jusques cy, et « de toute la circonslnnce que tu vois (2). » (Lanc. du Lac, T. m, fol. 15'i.)

Circonstant, adj. Adjacent (3). « Il me conseil- a loit que je me tenisse en ces lieux circonstant « d'icy à Trente. » (Lett. de Louis XII, T. III, p. 322.)

Circonstantionner, verbe. Circonstancier, détailler les circonstances :

Cil qui vie à tous donna.... Par prophètes, sermonna Jadis, et loy ordonna, Qu'il leur proportionna. Et cirroustantiou'ia, Et couvrit, et environna. Lia, acconditionna De cerimonies maintes.

Al. Chart. Tocs. p. 3U et 3i5.

Circonvaler, verbe. Environner. Faire des circonvallations. (Dict. d'Oudin.)

Circonvolant, part. prés. Volant autour. Du latin circumvolare. [Closs. de Marot. Voy. Clém. Marot, p. i.'.8.)

Circue. [Intercalez Circue. cordes retenant le bœuf au timon : « Les liens ou cordes, nommez « circues, ausiiuelz estoient alachiez lesdiz buefs « au tymon de bois de ladittebarrote ou charrete. « (JJ. 140, p. 279, an. 1391.)] (n. e.)

Circuir, verbe. Faire le tour.

(Voyez .Monet, Oudin, Cotgrave et Glossaire de Marot.) « Le promontoire deMallée, très dangereux « à circuir, pour ses destroicts » (.1. d'Auton, Ann. de Louis XII. i « Lors yssirent du porche, et s'en « vont circulant le temple, tant qu'ilz veirent un « moult bel manoir. •■ (Percef. Vol. I, fol. 72.)

VARIANTES : CIRCUIl^. Nicol, Oudin, etc. Dict. CiRCUYiî. Percef. Vol. I, fol. 72, V' col. I.

Circuit, partie. Entouré. On lit, dans le sens propre : « La maison d'un gentilhomme circuite de « grands fossez. » (Mém. du Bellay, liv. Il, fol. 39.) Dans le sens figuré, on disoit : « Affaires tellement « circuies i'i), environnées, el enveloppées de per- « plexitez, etc. » (Mém. de Sully, T. X. p. 323 ) (.5)

VARIANTES : CIRCUIT. Mém. du Bellay, liv. II, fol. 39, V». CiRCUiE, féiH. Mém. de Sùlly, T. X, p. 323.

(livcuxiG, subst. masc. Cl fém. Circuit, enceinte, contour. Circuite est masculin dans le passage sui- vant : « L'empereur étant à Vincennes en 1377, » regarda par les fenestres le civcuiteAn chastel {(>). » (Chron. fr. ms. de Nangis, an 1377.) Ce même mot est féminin dans cet auire passage: « .l'ay envi- " ronné le monde, mais en toute celle circuijte, « n'ay pu trouver une femme bonne. >■ (Lanc. du Lac, t. m, fol. 105.)

(1) On lit dans ,Iean de .\leung (Trésor, 11) : « Car circottcU fus à la lettre, Et baptisié pour nous démettre Du pechié que tu maudeïs. x (N. E.)

(2) On lit aussi dans Froissart (XII, 22.5) : « Lequel roy estoit de Bougie et de Carbarie à l'opposite d'Espaigne et des circonstances. » (N. E.)

(3) Dans Froissart, il signifie présent, assistant : « Li contes volt que il fuissent oys des circonslans qui estoient (X, 29). Adont respondirent les prélats et les princes circonstans (XIII, 28). * (N. E.)

(4) D'Aubigné (Hist., II, 54) écrit aussi : « La ville est comme en ovale, circuie dune mauvaise muraille. » (N. E.)

(5) On lit déjà dans G. Chastellaiii (Expos, sur vérité mal prise) ; « Te prie que tu veuilles faire revivre aussi mon esperit tout cirera de ténèbres. » (N. E.)

(6) On lit aussi dans une charte de 1330 (Du Gange, H, 361 , col. 3) : « Touz les murs et forteresses du prieuré de S. Nicolas de CourbeviUe, sont et appartiennent audit prieuré, c'est assavoir la circuite de la porte à la quiète. » (N. E.)

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VARIANTES : CIRCUITE. Ord. T. II, p. 208; Froiss. < 1) Monstr. etc. CiRCUYTE. LiUic. du Lac, T. III, fol. 10.5, col. 2. CiRcuiTTE. Chron. S. Denis, T. II, fol. 42, R». CiRCUiTUDE. Ibid. fol. VI; Gr. Coût, de Fr. liv. I, p. 10 (2).

Circuition, stihst fém. Circuit, détour. On adit: eircnition île parolea, en latin verhorum ambitus. (l)ict. de Rob. Estienne. Voy. Dict. de Cotgr.) (3)

Circularité, subst. fém. Rondeur. (Oudin, Dicl. franc, esp.)

Circulateiir, siibsl. jHrtsc. Partisan de la circu- lation du sans (4). Thomas Diafoirus, jeunemëdecin, tirant une thèse de sa poche qu'il présente à Angé- lique, ajoute ; « J'ay contre les circulateurs sous- « tenu une lliese, etc. » (Malade imag. Comédie de Molière, acte H, scène V.)

Circuler, verbe. Calculer. Ce mot subsiste avec d'autres significations. Celle que nous citons n'est plus en usage : « Regardoient aux estoiles et les « considéroient. Et comptoient les moys, et circu- >■ (oient. Et gettoyent poiii' sçavoir le temps. » (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 382.)

Circuinbilivafjiner , verbe. Tourner. On disoit : eircuinbUivaginer autour du pot. (Rabe- lais, T. m, p. 1G3.)

VARIANTES : CIRCUMBILIVAGINER, Circombilivaginer.

Circumvenu, partie. Entouré*. Trompé,

séduit^. *0n a dit, au premier sens d'entouré :

D'angoisseul.x deuil me veiz circonvenu.

Crétin, p. '.îft.

°Ce mot, au figuré, signifioil aussi trompé, séduit, suivant le Gloss. des Arr. d'Amour, pro- prement environné de pièges.

VARIANTES : CIRCUMVENU. Gloss. des Arr. d'Amour. Circonvenu. Crétin, p. 38.

Circunvalver, verbe. Tromper, séduire. Pro- prement, envelopper. (Voyez Contred. de Songe- creux, fol. 13.)

Circunvoler, verbe. Voler autour. Ce mot signifie parcourir en conquérant, dans ces vers :

Luy suadant que, sans plus arrester, Circunvolast les nations itales.

J. M.irot, p. 7.

Cire, subst. fém. Chandelle de cire. Il semble que ce soit le sens de ce mol, dans le vers suivant :

Torches, cires, cierges, flambeatix (5).

Eust. Descli. Po6s. MSS fol. 442, col. 3.

Le mot cire se trouve souvent répété dans l'énu- méralion des provisions les plus nécessaires dans les places assiégées, comme en ce passage : « Chairs, « farines, cires, vin, sel, fer, et acier » (Froissart, an 139(1, liv. IV, p. 60 (6).)

On disoit, en style figuré : -> Autresfois ay esté " bruslé de pareille cire, dont à présent vous ardez : « je ne doute pas que vous n'aimez. » (Percefor. Vol. m, fol. 74, R"col. 1.)

Changer cire pour suie s'est dit aussi proverbiale- ment pour passer d'une fortune brillante à un état médiocre. (Fabl. mss. du R. ir 7218., fol. 61.)

Ce mot paroît désigner une partie du bec d'un faisan, dans ces vers. Pour être parfaitement beau, il faut qu'il ait :

Gros beoq, dont la cire ressemble, De couleur, à la dicte sangle.

Gace de la Bigne, des Déduits, MS. fol. IW, V" (7)-

Cireau. [Intercalez Cireau, coup donné sous le menton par Insulte ou par dédain : » Icellui Jehan... « fisl au suppliant le cireau ou le visage par » plusieurs foiz. » (JJ. 101, p. 31, an. lioi.) On trouve encore les formes ciriau (.IJ. 160, p. li, an. 1406), sireau, sisiau, six.eau.] (n. e.)

Cirement, subst. masc. Cirage. (Rob. Estienne, Oudia et Cotgrave, Dict.)

Cireus, adj. 11 sernbleroit qu'Eust. Deschamps ait voulu, sous ces mots fons cireus, désigner l'Hip- pocrène qui coule au pied du mont Parnasse, voisin de Cirrha, ville de la Phocide : Et le jardin que jadis laboura Fons cireus, Calliope ouvra.

Eust. Desch. Poùs. MSS. fol. 258, col. t.

Cireux, adj. M. de La Porte s'est servi de ce mot pour épithète de liqueur.

VARIANTES : CIREUX, CiRiER.

Ciriinanage, subst. masc. Terme de coutume. C'est un cens ou droit qui éloit payé aux seigneurs

(U « Une telle cliité que Paris est et de si graut cifruiie. » (VI, 53.) Froissart écrit encore ciniiii!'- : « Ensi estoit la chité de Tournai, qui est de grant cirquitc. » (III, 223) Il lui donne le sens de région : « De toutes les circuites et changles de Francp. » (X, lOi.) (N. E.)

(2) On lit aussi au reg. .IJ. 127, p. 91 bis, an. 1385 : « Icellui Grimet voulsist icelle Perrote mener au bols d'emprés laditte maison, hors du l'ircuiliii^e d'icelle. » (N. E.)

(3) On lit dans Montaigne (II, 248), au sens de contour : « Democritus dict que les images et leurs circuitio^is sont deux. » (II, 248.) Amyot (Caton, 25) écrit aussi : « Longue circuition et grande traînée de langage. « (n. e.)

(4) La découverte d'Harwey était encore récente, (n. e.)

(5) Ce sens est déjà dans la Chr. des ducs de Normandie (v. 1531) : « sunt alumé li grant cire. » On lit encore aux Emaux de De Laborde (xv siècle, p. 215) : « Pour payer un vœu de cire pesant 45 livres de la représentation de M"» Anne de France, sa fille, qu'il a fait olTrir en juin devant l'image N. D de Cléry. » (n. e.)

(6) Il est question du siège de Vendat. M. Kervyn (XIV, 167) omet le mot cire : « Pourveir leur fort de chars , de vin , de sel, de fer et d'achier et de toutes choses qui leur povoient besongnier. » (n e.)

(7) On disait encore au xv siècle : « Si l'on me fait la courtoisie comme à vous, parjieu ! j'accuserai le ménage ; je ne sui pas ici venue pour eschauffer la cire. » (Louis XI, 92' Nouv.) On disait au sens de fait au moule: « Je ne vous sai du nés que dire ; L'en ne feïst pas miex de cire. » (La Rose, v. 852.) Par suite, Desperiers a pu écrire en raillant l'expressiûo (25= Conte) : « La botte de la jambe droite lui estoit faite comme un gant ou comme de cire, ou comme vous voudrez ; car les bottes ne seroient pas bonnes de cire. » (n. e.)

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par leurs vassaux, dans le pays de Béarn. (Laur. Gloss. du Dr. fr. Voyez Du Gange, au mol Cir- manayium. les nouveaux éditeurs conjecturent que ce pourroit être la même chose que cerque- manage. Voyez ci-dessus ce mot (4).)

VARIANTES :

CIRIilANAGE, Cihmenage, Sirimenage.

Cirisette, suhst. l'Hist. de Paris.)

fém. Petite cerise. (Gloss. de

Cironner, verbe. Pétiller. On a dit, en parlant du vin : « Qu'il soit frisque. c'est à dire qu'en le « versant eu la tasse, il cironne, et aie petites « atomes, quand il est mis en la tasse. » (Tri. de la Noble Dame, fol. 120.)

(Dict. de Cotgrave

Cirop, subst. masc. Sirop.

et d'Oudin.)

N'il n'est cirop, n'elethiaire, etc.

Eust. Desch. Pc»'S. MSS. fol. 430, col. 1 (î).

Cirroys, subst. masc. Nom propre. Peut-être celui de quelque héros de roman :

... En un moment ay veu recevoir Guerdon d'autruy, et j'ay, plus de Cirroys, Amour servi, qui me t'ait assavoir, Au main lever, ne gist pas 11 esplois.

Eust. Pesch. Pois. MSS. fol. 154, col. 3.

Cis. [Intercalez Cis, cité dans Partonopex de Blois(v. 10r>94):

Tote la cis en tramble et frime.] (n. e.)

Cisaille, subst. fém. Gros ciseau. Ce mot sub- siste pour exprimer soit les gros ciseaux dont se servent les ouvriers en métal, soit les rognures du métal, particulièrement à la monnoie(3). Il signifioit autrefois gros ciseau, en général, et les rognures de ce qui'avoit été coupé. (Voyez Oudin, Monet, Rabelais, T. V, p. 41, etDuCange,au motfor7;e.i";4).)

VARIANTES : CISAILLE. Orth. subsistante. CizAiLLE. Oudin, Dict.

SiSAILLE.

Sis.\LLE. Cotgrave, Dict.

Cisailler, verbe. Couper avec les cisailles. (Dict. d'Oudin, Cotgrave et Monet.) Ce mol se dit particulièrement du métal (5). Habelais, cependant, l'emploie pour couper avec des ciseaux en général. >> Brûlés, tenaillés, cisaillés ces hérétiques. » fT. IV, p. 234.)

VARIANTES : CISAILLER. Oudin, Dict. CiZAiLLER. Rabelais, T. IV, p. 224.

Ciseau, suhst. masc. Outil *, Arme^.

*Nous disons encore ciseau pour outil, el on disoit aussic«Sé'/(G).ll paroilquecemotest un outil, dans le passage suivant, il est joint avec tenailles : ■• .Jeferay aussi habiller mes tenailles, « mes ciseaulx, el toutes mes chevilles, et s'il y a « aucune haie à passer, etc. « (Le.louvenc. fol.. 55.) « Si yrons ouvrir la porte des champs, en despil « de tous , garnis de nos turquoises (Iricoises), « tenailles et ciseaul.r. >■ (Ibid. fol. 25.) Ciseau, pris en ce sens, fournissoit l'expression faire ciseau, pour couper, tondre, rogner. « Ceste subversion « dont fortune nous fait ciseau àe si près. » (.\1. Charlier, Quadril. invect. p. 412.)

^Pris pour arme, ciscuu éloit une espèce de trait. « On destacha, d'une part et d'autre, plus de trois » cens volées d'arquebuses, et lascherent plus de . mil garrots, el ciseaux (7). » (Merl. Cocaie, T. II, p. 41.)

VARIANTES : CISEAU. Orth. subsistante. CisEL. Du Cange, aux mots Cellis (8) et Sciselvui. Chisel, Chisias, pinr.

Ciselet, subst. masc. Diminutif de ciseau. (Dict. de Rob. Estienne. Voy. Epith. de M. de La Porte.)

Cisgnez, subst. masc. plur. Signets. « Livre à « fermoir d'aigenl, et cisgne::, blans. » (Invent, des liv. de Ch. V, art. 150. Voy. ibid. art. 2.30.)

CisniG, subst. fém. Cime. On a dit : dès la cisme en la raiz-, pour du haut jusques en bas ; au figuré, d'un bouta l'autre.

Si li a conté de son fils,

Dès la cisme en la raiz,

Con une fée le soztrait.

Parlou. de Blois, MS. de S. G. fol. 140, R" col. ;;.

Cisme, subst. masc. Schisme. On lit : le cisnw de l'Eglise, dans la Salade, fol. 39, V col. 2 (9).

Le cisme grant fait contre l'Evangile.

Eust. Descli. Po.'S. IISS fol. 389, col. 4.

Cismes. Il faut peut-être lire cis mes, dans le passage suivant. Cis y seroit mis pour escis, rude, contraire, el mes pour m'esl. Celle conjecture nous paroil d'autant plus vraisemblable que cismes y est employé comme synonyme de recuis, qui semble

(1) 'Voyez aussi éd. Henscliel, t. Il, p. 3(35, col. I. (N. E.)

(2) Dans le Miroir du Mariage qui a été publié, on lit encore (p. 41) : « Cijrop leur fault ou lectuaire. » (N. E.)

(3) On a ce sens dans un registre de la Ch. des Comptes (an. 1330 ; Du Cange, II, 36(5, col. 1) : « Que li ouvrier puissent faire demi marc de cizaille. » (N. E.)

(4) Dans un Gloss. lat. du f. S. Germ., on lit ; « Forpex, cisailles ; forpicula, petite cisaille. » (n. e.)

(5) « Le suppliant scisailla lesdittes pièces de monnoye. » (JJ. 180, p. 153, an. 1450.) N. E.)

(6) ic Tant ont minez souz terre, chascuns à son cisel , Que des murs de Coloigne ont trait maint grant carrel. » (Sax., IX.) (N. E.)

(7) On nommait ainsi les traits d'arbalète ; « L'arbaleste bandée et ung traict dessus ferré d'un fer, appelle ciseau. » (JJ. 190, p. 116, an. 1460.) « Le suppliant print ung cyseau ou raiUon, et le mist sur son arbalestre. » (JJ. 205, p. 192, an. 1478.) « Lequel arbalestrier lascha son trait, qui estoit ung sizeaul, et tellement qu'il blessa le suppliant. » (,tj. 199, p. 557, an. 1464.) (N. E.)

(8) » Celtis, instruraentum ferrerum aptura ad scalpendum, cisel gallice. » (Du Cange, II. 269, col. 3.) (n. e.)

(9) Cette forme est dans la Chron, des ducs de Normandie et aussi dans Froissart (XIV, 82) ; « Et eurent entre eulx très-grant espérance que le cisme de l'Eglise se concluroit et fauldroit. » (N. e.)

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signifier revèdie, endurci. Il s'agitd'une femme qui dit. en se plaignant de la jalousie de son mari :

Compaigne, je ne puis ;

Il ne siet toz jois à l'uis.

Si je vois à la fenestre,

Tant cisnws, et recuis (1),

Que je ni ose mes (jamais) être.

Jehan Erars, Poés. MSS. av. 1300, T. II, p. 670.

(Voyez Escis et Reclis ci-après.)

Cisneaus, subsl. masc. jilur. Petits du cygne. I)iminulif de cy2:ne, qu'on écrit cisne, dans les Ciians. MSS. du C" de Tliibaut, p. 83.

Cisoire, subut. fém. Gros ciseau. On l'a dit particulièrement des ciseaux dont se servent les ouvriers de monnoie. (Ord. T. II, p. 317.) Ou disoit aussi cisailles. (Voyez ce mot.)

variantes : CISOIRE. Oudin, Dict. CizoïRE. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 317.

Cistals, subst. Cristal. ;Marbodus, col. 1642. Lisez cristals.)

Cisterne, subst. fém. Réservoir d'eau, souter- rain. Ce mot subsiste, même sous les deux ortho- graphes. Il semble qu'on l'ait pris quelquefois pour simple souterrain, caverne.

N'i aura bois si fort ramé,

Roce, montagne, ne citerne.

Ne lieu qui conforte et ecouverne Besie...

Froiss'Jrl, Pocs. MSS. p. 1"8. col. 1.

(Voy. aussi Ibid. p. 179.) « Garder puis ne cis- « terne » semble signifier ne rien réserver, dans G. Guiarl, ms. fol. 1 '■A.

On a dit proverbialement :

D'estan sui devenus cisterne.

Eusl. Desch. MSS. fol. i46, col. 2.

Nous disons dans le même sens, d'évêque devenir meunier.

VARIANTES :

CISTERNE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 446, col. 2 (2). Citerne. Orthographe subsistante.

Cisternin, aclj. De citerne. (Voyez Cotgrave, Dict.) Ou a dit enu cisternine, en ce sens. (Voyez Epith. de M. delà Porte.)

Cistiaux, )iom rie lieu. Cisteaux. >■ L'ordene de « cistiaus. » On disoit aussi : « L'ordre de Citial. »

VARIANTES : CISTI.\US. Duchesne, Gén de Bélh. Préf. p. 109. CiTiAL. Pérard, Hist. de Bourg, p. 474.

CJstitîiires. ' Paix, et concorde fut faite entre

« l'empereur Zabulon, un roy des .Sarrazins, el « Grimouai t, le duc de Bonnivent, par telle condic- " lion , que les cistitaires fussent en sa subjec- tion (3). » (Chron. S' Denis, T. I.)

Cistre. [Intercalez Cistre, cidre : « Ung gallon, " qui sont deux potz de cistre. » (JJ. 180, p. 136, an. I ÎÔO.)] (n. e.)

Citable, arij. Probable. On disoit faire une chose citable, pour la prouver.

Droiz dit, et je 1' ferai citable Que. puis c'on est assis à table, C'on ne doit mie trop parler, S'en dit chose qui n'est metable.

Fabl. MSS. du R. n- 7218, T. 1, fol. 100, H- col. 2.

Citacion, subst. fém. Citation, assignation.

Paisibles soit, sanz mouvoir guerre, Citacion (4), contempt, riote.

Eu3t. Desch. Po.'s. MSS. fol. 557, col. 4.

Citadelle, subst. fém. Ce mot subsiste. Nous i-eniarquerons que Brantôme l'a confondu avec ceux de bastille, de forteresse et de blocus (5). (Cap. Fr. T. IV, p. 317.)

Citadin, subst. masc. Habitant d'une cité*. Habitant^. Citain,Cn\ns S. Bernard, répond au latin cives.

* Sur le premier sens, qui est le sens propre, et celui dont on s'est servi d'ordinaire, voyez r.\mant ressusc. p. 12 et p. 31 ; Percef. Vol. IV, fol. 3 (6), et J. Cbarl. Hist. de Charles VII, p. 273(7). « Duc est la » p.'cniiere dignité, puis comte, puis vicomte, puis » bnoii, puis chastelain , puis vavasseur, puis « fL'rt^'H(8),elpuis villain. « (Citation rapportée par l'éditeur des Ord. T. I, p. 271.)

°0n a pris le mot de citadin, dans un sens plus vague, lorsqu'on l'a employé pour habitant en général ; mais c'est seulement en langage poétique et figuré, comme en ce passage :

Aussi tost il revole

Devers les demi Dieux citadins de son pôle.

Giles Dur. à la suite de Bounef. p. 214.

VARIANTES : CITADIN. Mém. du Bell. \\v. X, fol. 308, V». CiTAiEN. Contin. de G. de Tyr, .Martène, T. V, col. 004. CiTAEN. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 271. CiTAiN (9). S. Bern. Serin, fr. MSS. p. 05.

Citadinage, subst. masc. Droit de bourgeoisie. <> De l'habitanage. Qui vouldra estre receu habi- » tant de la ville d'Arles, sera tenu employer en " fonds et possessions la tierce parte de ses « biens meubles dans six mois, et y demeurer et

(Ij Lisez ; « Tant cil en est recuis » (.fin, madré), (n. e.)

(2) Cette orthographe est déjà dans les Rois, 42 : « Et 11 alquant se musclèrent en fosses , e en rochiers , e en risternes. » (n. e.)

(3) M. Paulin Paris (t. II, p. 150) imprime : « Paix et concorde fut faitte entre l'empereur et Abulas roy des Sarrasins , et entre lui et Grimoart le duc de Bunivent ; par telle condition que lui el au terre feussent en sa subjection. » (n. e.)

(4) On lit aussi dans Bercheure (fol. 54. verso) : « Un tribun a cité Ceson devant le peuple ; laquelle citation... » (N. E.) (.5) On lit dans Leroux de Lincy (.II, 163): « C'est par la pioche et par la pelle qu'on bastit et qu'on renverse les

citudetics. » On cita ce proverbe, lorsqu'en 1578 don Juan d'Autriche fit saper les murailles de Philippeville. (N. E.)

(0) Voici le passage de Perceforest : « Les nobles hommes, citadin.i, mechaniques , gens de labeur et de toute condition. » (N. E.)

(7) «. En ceste gallée estoient entre autres des citadins vénitiens de C. P. » (n. e.)

(8) Citadin vient de l'italien cUtadino ; ci'aen, comme citoyen, a été f.iit sur cinladantis et remonte au xii" siècle : « Des cilehains de Lundres fui nés en cel estage. » (Thomas de Cantorbéry, 87.) Il en est de même pour citaitt. (N. E.)

(Ot On lit citaain, cttecin dans la Chr. des ducs de Normandie, (x." E.)

CI

33

CI

« faire séjour durant cinquante ans, aultremenent » sera ci'en, et réputé pour citoyen, nonobstant son « act, et lettres de citadinage. » (Citai, de Du Gange, au mot Cltadanagium (1).)

Cité, subst. fém Cileit, dans S. Bernard, répond au latin civifas. Ce mot, qui subsiste, désigne « une ville il aévéché, à la différence des autres « villes qui étoient appellées castra , dans la « moyenne latinité. » (Laur. Gloss. du Dr. fr. Voy. Ord. T. II, p. 170.) Nous trouvons les mots de ville et cité, mis en opposition comme villa et civitas. (Voy. les Preuv. de l'Hisl. de Beau vais, par un Bénédictin, p. 279, tit. de \ 182.)

On distinguoit cité, de bonne ville. « Assaillit le « roy d'Angleterre, tant en une saison, et un jour, « tant ses gens, comme luy, trois cités en Brelaigne, " et une bonne ville. » (Froissart, livre I, page 113.) On opposoit aussi le mot cité, à platle ville et à ville champêtre, {\m semblent signifier bourg, vil- lage. L'empereur, quiétoit venu en France en 1377, reçut t'i son passage, lorsqu'il s'en retourna, " des « presens en cbascun lieu, aussy bien es plates « villes, comme es cite%. » (Chron. Fr. ms. de N'an- gis, sous l'an 1377.)

Pou veulent estre en une ville Champestre, paslestillp ; Elles désirent les cile~, Les doulz mos a eulx recitez, Festes, marchiez et le théâtre.

Eust. Desch. Pocs. IISS. fol. 528, col. 4.

Le nom de cité s'est conservé, dans plusieurs villes, pour désigner l'emplacement d'une ville, dans sa première origne (2). (Voyez Valois, Notice, préf. p. 1 i, et Valesiana, p. 57.) « Ceulx de la ville « reçoivent l'aygoutde la cité. » (Tbaum. Coût, de Berry, p. 278.) Ou Wi commissaires de la cité, dans le Coût. Gén. T. Il, p. 978. (Vov. Mém. deComines, T. I, p. 394.) (3)

On a dit cit pour cité.

De la cit de Jherusalem (4).

Ph. Mouskes. MS. p. 2C3.

VARIANTES '. CITÉ. Orth. subsist. Chité. Borel, Dict., U" add. Cit. Ph. Mouskes, MS. p. 263. CiTEiT. S. Bern. S. fr. MSS. p. 18, et passim (5).

Citeinent, Si</)S^ viasc. Assignation, ajourne- ment. (Voyez Style de procéder, au Parlement de Normandie, fol. 82.)

Citer, verbe. Ce mot subsiste, mais on ne dit

plus, au figuré, citer de la vie, pour faire quitter la vie, tuer. (Voyez Rom. de Brut.) On y lit, cita (6) de vie, au lieu de laissa de vie qu'on trouve dans ces vers :

Au temps cestui fist Romulus La cité de Rome, et Remus ; Frères furent, mais par envie, Laissa li uns l'autre de vie.

Rom. do Brut. MS. fol. 10, V" col. t.

Cithare (7), sabst. fem. Guitare.

VARIANTES : CITHARE. Strapar. Nuits, T. I, p. 228. Cytarre. L'Amant ressusc. p. 203.

Cithariser, verbe, .louer de la guitare. Du mot cithare ci-dessus.

Vous Orpheus, tant bien cilliarizaut, Que les enfers endormez par vos sons.

J. d'Aulon, Annal, de Louis XII, fol. i31, V".

VARIANTES : CITHARISER. .T. d'Aut. Ann. de Louis .\II, fol. 131, V». Cytharizer. Fouilloux, Vénerie, fol. 87, R». Cythariser. Cotgrave, Dict.

Citoal, snbst. masc. Racine aromatique.

Si i croissoit espic.es chières, Petre, et gingenbie, et garingal, Clos de girofle, et ciloal (8).

Blanch. MS. de S. Genn. fol. 184, R" col. 3.

On trouve « fleur de canelle, citonal, garingal, « etc. » (Ord. T. II, p. 320.) Citonal, en ce 'passage, ellittoval, dans le Gloss. de l'IIist. de Paris, sem- blent deux fautes. Je crois qu'on doit lire citonal.

Cette même racine est aussi nommée zédoaire. (Voy. ce mot et ses orthographes.)

VARIANTES : CITOAL. Blanch. MS. de S. G. 184, col. 2 CiTOAX. Fabl. MSS. de S. G. 49, col. 2. CiTOUART. Du Cange, Gloss. lat. au mot Zedoaria. KiTou.\L. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1367. CiTOAUT. Fabl. MSS. du R. 7218, foi. 141, IV> col. 2. Citonal. Ord. T. II, p. 320. LiTTOVAL. Gloss de l'Hist. de Paris. Citouade, s. f. Estrub. Fabl. MSS. du R. 7996, p. 05.

Cito, Cito, Clto. Ce mol latin répété trois fois étoit un cri usité pour demander du secours. Nous le trouvons dans les Mém. de Villeroy, T. VII, p. 3i8. On diroit aujourd'hui : vite, vite, vite.

Citole, subst. musc. Joueur de harpe. Joueur de citole ou d'orgues, suivant le Gl. du P. Labbe (9).

VARIANTES : CITOLE. Gloss. du P. Labbe. CiTOLER. Rester, du Paon.

(1) Traduction abrégée de l'art. 89 des statuts d'Arles (1616). (N. E.)

(2) La cité de Carcassonne ; Paris se divisait autrefois en cité (l'île est Notre-Dame), ville et université, (n. e.)

(3) (I Requist au dit ambassadeur qu'ilz lui fissent faire ouverture par le dit de Cordes de la cité d'Arras ; car lors il y avoit murailles entre la ville et la cité, et portes fermans contre la dite cité ; et maintenant on a l'opposite, car la cité ferme contre la ville. » (N. E.)

(4) On lit dans Roncisvals (p. 165) : « Il fu Normant, de la cit de Costance. » (N. E.)

(5) On lit dans la Chanson de Roland (v. 5) : « Murs ne citez n'i est remés à fraindre. » (N. E.)

(6) Ce doit être une faute de lecture, car citer ne se trouve pas avant Bercheure (fol. 63, verso) : « Quand il veirent que li père citez ne venoient pas en sénat. » Auparavant on aurait plutôt employé clamer, (n. e.)

(7) Cithare, dist Oresme, ce est cythole. (N. e.)

(8) Voyez cliitoual. On a le pluriel dans Flore et Blanchefleur (v. 381) : « Et tant doucement li flalroit Qu'encens ne boins cilonaiis Ne girofles, ne garingaus, A celé odour rien ne prisoit. » (N. e.)

(9) On disait plutôt cijtliolour(D\i Cange, II, 368, col. 1) : « Nérons en chanz s'entendoit, si que touz les eiit/iolours et les autres jugleours par chanter sourmontast. » (N. e.)

IV. 5

Cl

3.i

CI

Citole, siibst. fém- Instrument de musique. Borel, que le Dict. de Corneille a copié, croit que ce mol vient de Ciihara.

Le poëte de Thiace, o sa cistoUe,

Fisl ceulx d'enfer mouvoir à la caroUe.

Thcodolus, MS. do la Bibl. de S' Gerra. n' 2287, fol. 1.".3.

Oui le roy de France à celé erre

Envelopa si de paroles,

Plus douces que sons de citoles.

G. Guiart, un. 1214. cilé par Du Canf^e, au mot Citola.

Un hourdeur faisant des reproches à un autre, sur son ignorance, lui dit :

Sez tu nule riens de cilole, Ne de viele, ne de gigue : Tu ne sez vaillant une figue.

Fabl. MSS de S. G. fol. 70, P." col. 1.

VARIANTES : CITOLE. Rom. de la Rose. CisTOLE. Du Cange, au mot Citola.

Citoler, verbe. Jouer delà cilole.

Si comens à citoler. Et lis l'oiselet chanter.

Poës. MSS. avant 4300, T. IV, p. 1505.

Citoyen, siihst. masc. Citoyen, bourgeois. Ce nom subsiste sous sa première orthographe. Borel écrit // citiens (1).

On appeloil autrefois, proprement citoyen, les bourgeois ou habilans des villes, par opposition aux gentilshommes et aux paysans. « Il tlst une « convocation, par acoid des genlilz, des cytoyens, •< el des viUains. » (Percef. Vol. Il, fol. 148.) Nous disons encore bourgeois en ce sens. On nomme aussi les bourgeois de Lyon, ceux qui y ont droit de bourgeoisie, citoyens, par opposition à ceux qui ne sont qu'habitans. (Bout. Som. Rur. note, p. 797. Voy. Citadin el ses orthographes.)

VARIANTES : CITOYEN. Orth. subsist. Cytoyen. Percef. Vol. II, fol. 143, col. 2. CiTicEN. Borel, Dict.

Citoyen, adj. Civil. On disoit autrefois, droit citoyen, citayon, citeian (2), par opposition au droit canon, comme nous disons droit civil. (Voyez les cilations sur les orthographes de ce mol.)

VARIANTES : CITOYEN. Gloss. sur les Coût, de Beauv. Citayon. Chron. fr. MS. deNangis, an 1301. Cyteian. Ibid. an 1-297.

Citre, sitbst. masc. Cidre (3). .< Froment, vin, " citre, ou pommade (pommé), etc. » (Coût. Gén. T. II, p. 703 (4). Voy. Des Ace. Escr. Dijon, prolog. p. 3.) On lit, dans le Testament de Palhelin, p. 121 :

Je ne vueil citre, ne peré : Bien au vin je me passeray.

Citrin, udj. De citron. (Diclionn. de Nicot et de Cotgrave.) •> Ceste couleur est de trois genres, la " première est jaune, moyenne couleur; la seconde « est plusclere, el est covûeur citrineÇ}), que nous « disons jaune pale ; la tierce punicée, et Iroict sur « le rouge, est ce que nous disons jaune orangé. » (Sicile, Blas. des couleurs, p. 2G.) variantes :

CITRI.N'.

CiTiuNE. Epitliète de la pierre appelée jacinthe (Marbodus colonne 1650.)

Citi'inité, suljst. fém. Couleur de citron. « La " blancheur de l'esmeul (fiente ou vomisseiuentj .< qui tire à citrinilé, et la multiplication d'humidité u signifie indigestion. (Artel. de Faucon, fol. 94.;

Citrulle, subst. /"em. (6) Citrouille. (Dict. de Cot- grave el de Nicol.)

Ciutad, subst. fém. Cité. Mot provençal (7). (Dict. étym. de Ménage )

Civade, subst. fém Avoine (8). (Voyez Cellhell. de L. Trippaull. Du Cange, au mot Cevata, et le Dict. de Ménage.) Civada, Cibado, Sibado sont du patois toulousain.

VARIANTES : CIVADE. Cotgrave, Du Cange, au mot Cevata. Cyvade.

SiVADE. Du Cange, au mot Sivada. CiVADA, Ciu.^DE, CiBADo, SiBADO. Id. ibid. au mot Cevata.

Civadiei", subst. masc. Sorte de mesure. On dislinguoit la charge, le cestier, la cartiere et le civadier. (Tilre de 15(34, cité par Du Cange, au mot Quarteria'2.)

Ci va la la dureté. C'étoit le refrain d'une chanson, dont les vers suivans nous fournisseni un exemple :

aveuc sa musete,

0 ! se voit notant par copiaus, Ci va la la duri douriaus, Ci va la la dureté.

Poês. MSS. Vat. n- U90, fol. 110, R'.

Civare. [Intercalez Civare dans l'expression faire de civdre, se vanter. « Faut-il tant faire de « fattras de ce mouton [monnaie]'^ .J'en ai autres... « qui sont aussi bons comme le vostre... A que tu « en faiz de civare de ton or ! il n'en fault point « tant parler. » (JJ. 171, p. 224, an. 1420.)] (n. e.)

Civaiix, subst. masc. plur. Nous trouvons ce mot employé dans les vers suivans :

Grant joie font borjoiz, et autre gent menue; Niez lez légieres famés, les vieilles, les chanues : 0 bastons, o ciraïuc, o barres, o machues Toutes eschevelées vont cherchant par les rues.

Rom. de Rou, MS. p. 73 et 74.

(1) On lit au Livre de Justice et de Plait (65) : a Li cilien des villes ne deivent issir hors de la cité par aUors que par les portes. » (N. E.)

(2) « Renonçons... à toutes deffenses de fait et de droit canon ou (.'idiiyfifi , qui porroient estre dittes (p. de 1301, Du Cange, II, 309, col. 3). On lit encore cisteijaux au t. V des Ord. (p. 381, a'n. 1324). (n. e.)

(3) Dans 0. de Serres, c'est une espèce de citrouille : « Le citre est une autre espèce de citrouille qu'on esleve principalement pour la graine servant en médecine, et sa chair pour viande aux pourceaux... elle est noire (547. » (N. e.)

(4) Dans la Coutume de Labourd (tit. 7, art. 9) ; « Cilrc vulgairement dit pomade. » (N. E.)

(5) Un traité d'Alchimie, du xiv= siècle (424), écrit : « Que l'or meurisse en couleur citrine. » (N. e.)

(6) On lit dans Alebrant (.fol. 57) ; « Citroles sont froides plus que concombre. » (n. e.)

(7) Le provençal et le catalan ont ciutat (La Ciotat); l'Espagnol a ciudad. (n. e.)

(8) L'élymologie est le latin cibare, alimenter, (n. e.)

Cl

35

CI

Civé, subst. masc. (1) C'étoil une sorte de ragoût fait avec des cives ou ciboules, selon Oudin. Selon Monet, c'étoit « une sausse de pain rùli sur la « braise, trempé au vin et à l'eau, assaisonné « d'épices, et autres ingrediens. » (Dict. de Monet.) 11 est mention de c/t't; dans Bat. de Guar. ms. de S. G. fol. Gt ; Poës. mss. d'Eust.Descli. fol. 483 (2). Nous disons encore un civé de lièvre, pour un ragoût de lièvre.

On disoit : sans faire long civé, pour sans faire de longs discours :

Or y avoit un gros seigneur notable... Faifeu Talloit bien fort souvent esbattre, Et pour certain, sans faire long civé, A la maison il éloit fort privé.

Légendf de maistre Pierre, Faifou, eh. XXII, page 58.

On désignoit une chose de peu de conséquence par cette expression vulgaire : voila un gros civé. (Oudin, Curios. franc..)

VARIANTES (3) 1 CIVÉ. Orth. subsistante. Cyvê. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 214, col. 2. SivÉ. Oudin, Nicot, Dict.

Civelle, subst féni. Lescivelles de cuir, suivant le Gloss. de l'IIist. de Bretagne, servoieni « à faire la « contresangie, ou surfais de la selle » . 11 indique ce passage: « Sera ma dite selle garaiedecontrecengle, « de civelles de cuir, cousus de fil, et aiguille, et de « cuir, etattacliez oclouds,garnisde anneaux, etc. » (Preuv. de rilist. de Bretagne, T. II, p. 075.)

Civerage, subst. masc. Droit seigneurial. « En « Dauphiiié, c'est un droit d'avenage, ou payable « en avoines, qui est communément aux sei- « gneurs, pour les usages qu'ils ont concédez aux '■• îiabilans de leurs terres. » (Laur. Gloss. du Dr. fr. Voyez Du Gange, au mol Civeragiuin.) Le Dict. univ. dit que quelques auteurs écv'weni cinérage ; c'est une faute : civerage vient de civade, avoine.

Civette, subst. fém. Nom propre de ville. On a donné ce nom à la ville que les Italiens nomment Civita Vecchia. ■■ Vinrent arriver près de P.ome, à " un port de mer nommé Civilta Vecchia, autrement <■ Civette, ou cité la vieille. » ^Berry, Ghron. 1402.)

Civette, adj. Parfumé. Proprement, qui a l'odeur de la civelle. C'est en ce sens que ce mot est employé comme épithèle de gands, dans les Epith. de M. de La Porte.

Civettien, adj. De civette. Oui tient de la civette. (Dict. de Cotgrave.) Ce mol est mis pour épithèle d'odeur, dans les Epith. de M. de La Porte.

Civeiis, adj. Ce mot est dérivé du substantif cive, oignon. Brouet civeus est un bouillon à l'oi- gnon. (Epith. de M. de La Porte.)

Civière, subst. fém. Brancard pour porter ou rouler des fardeaux. Nous sommes obligés de nous servir de cette périphrase pour désigner la double signification que nos pères donnoient au mol civière. Us entendoienl par ce mot non-seulement l'espèce de brancard que nous appelons encore civière (i), mais celui que nous nommons brouette. Ainsi, dit-on civière rouleresse, ou à bras, dans le Moyen de Parvenir,, p. 338. Labbe, dans son Gloss. explique le mot civière par brochete, qu'il faut lire brouette, en latin traha (5). (Voyez Du Gange, aux mots Tragula, Ccenovclium, Cehovexia et Cenovec- torium.)

Comme la civièi'e étoit employée au plus bas usage el par les gens du plus bas état, on disoit : Cerit ans bannière, cent ans civière, pour exprimer les révolutions que les plus nohles familles éprou- vent. (Menestr. Orn. des ."Vrm. p. 420.) (G)

C'est à ce proverbe que Grelin fait allusion dans les vers suivans, oîi il parle des di'^astres de la France el oppose la civière à la bannière :

nobles efCeminez

Qui porteront, par estranges manières, En leurs manoirs, civières pour ba»ieres (7), Dégénérans des insignes vertus Dont leurs ayeulx jadis furent vestuz.

Crétin, page 144.

On a dit dans le même sens : lignaige à civière, pour basse extraction. On lit dans le fabliau du Mercier :

J'ai fil d'argent à raazelin.

Et d'archal à ceux de manières,

Oui sont de lignaige à civières.

Fabl. MSS. de S. G. fol. 43, R- col. 1.

C'est au mol civière, pris dans ce dernier sens, que Du Gange croit qu'il faut rapporter le miles civeralis, que l'on trouve dans l'IIist. des Arche- vêques de Brème :

Erat Dacus nobilis, sanguine regalis Ex niatre ; sed genitor miles civeralis.

C'est-à-dire chevalier du dernier ordre. (Du Gange, Dissert, sur .loinv. p. 19i.) (8) 11 y avoit un jeu qu'on i)ommo\\,jeii de la civière :

Dy moy comment s'en va le monde : II' se tourne en figure ronde, Tout environ ensi se tourne, Et plus encor qui se beslourne. Et qui va ce devant derrière ; Comme le Jeu de la civière (9).

Rom. de Fauvel, MSS. du R. fol. 52.

(1) L'étymologie est cœpatum, de c(rpu, cive, mot à mot, plat h l'oignon. (N. E.)

(2) « Fortes sausses, oingnons ne aulx, Civés aguz, poivre ne graigne Ne usez, Car trop font mal et paivre. » (n. e.)

(3) On lit aux Fabliaux du xiii' siècle (Barbazan, IV, 88) : « Lièvres et connins au civé. » (N. E.)

(4) « Et buvons tant de vins, parmi no cherveliere, Qu'il nous convient porter dormir à la chiviere. » (Baud. de Seb., I, 897.) (N. E.)

(5) « Un laquais, qui roulle une civière et une malle verte dessus. » (D'Aubigné, Fcencste, IV, 13.) (N. E.)

(6) Ce proverbe était fort usité en Bourgogne. (Glossaire des Noëls Bourguignons, p. Lamonnoye, p. 44.) (N. E.)

(7) « Il y a un vieil proverbe françois qui dit. eu cent ans bannière, en cent ans civière : qui a esté inventé pour signifier, chacune chose avoir son accroissement et sa déclinaison. » (Lanoue, 225.) (n. e.)

(8) Edition Henschel, t. VII, partie II, p. 40, col. 2. (N. E.)

(9) On Ut encore aux Choses qui taillent en Ménage cxiii* siècle) : « C'est coin le jeu de la civière, L'un va devant, l'autre derrière, C'en est l'usage. » (n. e.)